Des femmes de ménage portant sur la tête la bouteille de gaz vide, des charretiers profiteurs à la recherche des dernières bonbonnes sur le marché ou encore des queues de consommateurs dont les « foyers » de cuisine n’est plus ardent depuis plusieurs jours déjà. L’image est tellement devenue banale que la pénurie de gaz dans laquelle le Sénégal est encore plongé semble s’inscrire dans l’ordre normal des choses. De Rebeuss à Grand-Yoff en passant par la Médina et Liberté 6, le calvaire des ménages est visible à travers les scènes d’attroupements peu reluisantes au niveau des grands points de distribution de butane. Rien de surprenant ! Parce que là où l’ancien régime positionnait deux tankers de 4000 tonnes de gaz chacun, pour parvenir à un équilibre précaire entre la consommation mensuelle des ménages sénégalais en gaz et l’obligatoire stock de sécurité nationale en combustible, les tenants actuels de la chose publique se glorifiaient au début du mois d’avoir réglé le problème avec le déchargement d’un butanier de 800 tonnes seulement de butane. Aujourd’hui, la conséquence est là : le pays est contraint de revivre une pénurie devenue désormais, chronique. Selon le secrétaire général du Syndicat national des travailleurs du pétrole et du gaz du Sénégal, Abdourahmane Cissokho que nous avons appelé, il est claire qu’il ne reste plus de gaz dans les cuves des sociétés emplisseurs qui ont du augmenter la quantité de leur offre durant les jours ayant succédés à la pénurie enregistrée en fin février pour combler le vide sur le marché.
L’ETAT DOIT 12 MILLIARDS A LA SAR. Pour M. Cissokho, « la responsabilité de l’Etat, du gouvernement est désormais engagée dans la répétition de la pénurie de gaz qui asphyxie les ménages sénégalais », dès lors que « le ministre de l’énergie, Aly Ngouille Ndiaye, a publiquement reconnu que la pénurie est liée à un problème de trésorerie.» Selon certaines informations concordantes, ce sont les 15 milliards que l’Etat doit à la Sar (Société africaine de raffinage) à titre de subvention depuis 2012, qui est à l’origine de cette pénurie chronique. Parce que, il faut le dire, la Sar doit aussi beaucoup d’argent à son principal fournisseur, Itoc (International Trading Oil and Commodities), coaché par un certainBaba Diao. Un conseiller du président de la République qui, à mainte reprises, à su sauver la face, pour que le pays ne sombre pas définitivement dans une crise énergétique sans issue. Le hic aujourd’hui, c’est que les fournisseurs de Itoc commencent, eux aussi, à perdre patience. Parce qu’ils ont, selon des sources qui connaîssent les relations d’affaire Sar-Itoc, ces derniers sont également aculés par leurs banques.