FACE AU PAYS AVEC ... ME OUSMANE SEYE, AVOCAT A LA COUR ET LEADER DU FRONT REPUBLICAIN : « Macky Sall a commis la faute politique de suivre ses alliés … »


Benno Bokk Yaakaar ne lui inspire pas confiance. Certains comportements au sein de Benno Bokk Guiss Guiss l’ont horripilé au point qu’il claque la porte. Direction, la mouvance présidentielle où il compte, avec son parti le Front républicain, accompagner le Chef de l’Etat dans sa mission. Lui, c’est Me Ousmane Seye. Toujours égal à lui-même, il n’a pas fait dans la langue de bois pour passer à loupe, dans cet entretien, la situation politique du Sénégal.



Me Seye nous sortons des élections législatives. Comment les avez-vous vécues ?

Le Sénégal a l’habitude d’organiser des élections transparentes et crédibles. Ces élections législatives ne constituent pas une exception à cette belle règle de démocratie. Elles ont été bien organisées et je félicite l’administration sénégalaise une fois de plus de les avoir bien organisées. Mais il doit arriver un moment où l’administration sénégalaise doit organiser des élections sans un organe de contrôle et je crois qu’à ce rythme, nous y arriverons. Au lieu de renforcer le système de contrôle des élections, il faut œuvrer pour que l’administration sénégalaise soit si républicaine qu’elle n’ait plus besoin d’être contrôlée pour organiser des élections. Sinon je répète que ces élections ont été transparentes qui se sont déroulées dans la paix et je suis satisfait des résultats. Pendant la campagne électorale, je me suis élevé contre les candidats qui préconisaient la cohabitation à l’assemblée nationale parce que pour moi, la cohabitation est une catastrophe politique. Elle est dangereuse pour le pays parce que nous sommes dans un régime présidentiel et le Président de la République qui détermine la politique de la Nation, a besoin d’une majorité qualifiée à l’assemblée nationale pour faire voter des lois afin de gouverner convenablement le pays. Heureusement qu’une majorité assez confortable a été donnée par les électeurs au pouvoir exécutif que préside aujourd’hui le Président Macky Sall.
 
Oui mais les 119 sièges obtenus ne signifient pas forcément que l’Apr, le parti du Chef de l’Etat, à lui seul est majoritaire à l’assemblée nationale. S’il y’a un éventuel conflit demain entre les partis de la majorité, cela pourrait poser problème …
L’Apr est majoritaire à l’assemblée nationale parce qu’il dispose de plus de 60 députés mais n’a pas la majorité requise pour faire voter certaines lois. Il n’a même pas la majorité des députés et c’est ce que j’appelle moi, une cohabitation partisane.
 
Et c’est là que réside le danger n’est-ce pas ?
Oui c’est un danger ! Et le jour où ces alliés vont se désolidariser de la politique du Chef de l’Etat, il pourrait avoir un clash au niveau de l’assemblée nationale et ce serait une instabilité politique. C’est pourquoi, nous ne pouvons compter que sur la bonne foi des uns et des autres pour qu’ils mettent l’intérêt du Sénégal avant leurs préoccupations personnelles et partisanes. Mais tout ceci n’est qu’une faute politique dans l’investiture parce que je n’ai jamais vu de grands partis politiques comme le Parti socialiste, Rewmi, l’Afp et l’Apr former une seule coalition pour aller aux élections législatives. Je crois que les partis devaient se compter et s’il le fallait, se retrouver au niveau de l’assemblée nationale dans un même groupe parlementaire et faire une alliance. Cela aurait permis à l’Apr ou la coalition Macky 2012 d’engranger une majorité qualifiée parce que si Macky Sall, à travers Macky 2012, demandait aux sénégalais de lui donner la majorité requise pour lui permettre de gouverner, je crois que les électeurs n’hésiteraient pas à la lui donner. Et je crois qu’une des causes même de l’abstention lors de ces législatives provient du fait que ces 4 grands partis se sont coalisés et cela a démobilisé les électeurs. Mais si l’Apr, à travers Macky 2012, avait demandé aux sénégalais de lui donner une majorité, il y’aurait eu une mobilisation exceptionnelle des électeurs pour réaliser ce souhait.
 
Donc vous imputez la faute à qui ? A Macky Sall ou à ses conseillers ?
C’est une faute politique et je crois que Macky Sall a trop suivi ses alliés parce que cette coalition profite plutôt à ces alliés du deuxième tour qui n’avaient pas le choix parce qu’ils étaient contraints de voter pour Macky Sall car ce qui les intéressait, c’était de battre Abdoulaye Wade. J’ai toujours dit que Macky Sall est aujourd’hui dans une coalition politique qui regroupe certes des alliés mais des alliés qui n’ont pas la même vision politique, qui n’ont pas la même idéologie politique et certainement qui n’ont pas les mêmes intérêts politiques. Parce que les principaux dirigeants de ces partis politiques étaient des candidats à l’élection présidentielle et je crois qu’ils seront candidats à la prochaine élection présidentielle. Donc c’est un danger politique permanent. Moi j’ai attiré l’attention des sénégalais et du pouvoir sur cela et ce qui peut sauver le Sénégal d’une crise politique, c’est la conscience des uns et des autres de respecter leur engagement, de respecter l’unité de cette coalition au moins durant le mandat que les sénégalais ont donné au Président Macky Sall. Sinon il pourrait avoir des divergences politiques et des objectifs politiques différents car il s’agit d’une alliance hétéroclite. Ce n’est pas une alliance ou il y’a une convergence des points de vue, etc. et c’est cela le danger du pouvoir du Président Macky Sall.
 
A vous entendre, on sent que vous ne croyez pas à la solidité et à la sincérité de la coalition Benno Bokk Yaakaar …
Benno Bokk Yaakaar est une coalition hétéroclite. Les principaux alliés de cette coalition n’ont pas la même idéologie. Il y’a des communistes, des socialistes, et ce qui est important à relever, c’est que les principaux alliés étaient tous des candidats au premier tour qui étaient des adversaires politiques de Macky Sall. Certains même ont tenu des propos vraiment dépassés contre Macky Sall au premier tour. Maintenant que Macky Sall s’en est sorti, ils se sont tous coalisés contre Abdoulaye Wade et aujourd’hui on peut se poser la question de savoir si cette alliance est sincère sur le plan politique. En tout cas l’avenir nous le dira mais nous, nous essaierons de sauver cette coalition afin qu’elle devienne stable parce qu’il s’agit de l’intérêt du Sénégal et ceux qui viendront remettre en cause cette coalition pour leurs intérêts propres, nous les dénoncerons et nous les combattrons. Moi je le dis au nom de mon parti qui est le Front républicain lors de notre congrès et c’est notre ligne de conduite.
 
Bientôt nous saurons qui est le président de l’Assemblée nationale. Lequel des trois Moustapha préférez vous ? Diakhaté, Cissé Lô ou Niasse ?
Moi je n’ai pas de préférence. D’abord, je dois dire que le président de l’assemblée nationale doit être élu par ses pairs, les députés. Et je préfère que le président de l’assemblée nationale soit issu du parti du Président de la République, l’Apr, parce que c’est plus sûr. Vous ne  pouvez pas donner à un potentiel adversaire politique, un poste aussi important que la présidence de l’assemblée nationale ! L’assemblée nationale est tout de même un pouvoir autonome législatif, le président de cette chambre a un certain pouvoir politique, une certaine prééminence et je crois que quand on exerce un pouvoir, il faut l’exercer totalement.
 
Vous dites que le président de l’assemblée nationale doit être élu par ses pairs mais si l’on constate le déroulement des choses, on dirait que c’est Macky Sall qui va le nommer …
Ce serait contraire à la démocratie et au fonctionnement démocratique de l’institution parlementaire. Le groupe parlementaire de la majorité peut choisir un candidat tout comme les autres groupes parlementaires de la minorité et l’ensemble des députés votent pour élire le Président qu’ils veulent. C’est comme cela que les choses doivent se passer. Evidemment, monsieur Macky Sall est secrétaire général de son parti, il a son mot à dire sur le choix porté par son groupe parlementaire sur un candidat. Mais je pense que ce n’est pas lui qui va dire choisissez tel ou tel. Il peut faire des propositions mais ce sont les groupes parlementaires qui s’occupent du reste. Aujourd’hui, les députés de la coalition Macky 2012 ou de l’Apr sont plus nombreux à l’assemblée nationale et s’il y’a un consensus entre ces députés, s’ils choisissent de manière consensuel un candidat, il est fort possible que ce dernier passera. Et je vois mal le groupe parlementaire dominé par le parti de Macky Sall choisir un autre candidat qui appartient à un autre parti politique.
 
Nous n’avons  vu Me Ousmane Seye sur aucune liste pour les législatives. Est-ce à dire que le poste de député ne vous intéresse pas ?
Oui mais moi je ne cours pas après un poste de député ni aucun autre. Depuis que je suis Ousmane Seye, je n’ai occupé aucun poste ministériel. Je n’ai jamais été ministre, ni député, ni sénateur. J’ai été à la limite membre du conseil de la République et là j’ai été choisi par mes confrères avocats. Je représentais le conseil de l’ordre des avocats au conseil de la République. Le poste de député ne me fait pas courir. Cependant, j’ai été investi sur une liste, celle de Bokk Guiss Guiss mais dès les premières heures, j’avais remarqué que nous n’avions pas la même vision politique alors je me suis retiré avec mes militants et je ne regrette rien car l’histoire m’a donné raison.
 
Malgré cette rupture, avez-vous conservé votre amitié avec Pape Diop, Mamadou Seck et Cie ?
Non ! Ce ne sont pas mes amis. C’est juste qu’à un certain moment donné, il était question d’aller ensemble. Mais j’avais constaté que je n’avais pas la même vision politique et je me suis vite retiré parce que moi je suis un homme de principe et d’éthique. Quand j’ai vu que je n’avais pas ma place là bas, je suis parti et je préfère tourner cette page. J’avais dit que l’histoire nous départagera et j’ai eu raison. Je ne veux plus en parler.
 
Comment vont vos relations avec l’ancien Chef de l’Etat Me Abdoulaye Wade ?  
Je n’ai aucun problème avec Abdoulaye Wade. Nous avons des relations normales, je n’ai aucun problème avec lui.
 
Quand est-ce que vous l’avez vu pour la dernière fois ?
Pendant la campagne électorale pour la Présidentielle. Nous nous étions rencontrés lors d’un meeting. Vous savez, mes rapports avec Abdoulaye Wade étaient beaucoup plus professionnels que politiques.
 
Pourquoi l’avoir abandonné si l’on sait que vous étiez l’un de ses infatiguables défenseurs ?
Mais je n’ai abandonné personne. Moi j’avais un mouvement. J’ai été militant du Pds pendant six mois puis je suis parti pour créer mon mouvement citoyen. Je suis l’un des premiers sénégalais à créer un mouvement citoyen qui était la Sentinelle bleue en 2009 qui est devenue Alliance bleue. Cette dernière a soutenu la candidature de Me Abdoulaye Wade et avait pris la résolution après l’élection présidentielle de mettre sur pied un parti politique. J’ai le droit tout de même de créer un parti politique. J’avais dit dans mes déclarations que je ne me mettrai derrière personne après Abdoulaye Wade. Que s’il n’est plus Président de la République, je créerais mon propre parti politique. Tous ceux qui suivent mes activités politiques peuvent le confirmer. Et c’est ce qui s’est passé ! J’ai créé mon parti politique qui est le Front républicain/ Jammu askan wi.
 
Me Wade a appelé dernièrement à une retrouvaille de la grande famille libérale. Etes-vous partant ?
Le discours de mon congrès a été axé sur les retrouvailles de la famille libérale ! moi je suis pionnier dans beaucoup de choses, dans beaucoup d’idées dans ce pays. J’émets beaucoup d’idées positives que les autres émettent sans pour autant faire référence à moi. J’ai lancé cette idée de retrouvaille lors de mon congrès et j’avais dit que je vais œuvrer pour l’unité de la famille libérale et j’avais précisé que cette unité devait se construire essentiellement autour de Macky Sall et d’Idrissa Seck qui sont aujourd’hui au cœur de l’avenir de la famille libérale. Je crois que Macky Sall a une mission de reconstituer la famille libérale.
 
Il parait même qu’il y’en a qui pensent déjà à rejoindre Macky Sall, comme certains leaders de la coalition Benno Bokk Guiss Guiss …
Je ne suis pas au courant. Ce que je peux dire, c’est que ceux à qui on avait confié des responsabilités politiques dans ce pays, ceux qui ont géré les deniers publics au Sénégal doivent d’abord rendre compte avant de rejoindre le parti au pouvoir. Ceux qui font aujourd’hui, l’objet de poursuite pour enrichissement illicite, détournement de deniers publics ou ceux qui ont été épinglés par des rapports d’audit doivent répondre de leurs actes devant la justice avant tout chose. Et s’ils sont blanchis après, ils pourront rejoindre le parti qu’ils veulent. Mais on ne peut pas être poursuivi par rapport à une gestion publique, ne pas rendre compte, ne pas répondre de ses actes devant le tribunal et aller rejoindre par exemple camp présidentiel. Je crois que le Président de la République n’a pas intérêt à accepter cela.
 
Il a été question dernièrement de votre ralliement vers la mouvance présidentielle. Qu’en est-il exactement ?
Moi j’ai formé mon parti politique. Vous savez, il y’a beaucoup de personnes qui disent avoir un parti politique sans organiser de congrès. Moi j’ai organisé le congrès de mon parti le 27 juin 2012 dans un hôtel de la place. Monsieur Macky Sall m’avait envoyé une forte délégation conduite par monsieur Moustapha Diakhaté. Monsieur Idrissa Seck m’avait envoyé une forte délégation conduite par Me Nafissatou Diop. Monsieur Makhtar Guèye du Rds était venu personnellement avec une forte délégation. Des mouvements citoyens, le parti de monsieur Omar Thiam, tout ces partis là étaient présents à mon congrès. Et l’avant-veille de ce congrès, le Président Macky Sall m’avait reçu pour me demander de travailler à ses côtés. Je lui avais répondu que j’étais entrain de former un parti politique et que j’organisais un congrès dans deux jours. Il m’avait félicité pour cela et m’avait dit qu’il souhaiterait que ce parti travaille avec lui à ses côtés et son parti et j’ai accepté. Moi j’ai un parti politique, le Front républicain, qui va travailler en symbiose, qui va accompagner le Président Macky Sall durant son mandat et qui va travailler aussi avec l’Apr pour l’aider à élargir ses bases et de se massifier. C’est clair et net ! Donc mon parti est dans la mouvance présidentielle et travaille comme sentinelle avec le Président Macky Sall et son parti.
 
Beaucoup de gens spéculent sur votre instabilité politique. Il se dit même que la recherche de profit en est la cause principale. Qu’en dites-vous ?
Ce sont les mauvaises langues et les jaloux qui disent cela. Moi ceux qui me connaissent savent que je suis l’un des plus stables sur le plan politique, je n’ai jamais milité dans un parti politique. Moi j’étais à l’Onel, j’étais apolitique. Je suis avocat, militant des droits de l’Homme jusqu’en 2009, j’ai milité pendant quelques temps au Pds puis j’ai créé mon mouvement citoyen puis mon parti politique. C’est cela l’instabilité politique ? si oui, alors tous les hommes politiques au Sénégal sont instables. Ceux qui me connaissent savent que moi, ce n’est pas le profit qui m’intéresse. Je passe mon temps à aider les démunis, les pauvres. Ma profession me nourrit et je dépense mon argent dans la politique, personne ne me finance !
 
Vous n’avez jamais reçu de fonds politique ?
Jamais ! Je ne suis pas le dernier des avocats. Avant l’alternance, précisément en 1994, j’avais déjà acquis mes maisons, sans compter mes véhicules et tous ces biens là auxquels certains courent après. Moi je les ai eu depuis longtemps en tant que jeune avocat parce que DIEU merci, j’exerce très bien ma profession et je gagne  bien ma vie avec ma profession donc je ne peux pas courir derrière aucun profit. Ceux qui me connaissent savent que je vis de ma profession ! je vis de mes honoraires. Ce n’est pas la politique qui me fait vivre, c’est moi qui fais vivre la politique. Maintenant, s’il y’a des mauvaises langues et des jaloux qui racontent des histoires, c’est leur problème. Le chien aboie, la caravane passe !
 
Que vous inspirent la valeur et la morale en politique ?
C’est ce que j’incarne ! J’incarne les valeurs les plus nobles et ceux qui me connaissent le savent. Je ne mens pas, j’ai le courage politique et le courage de mes idées. Je suis éduqué dans cela et mon parti politique a comme fondements « faire la politique autrement », « restaurer les valeurs républicaines, les valeurs de dignité et de démocratie dans la politique ». C’est pourquoi d’ailleurs, mon parti s’appelle le Front républicain. Ceux qui me connaissent savent que j’incarne toutes ces valeurs là.
 
Quelles sont vos perspectives de carrière dans la politique ?
Ce qui m’intéresse, c’est que les valeurs prônées par mon parti politique soient réelles dans ce pays, ma personne importe peu. Je travaille pour que les idées que nous prônons, les valeurs républicaines, les valeurs de dignité, de courage politique, de progrès, pénètrent les sénégalais. C’est tout. Maintenant, s’il faut assurer des responsabilités politiques pour avancer ces valeurs et ces idées, je suis à la disposition du Sénégal.
 
Maintenant que vous êtes de la mouvance présidentielle, qu’attendez-vous concrètement du Chef de l’Etat ?
Qu’on me permette de travailler aux côtés du Président de la République pour satisfaire les besoins des populations sénégalaises, de travailler pour que le Chef de l’Etat réalisent les promesses qu’il a faites aux sénégalais aussi bien au niveau national, africain qu’international.
 
Comment avez-vous analysé les cents premiers jours de Macky Sall à la tête de l’Etat ?
Il est assez tôt pour juger le Président de la République mais il a eu le temps de satisfaire quelques une des promesses qu’il avait faites comme la réduction de la taille du gouvernement, 25 à 28 ministres, c’est très bien. Mais aussi la baisse des prix des denrées de première nécessité bien que nous soyons dans un régime libéral, il a fait preuve de courage politique pour faire baisser les prix de certaines denrées alimentaires. C’était difficile mais il a tout de même respecté ses engagements. Il avait dit qu’il allait œuvrer pour la paix en Casamance et il est entrain de le faire. Il a fait son premier voyage, comme il l’avait dit, en Gambie, et nous avons des échos favorables du maquis. Ce que je conseille au Président de la République sur ce plan, c’est d’avoir moins d’intermédiaires entre lui et ceux qui sont dans le maquis et d’essayer d’entamer un dialogue direct avec eux. Ce qui a faussé un peu la consolidation de la paix en Casamance, c’est qu’il y’avait beaucoup d’intermédiaires qui mettaient en avant leurs intérêts personnels au détriment des intérêts du Sénégal. Il y’a eu beaucoup de gens qui se disent volontaires pour aider à la paix en Casamance alors que ce sont des personnes qui s’aident elles même et qui souvent, pensent à l’argent. Moi je crois que ce n’est pas cela. Il faut s’ouvrir à toutes les bonnes volontés mais qui sont sincères et qui œuvrent réellement pour le Sénégal et pour la paix. Même Salif Sadio a fait une déclaration récemment en ce sens, demandant au Président Macky Sall d’être trop regardant sur les intermédiaires parce que ce ne sont pas toujours les déclarations de bonne foi qui font les meilleurs intermédiaires.
 
Mais Salif Sadio a dit qu’il veut l’indépendance de la Casamance. Qu’en pensez-vous ?
Là je rejoins la position du Président de la République que je salue au passage. L’unité de l’intégrité du territoire sénégalais n’est pas négociable. On peut négocier tout sur la paix en Casamance sauf l’unité de l’intégrité du territoire. Aujourd’hui, on est entrain de rechercher les grands ensembles pour le développement de l’Afrique et le moment n’est pas à la partition et au morcellement des territoires. Je suis foncièrement contre, moi je suis un militant de l’unité africaine et j’appelle tous les sénégalais y compris les militants du Mfdc à s’intégrer davantage dans ce Sénégal et à unifier le Sénégal.
 
Vous êtes l’avocat du guide des thiantacounes, Cheikh Bethio Thioune, incarcéré depuis plusieurs mois à Thiès. Il se dit que son état de santé n’est pas des meilleurs. Comment se porte-t-il ?
Je l’ai vu aujourd’hui (Ndlr : le jour de l’entretien). Lui, c’est un homme de DIEU, il a un mental très fort parce que c’est un croyant mais son état de santé est vaissillant. C’est un homme malade qu’on a mis en prison, j’ai attiré l’attention de la justice et des autorités sénégalaises sur risque de maintenir monsieur Cheikh Bethio Thioune en prison. Même le rapport médical qui a été établi par un cardiologue conclu que son état de santé est difficilement compatible avec l’incarcération. La justice doit en tirer toutes les conséquences.
 
Y’a-t-il des chances pour qu’il recouvre totalement la liberté ?
Mais bien sûr ! Je crois que la justice ne devait même pas attendre qu’on dépose une demande de mise en liberté provisoire sur la base du simple rapport médical. Le juge d’instruction devrait en tirer toutes les conséquences et libérer monsieur Cheikh Bethio Thioune. D’autant plus que M. Thioune est un chef spirituel qui a beaucoup de « talibés » au Sénégal, qui jouit d’une notoriété et qui n’a jamais eu maille à partir avec la justice. C’est bien la première fois qu’il a été mêlé à tort d’ailleurs dans des échauffourées qui ont conduit à la mort de deux de ses talibés. Et je crois que dans la mesure où la justice semble comprendre aujourd’hui qu’en matière pénale, le principe c’est la liberté et l’exception, la détention, il n’y a aucune raison qu’il reste en prison.

Astou Winnie BEYE
LE PAYS AU QUOTIDIEN

AB

Vendredi 13 Juillet 2012 15:24

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