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Etats-Unis : Mitt Romney, trop nul pour être élu ?

Sale semaine pour Mitt Romney. Lui qui se voyait déjà en haut de l’affiche, lancé par une convention réussie et porté par les mauvais chiffres de l’emploi, en est pour ses frais. Bill Clinton a brillé à la convention démocrate de Charlotte (Caroline du Nord) et Mitt s’est pris les pieds dans le tapis après Benghazi. Ça va mal pour Mitt Romney.


Etats-Unis : Mitt Romney, trop nul pour être élu ?


Mardi, Joe Scarborough, ancien représentant républicain de Floride et désormais animateur sur MSNBC, a même qualifié cette semaine de « l’une des pires semaines pour un candidat à la présidentielle américaine ».

Une semaine commencée avec des attaques antiaméricaines au Moyen-Orient et qui s’achève avec la mise en ligne par le site Mother Jones d’une vidéo secrète et embarrassante dans laquelle Romney dénigre 47% des Américains, des « assistés » qui se considèrent comme des « victimes ».

Face à un Obama dont le bilan déçoit, Romney est cependant en mauvaise posture, distancé. Alors la question se pose : est-il trop nul pour être élu ? Zoom sur quatre faiblesses qui collent à la peau du candidat républicain.
1
Trop indécis pour être cru ?

C’est la principale attaque des démocrates. Mitt Romney ne cesse de changer d’avis, de se contredire, au point de se voir qualifié de « flip-flop candidate » (candidat-girouette) depuis plusieurs mois. Sur l’avortement ou la réforme de santé, l’ancien gouverneur du Massachusetts a dit une chose et son contraire.

De grands écarts révélateurs de l’état d’un parti républicain totalement écartelé entre des modérés – dont Romney – et des extrémistes qui ont poussé leur candidat à se radicaliser lors de la primaire.

L’accusation de « flip-flopping » est récurrente. Elle vise à provoquer le trouble chez les électeurs à la recherche du « vrai Romney ». Comment faire confiance à un homme dont les convictions sont aussi friables ?

Une attaque pas toujours efficace, à l’image de la stratégie de l’équipe de Jimmy Carter qui, en 1980, avait cherché, vainement, à inverser la tendance face à Ronald Reagan, qui s’envolait dans les sondages. De quoi donner du baume au cœur à Mitt Romney ?


2
Trop riche pour comprendre les Américains ?

Mitt Romney est riche. Très riche. Sa fortune personnelle est estimée entre 250 millions et un milliard de dollars. Est-ce un handicap rédhibitoire en période de crise économique ? L’histoire démontre le contraire.

Franklin D. Roosevelt, auquel les Américains – démocrates mais aussi républicains modérés – vouent un culte, était richissime, en pleine crise des années 1930. Une fortune héritée de la famille de son père et de celle de sa mère. Jamais eu besoin de travailler, FDR, sinon à sa carrière politique…

Romney est un homme d’affaires qui a réussi, ce qui, théoriquement, plaît à l’Amérique qui adore ceux qui saisissent les opportunités. Reste que si avant la crise, sa « success story » aurait pu être un atout politique, comme elle le fut lorsqu’il devint gouverneur du Massachusetts en 2003, elle est aujourd’hui entachée d’un profond soupçon d’antiaméricanisme sur lequel surfent habilement les démocrates : il a bâti sa fortune en licenciant des milliers d’Américains, il a délocalisé des emplois en Chine, il a placé une partie de sa fortune dans des paradis fiscaux et, finalement, il ne comprend rien aux problèmes de la classe moyenne.

FDR parlait au peuple et au nom du peuple. Romney parle « contre » le peuple. Cette semaine, une publicité démocrate attaquant les propos de Romney sur les 47% insiste sur cette déconnexion entre lui et les Américains qui souffrent.

Laissons la parole à l’animateur télé et humoriste Conan O’Brien, qui résume bien l’affaire :

    « Mitt Romney a promis de créer 12 millions d’emplois durant son premier mandat. Mais il n’a pas encore dit qu’il va les créer en Chine ou en Inde… »

3
Trop mormon pour être honnête ?

Jusqu’alors, la question religieuse n’a pas été mise sur le tapis par les démocrates. Pourtant, nul n’ignore la religion de Mitt Romney. Une Eglise mormone qui n’a pas vraiment la cote aux Etats-Unis. Une secte pour beaucoup d’Américains, qui pensent que la polygamie y est encore la règle. Et surtout, une Eglise richissime qui suscite la jalousie. L’Eglise mormone, on l’appelle aussi « More Money »…

Un sondage gallup réalisé en juin 2012 révèle que si 96% des Américains n’auraient aucun problème à voter pour un Noir s’il avait les compétences requises pour devenir Président, ce taux n’atteint que 80% pour un mormon. A peu près le même taux qu’en 1999 et à peine mieux qu’en 1975 (75%). Seuls, dans l’ordre décroissant, les gays et lesbiennes, les musulmans et les athées font davantage fuir les électeurs…

Alors bien sûr, il y a, pour rassurer Mitt, le précèdent Kennedy. En 1960, près d’un tiers des électeurs américains, peuple alors protestant aux deux tiers, n’envisageait en aucune manière de voter pour un catholique. Pourtant, quelques mois plus tard, JFK l’emportait après avoir affronté ses adversaires les plus farouches en leur rappelant notamment l’idéal de tolérance religieuse qui avait gouverné à la naissance de leur nation.

On imagine mal cependant Romney nous refaire le coup, d’autant que les démocrates ne lui en donnent pas l’occasion en refusant de l’attaquer sur sa religion... que tout le monde connaît, évidemment.
4
Trop « chochotte » pour être un « commander-in-chief » ?

Les républicains adorent avoir un cow-boy à la Maison Blanche. Teddy Roosevelt avait posé les bases au début du XXe siècle. Quasiment systématiquement durant ce siècle, les républicains se sont choisi des candidats vétérans. Quand ils ne l’étaient pas, ils ont sorti les muscles ou la panoplie du cow-boy, à l’image de Ronald Reagan ou George W. Bush.

Mais voilà Mitt Romney qui, pendant la guerre du Vietnam, était missionnaire en France – pays « peu viril » dans l’imaginaire collectif américain – pour le compte de l’Eglise mormone. Et voilà Mitt qui, lors de son discours d’acceptation à Tampa, ne prononce pas le mot « guerre », une première pour un candidat républicain depuis 1952 !

Et voilà que Newsweek ressort de ses archives un vieux titre remis au goût du jour pour ce bon vieux Mitt : « The Wimp Factor » (clin d’œil à l’émission de télécrochet « The X Factor », « wimp » signifiant « froussard »).

Ce bon vieux Mitt, trop bien coiffé – les reporters qui le suivent surnomment son avion l’« Hair Force One » (au lieu d’Air Force One, « hair » signifiant « cheveux ») –, qui monte derrière sa femme sur un jet-ski et qui change d’avis tout le temps.

George Bush père, qui avait dû affronter cette même une de Newskeek en 1988, avait répondu en féminisant son adversaire, Michael Dukakis. C’est un peu ce que tente actuellement Romney, qui durcit le ton en attaquant la politique de la main tendue d’Obama au monde musulman. Mais il le fait avec tant de maladresse que la main tendue, il la prend en plein visage…

Alors, trop nul pour être élu ? Clairement, il part de loin. Il cumule les handicaps. Et pourtant, malgré tout, la victoire est loin d’être acquise pour Obama. Ce qui en dit long, et peut-être davantage sur la déception que le Président démocrate a suscitée que sur l’enthousiasme que déclenche Romney. Mais, comme l’écrivait Machiavel :

    « En politique, le choix est rarement entre le bien et le mal, mais entre le pire et le moindre mal. »

Et à ce petit jeu, le moindre mal est encore Obama pour une majorité d’Américains.


Rue89.com

 

 



Vendredi 21 Septembre 2012 - 13:24





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