Entretien avec Chouhaibou El Hadji Abdou Mbacké, secrétaire de la Convergence africaine : « Abdoulaye Wade est perdu par son entêtement à vouloir mettre Karim Wade au pouvoir »

SETAL.NET - Serigne Chouhaibou El Hadji Abdou Mbacké n’est pas de ces marabouts qui dissocient politique et chapelet. Pour ce jeune guide religieux, les chefs religieux doivent prendre leur responsabilité et investir le champ politique comme l’avait fait le prophète Mouhamed (PSL). Secrétaire général de la Convergence africaine pour la réforme créée en avril 2011, Serigne Chouhaibou El Hadji Abdou Mbacké est entré en contact avec nombre de partis mais un mouvement citoyen l’a convaincu. Il s’agit de Car Léneen du professeur Amsatou Sow Sidibé. D’ailleurs, il soutient la candidature de cette dernière pour les présidentielles du 26 février prochain. Les raisons qui ont motivé un tel choix, il nous les confie dans cet entretien qu’il a accordé à votre site Setal.net. Trouvé dans son appartement huppé de Liberté 6, il a tourné en dérision le M23 dont le combat est voué à l’échec. Abdoulaye Wade et son fils en ont eu pour leur grade. S’agissant du Ndigueul qui est mis à rude épreuve ces derniers temps, le marabout pense que des petits groupes tentent de décrédibiliser les chefs religieux. « Mais le ndiguel a encore son lustre d’antan », dit-il dans cette interview que Setal.net vous suggère.


Les raisons de votre entrée en politique ?

Le spirituel et le temporel vont de paire. C’est la raison pour laquelle on a décidé d’entrer en politique pour apporter notre pierre d’autant plus qu’on a notre vision. Le prophète qui est notre référence était en même un chef d’Etat. Il faisait des alliances avec les autres confessions. Dans le coran, Dieu nous dit que c’est à nous de le représenter sur terre. En somme, nous ne pouvons pas rester les bras cotisés et laisser le pays entre de mains inexpertes. La dégradation des mœurs vient s’ajouter à ce cocktail. Et pour soigner ces fléaux, il nous revient de prendre nos responsabilités et de faire notre baptême du feu dans l’arène politique. C’est ce qui nous a poussés à créer notre parti. Et c’est le lieu de dire que nous croyons à l’Unité africaine.

Les objectifs ont-ils été atteints ?

Pas encore mais nous ne sommes pas pressés. J’y suis entré par conviction. Par conséquent, on a rencontré des couacs. Certains ont dévié du chemin sur lequel on s’était inscrit. Mais nous travaillons sur le long terme.

Réalisations de la CAR

On est à l’étape de la discussion. On n’a pas encore les moyens.

Discussions avec des partis ?

Oui mais on n’a pas encore tout ce qu’on a escompté. Ils sont nombreux à nous ouvrir leur porte mais nos discussions ont buté sur beaucoup de choses.

Pourquoi le choix d’Amsatou SOW Sidibé ?

Des similitudes. Je crois à un renouveau politique. Pour moi, d’autres hommes doivent prendre les rênes du pays dans la mesure où tous ceux qui aspirent à nous diriger ont déjà fait leur preuve. C’est fort de ce sentiment que Nous avons décidé de cheminer avec Amsatou Sow Sidibé. Elle est une femme brave qui a les mains propres. Elle respecte les droits et les libertés. Elle nous respecte. Une alliance stratégique nous lie. Notre parti, la Convergence africaine pour la réforme bat campagne pour faire de Mme Sidibé la première présidente du Sénégal.

Evaluation de la campagne ?

Elle a fait le tour du Sénégal et elle a parlé aux sénégalais. Tout ce que je peux vous dire, c’est qu’elle pourra avoir un score respectable. Quant à la victoire, c’est du ressort de Dieu. Son message est passé et ils sont nombreux à avoir été impressionnés par le professeur Amsatou Sow Sidibé.

Votre avis sur le combat que mène le M23 ?

Le combat du M23 est un fiasco. Le Pr Amsatou Sow Sidibé a très tôt compris qu’il fallait battre campagne et se démarquer de cette position du M23 qui n’a pas apporté ses fruits. Une chose qu’il faut préciser, c’est par rapport au conseil constitutionnel. Nous avons tous déposé nos dossiers de candidature au greffe du Conseil constitutionnel qui a tranché. Donc nous devons nous conformer à la décision rendue par le conseil constitutionnel. Notre combat maintenant, c’est de battre le président Wade par les urnes.

Craintes de Fraudes électorales

Mais que faire de la volonté populaire. Un chanteur arabe dit que quand un peuple décide de quelque chose, elle se réalise. L’exemple patent, c’est le 23 juin. Ce sont les sénégalais qui ont dit niet à Abdoulaye Wade et vous avez vu qu’il a fait machine arrière. Donc, faisons confiance au peuple sénégalais.

Dévolution monarchique du pouvoir

Abdoulaye Wade est perdu par son entêtement à vouloir mettre Karim Wade au pouvoir. Il a donné trop d’importance à son fils biologique au détriment des autres talents du Sénégal. On n’est plus à l’ère où le père se fait succéder par le fils. Le président l’a appris à ses dépens. Il a voulu le faire aux locales, ca n’a pas abouti. Qu’il sache que son projet de dévolution monarchique ne passera pas.

Les violences qui ont émaillés la campagne électorale

Je le condamne fermement. Le prophète des chrétiens, Jésus nous enseigne qu’il faut tout avoir dans la paix. D’où que cela puisse venir, nous ne la cautionnons pas. S’il n’ya pas d’élections, le pire est à craindre car le président sera illégitime au delà de la date des échéances. Il faut aussi ne pas perdre de vue ces personnes qui profitent de ce chaos pour dépouiller les honnêtes citoyens de leurs biens. Par conséquent, nous appelons la classe politique à se ressaisir et à marcher dans la direction de la paix.

Arrêté d’Ousmane Ngom pour interdire la place de l’Indépendance à certains candidats

Je ne suis pas d’accord avec Ousmane Ngom d’autant plus qu’il donne aux partisans d’Abdoulaye Wade la possibilité de tenir leur manifestation dans la zone qu’il interdit aux opposants. Nul ne doit être au-dessus des lois.

Profanation de la Zawiya El Hadji Malick Sy par des policiers 

J’ai été choqué. C’est un acte à condamner. Le ministre de l’Intérieur a présenté des excuses mais c’est insuffisant. C’est Me Wade qui doit prendre la mesure des faits en emboitant le pas à Ousmane Ngom. Vous vous rappelez qu’en 2009, les chrétiens ont subi la même profanation avec l’arrestation de Jean Paul Dias jusque dans la cathédrale de Dakar. C’est des choses à éviter. Nous demandons à la police d’être plus professionnelle et de garder son sang froid. C’est le lieu de saluer le sens de responsabilité des chefs religieux qui ont appelé au calme.  Mais je dis à la police d’éviter d’entrer dans le jeu des manifestants.

Le « ndigueul » écorné ?

Je donne plus de crédit à ce qu’a dit le porte-parole du Khalif des mourides car ce dernier est sorti de son mutisme pour le confirmer. Le Ndigueul n’a pas perdu son lustre d’antan. Et il suffit de suivre les événements religieux pour s’en rendre compte. Les talibés répondent toujours à l’appel des guides. Maintenant, des groupuscules font tout pour décrédibiliser les marabouts mais force est de reconnaitre que la majorité des disciples sont encore sous l’escarcelle des chefs religieux et font tout ce qui leur est demandé. Par contre, nul n’est parfait. Il ne faut pas perdre de vue que le pays est composé essentiellement de jeunes qui sont souvent menés en barque par leur fougue de jeunesse. Je suis contre la corruption mais c’est de la même manière que je m’insurge contre la stigmatisation des marabouts. Si vous prenez l’exemple du khalif des mourides, sachez qu’il est incorruptible. Touba est faite par les talibés. Les sénégalais croient toujours aux marabouts. Mais des lobbys sont derrière des jeunes qui tentent par tous les moyens de jeter le discrédit sur les familles maraboutiques.

Appel à voter Amsatou Sow Sidibé

La retenue. Le calme. Je les appelle à sanctionner le régime par les urnes et de faire cesser les manifestations. Un sage disait « je vais vous diriger contre votre volonté n’est pas chose facile ». J’appelle tous les militants de la Convergence africaine pour la réforme à voter Amsatou Sow Sidibé pour les raisons que j’ai évoquées précédemment.

Bamba Toure

Vendredi 24 Février 2012 10:20

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