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Entretien avec Abdoul Mbaye, Premier ministre : «La Senelec doit faire la peuve de son efficacité»


Entretien avec Abdoul Mbaye, Premier ministre : «La Senelec doit faire la peuve de son efficacité»
- Sa visite du 27 au 30 novembre 2012 en Turquie aura eu une allure de  marathon. Menée au pas de charge aussi bien à Ankara qu’à Istanbul, elle n’a laissé pratiquement aucun répit au Premier ministre Abdoul Mbaye. C’est donc entre deux vols d’avion que nous avons pu lui arracher cet entretien dans lequel il dresse le bilan de sa première visite officielle, et justifie son choix de la Turquie.
Vous avez semblé rompre d’avec une tradition. Généra­le­ment quand les Premiers ministres sénégalais font leur première sortie officielle, ils la consacrent à la France ou à un pays occidental. Vous, vous avez consacré votre première visite à la Turquie, pourtant assez éloignée du Sénégal. Qu’est-ce qui justifie ce choix ?
D’abord, il rappeler que, face à l’importance des besoins du Sénégal en matière de financement, de coopération, face également au besoin d’avoir des modèles, d’identifier des chemins, les routes pouvant conduire au développement économique pour le mieux-être des populations, c’est le vœu du président de la République de diversifier les relations économiques de notre pays en allant au-delà de ce qui, jusque-là, apparaît com­­me traditionnel. Nous recevons beaucoup de la France, de l’Union eu­ropéenne, des Etats-Unis. La Turquie est un pays qui a connu, ces dernières années, un très fort taux de développement grâce à une politique économique avisée et, à ce titre, son modèle peut servir le Sénégal. Il s’agit d’un pays qui a décidé d’accorder un intérêt particulier à l’Afrique en général, et au Sénégal notamment. La Tur­quie a ouvert, au Sénégal, sa première ambassade dans le continent africain et il y a des liens particuliers qui se sont noués entre ces deux pays. Il y a des choix, des approches fondamentales qui nous rapprochent et d’ailleurs des situations de fait : la religion musulmane et surtout le choix de la laïcité et la tolérance vis-à-vis des autres religions, le choix de la démocratie. S’y ajoute que le Sénégal est perçu comme un pays stable,  sûr, et qui peut donc servir de base pour le projet africain de la Turquie.
Vous avez visité certaines infras­tructures et certains lieux symboliques du développement de ce pays. A quels aspects pensez-vous, dont le Sénégal pourrait s’inspirer de la Turquie ?
Je voudrais insister sur un fait : nous avons donné à notre mission deux volets principaux, parce que nous pensons que ce sont les deux voies à adopter simultanément pour assurer un développement rapide de notre coopération, qui est très loin de son véritable potentiel. Il y a eu un aspect politique, puisque c’était une visite officielle. C’est à ce titre que j’ai rencontré le président Abdullah Gül, le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan, le président de l’Assemblée nationale. Nous avons évoqué les aspects de superstructures, c’est-à-dire le cadre légal, y compris culturel d’ailleurs, dans lequel les relations commerciales et économiques entre le Sénégal et la Turquie vont se développer. Le second volet a été réservé à l’économie pure, et nous pensons que la coopération entre le Sénégal et la Turquie doit être, une fois le cadre défini, véritablement portée par des secteurs économiques, les hommes d’affaires et les opérateurs privés des deux pays. C’est pourquoi j’ai été accompagné par des hommes d’affaires sénégalais. Nous avons rencontré une imposante délégation d’hommes d’affaires turcs, conduite par le président de la grande organisation patronale de la Turquie, qui s’appelle la Tuskon. De ce pays, analysant ses performances économiques, je retiens qu’il a d’abord compté sur sa demande intérieure. C’est vrai qu’il a su très vite compter sur le marché européen. Aujourd’hui, au-delà de ce marché, la Turquie est très orientée vers les marchés émergents comme l’Inde ou les pays du Moyen-Orient. Toutefois, le développement à la base a reposé sur l’agriculture, la promotion des Pme, les services, les transports aériens. Et cela rejoint les options fortes prises par le Président Macky Sall dans son programme Yoonu Yokkute, qui doit porter de­main le développement du Séné­gal, et qui est déjà engagé d’ailleurs.
Lors de la rencontre avec les hommes d’affaires de la Tur­quie, un des chefs d’entreprises turcs a évoqué une question fondamentale qui intéresse d’ailleurs les Sénégalais : l’E­ner­gie. Pensez-vous que le modèle de la Turquie en matière de ré­solution de la question de l’énergie puisse s’adapter au contexte sénégalais ?
Mais c’est déjà presque le choix que nous avons pris, sauf que manifestement,  il est plus libre ici. Le degré de liberté donné aux opérateurs privés en matière de production d’énergie et de distribution est plus élevé. Nous retrouvons également, à ce niveau-là,- autre priorité du programme du Président Macky Sall- de fortes similitudes avec les options prises.  Vous savez que c’est le ministre de l’Energie qui, le premier, a présenté sa lettre de politique sectorielle en Conseil des ministres, et le futur énergétique du Sénégal vise, non seulement le développement de la production, qui va reposer en grande partie sur du partenariat Pu­blic­/Privé, mais également le mixte énergétique, qui doit viser non seulement à apporter la sécurité énergétique par les énergies renouvelables. Ce mixte énergétique doit permettre également de baisser le coût moyen du kilowatt/heure, parce qu’au Sénégal, il est quand même élevé du fait que l’on produit essentiellement de l’énergie thermique. Donc le recours au gaz, à l’hydroélectricité, le partage de l’électricité avec les pays voisins sont autant de facteurs qui doivent aller dans le sens du mixte énergétique qui a été également développé en Tur­quie.
Peut-on alors se préparer dans ce cas-là, à une privatisation de la Senelec ?
Je pense personnellement, qu’il est trop tôt pour engager de tels débats. Ce qui est d’abord demandé à la Senelec, c’est de faire la preuve de son efficacité. Il est difficile d’engager des réformes par principe. La Senelec doit faire la preuve de son effica­cité, qui doit se traduire par la bonne maintenance du parc de production d’énergie, pour qu’il y ait un taux de disponibilité élevé. Il y a également l’aspect «coût», puisque la Senelec produit, revend et ajoute une marge que subissent le consommateur sénégalais et l’entreprise. Il faut que son efficacité se traduise aussi à ce niveau. On peut, à ce niveau-là, se permettre de faire la comparaison avec la Sonatel. L’efficacité doit même pouvoir se traduire par des baisses régulières du coût du kilowatt/heure. C’est, à ce moment-là, que l’appréciation pourra être portée. Le ministère de l’Energie est, par contre, en train de réfléchir sur le dispositif institutionnel optimal ; mais pour l’instant, voilà ce qui est demandé à la Senelec : «Faites la preuve de votre efficacité au profit de l’Economie sénégalaise et du con­som­mateur sénégalais !»
Il y a une absence notable de bidonvilles aussi bien à Ankara qu’à Istanbul, puisqu’il y a beaucoup de réalisations en termes de logements sociaux. Pensez-vous que ce modèle est exportable dans notre pays et, en même temps, puisse servir pour résorber les problèmes des bidonvilles et des inondations récurrentes ?
Là vous êtes en train de toucher du doigt des manifestations du développement. Le développement, c’est quoi ? C’est l’amélioration du mode de vie. Et l’amélioration du mode de vie, c’est l’amélioration de l’habitat. Il est normal que, dans un pays à forte croissance économique, il y ait disparition de taudis et autres. Il faut dire quand même que cela va de pair avec des options politiques fortes. Là encore, on retrouve les mêmes que celles du Président Macky Sall. Ils (les Turcs) ont su faire reposer une grosse partie de leur développement économique sur la construction. Construc­tion aussi bien en Turquie qu’ailleurs. Une fois qu’ils ont développé leur expertise, ils l’ont exportée. Cette expertise dans le secteur de la construction porte sur des immeubles de grande envergure en mettant l’accent sur le logement social. A ce titre, les Turcs ont mis en œuvre des techniques et des technologies spécifiques qui permettent une production à très grande échelle.
Vous avez évoqué le cas des inondations et vous avez constaté qu’au sein de la délégation du patronat qui nous a reçus, il y avait un  spécialiste du cadastre, qui dispose de moyens technologiques intéressants permettant, par un avion survolant des zones inondées ou dépressives avec gêne en matière d’eau. Ce procédé permet de faire des photographies en trois dimensions et de ressortir exactement les espaces devant faire l’objet de restructuration. Evidemment, j’ai trouvé cela très, très intéressant et je demanderai au ministre en charge de la Res­truc­turation et de l’Aména­ge­ment des zones inondées de prendre l’attache de ce Monsieur, qui compte d’ailleurs se déplacer à Dakar bientôt pour voir, sur les aspects techniques et technologiques, comment le Sénégal pourrait bénéficier de cette expertise. Je dois dire d’ailleurs qu’avant de quitter le Sénégal, un industriel, directeur général-adjoint des Ciments du Sahel –pour ne pas le citer- avait évoqué cette technologie avec moi, comme étant le meilleur moyen d’identifier sur l’ensemble de la Presqu’île du Cap-Vert et dans d’autres villes du Sénégal, comment traiter de manière scientifique les inondations, non pas seulement en arpentant les routes des villes concernées.
Il y a eu un accord entre les autorités turques et la Rts en matière de communication. Qu’est-ce que cet accord représente pour vous ?
Quand des Peuples décident de renforcer leurs relations, ils ne peuvent faire abstraction de la relation culturelle. Cet aspect doit être pris en compte. Les Sénégalais doivent ap­prendre à mieux connaître la Turquie et les Turcs. Et les Turcs doivent mieux apprendre à connaître le Sé­1négal et les Sénégalais. C’est dans ce cadre que cet accord doit être apprécié et il revêt toute son importance.
La Turquie semble avoir compris la tendance générale que dans les prochaines années, les pays où les possibilités de croissance économique à deux chiffres seront possibles sont ceux d’Afrique. Voilà pourquoi elle se positionne par rapport à cette dynamique. Seulement, quelle doit être l’attitude des pays africains, du Sénégal en particulier face à cette dynamique ?
Je crois que l’Afrique est identifiée aujourd’hui, à cause de son grand retard, comme le continent où le potentiel de croissance est sans aucun doute le plus élevé. La Turquie le comprend donc et manifeste un nouvel intérêt pour l’Afrique, qui se traduit par la multiplication d’ambassades dans les pays africains, de missions économiques en général fortes d’ailleurs. Les autorités turques se déplacent en général avec une cinquantaine de chefs d’entreprises. C’est à l’avantage de l’Afrique, parce que ça permet de choisir son partenaire, d’aller à chaque fois vers celui qui, dans un secteur donné, dans une méthode donnée, présente les best praxis, les meilleures offres. Par contre,  je pense qu’il faut se garder du piège de la relation strictement commerciale. Ce n’est pas l’intérêt des deux parties concernées. Il faut absolument privilégier l’investissement direct, en joint-ventures entre partenaires turcs et sénégalais, qui permettrait de réaliser des Pme et même de plus grandes entreprises au Sénégal, parce que l’investissement porte le commerce. Le commerce lui, va et vient aujourd’hui avec X, demain avec Y. L’investissement permet de développer des opportunités commerciales. Comme je l’ai souvent proposé, au cours de mon séjour, des entreprises turques qui se développeront au Sénégal pourront, non seulement vendre au Sénégal, mais également exporter vers le reste de l’Afri­que et pourquoi pas vers les Etats-Unis, dans le cadre des facilités offertes par l’Agoa, -puisqu’en matière de textile, la Turquie est très forte- ou encore vers le marché européen pour tirer avantage des accords Acp.
Au total, quel bilan, tirez-vous de votre séjour en Turquie ?
Très sincèrement, un bilan globalement positif, allant dans le sens de ce que j’attendais. J’ai été mis en mission par le président de la Répu­bli­que, parce que j’hésitais un peu à sortir trop vite de Dakar, quand il m’a demandé de venir. Je suis vraiment ravi non seulement de la qualité de l’accueil, mais également mes attentes n’ont pas été déçues. J’ai trouvé des hommes ayant envie de venir en Afrique, ayant foi dans le Sénégal et étant certains que c’est le bon pays pour commencer leur aventure africaine. Nous allons maintenant es­sa­yer de transformer l’essai. Comme vous le savez, nous préparons déjà pour janvier (2013), la visite officielle du Premier ministre turc Erdogan, à Dakar. Donc, ce sont autant d’éléments qui, au-delà de l’entente politique entre les deux pays, devraient permettre de faire entrer la coopération culturelle, économique, sociale sénégalo-turque, dans une nouvelle phase.
lequotidien.sn


Mercredi 5 Décembre 2012 - 11:45





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