En cas de victoire de Macky Sall lors du second tour de l'élection présidentielle sénégalaise, fixé au 25 mars, le camp d'Abdoulaye Wade doit s'attendre à rendre des comptes. L'ancien Premier ministre a promis des audits, même s'il exclut toute "chasse aux sorcières".
C'est le porte-parole de la présidence, Serigne Mbacké Ndiaye, qui l'affirme : « Si Wade perd, on ira tous en prison. » La première fois qu'il l'a dit, c'était en privé, lors d'un séminaire du Parti démocratique sénégalais (PDS). Puis il l'a répété devant des journalistes, dans le but d'expliquer le fond de sa pensée : « Je veux dire par là que l'opposition a tellement parlé de malversations et de corruption qu'elle fera tout pour nous mettre en prison si elle arrive au pouvoir. »
Dans cette perspective peu réjouissante pour les cadres du parti, Macky Sall semble être un moindre mal. L'ancien Premier ministre de Wade n'a cessé de le clamer : « Il n'y aura pas de chasse aux sorcières. » Il l'a dit presque tous les jours de la semaine qui a suivi le premier tour de la présidentielle sénégalaise, tout en affirmant qu'il commanderait des audits pour savoir où en sont les caisses de l'État. « Il n'est pas question de se venger de quoi que ce soit, explique-t-il à Jeune Afrique. Mais l'une des premières mesures sera de faire un état des lieux sur les comptes de la nation et sur les grands chantiers. » Et d'ajouter : « Pas question de transiger avec la loi. »
"Meilleur gouvernance"
Longtemps mises sous le tapis, les affaires de corruption, de détournement de fonds et d'accaparement de terres évoquées par la presse ces dernières années pourraient ressurgir à la faveur d'une alternance. Macky Sall, qui promet « une meilleure gouvernance » et plus de « transparence », aurait bien du mal à protéger ses anciens alliés. Il y a fort à parier cependant que la famille Wade échappera à d'éventuelles poursuites. « On ne va tout de même pas mettre le "Vieux" en prison », glisse un conseiller de Sall.
C'est au moment où le camp Wade vacille que la menace la plus sérieuse vient de Paris. Récemment interrogé par le quotidien français Le Parisien, Me William Bourdon, président de l'association Sherpa et avocat de l'ONG Transparency International, a révélé que la plainte concernant les « biens mal acquis pourrait être élargie au président sénégalais » et aux membres de sa famille. « Plusieurs éléments liés au climat de corruption du deuxième mandat du président font l'objet de vérifications et devraient déboucher sur cette procédure judiciaire », indique-t-il.