M. Gueye, nous avons assisté cette semaine à l’interpellation de l’ancien ministre de l’Intérieur Me Ousmane Ngom par des éléments de la Bip alors qu’il était en pleine campagne dans la région de Kolda. Quelle lecture en faites-vous ?
Nous sommes dans un état de droit et les droits de la défense sont sacrés. Monsieur Ousmane Ngom est un citoyen donc justiciable comme tout le monde et le Procureur de la République peut convoquer tout citoyen qui peut intervenir dans la recherche de la vérité. Ousmane Ngom avait refusé de répondre à la convocation de la gendarmerie donc il a été cueilli là où il se trouvait. Même si un avocat a été témoin d’un meurtre, il doit être convoqué. Mais dans ce cas d’espèce, il s’agit d’une investigation dans une perspective de recherche de la vérité et toutes les affaires relatives à la justice qui ont été déclenchées seront traitées sans immixtion du pouvoir exécutif ni garantie pour l’impunité. Il s’agit là des termes de référence définis par le peuple sénégalais à l’occasion du vote du 25 mars dernier.
Nous sommes à quelques jours de l’élection législative. Comment se passe votre campagne ?
La campagne se passe très très bien puisque nous sommes dans un momentum où les sénégalais qui sont cohérents sont déterminés et engagés à poursuivre l’action qu’ils ont entamée depuis le 25 mars. Et cette action, c’était de jeter le sopi par-dessus bord et d’ouvrir de nouvelles perspectives avec l’espoir en soutenant les promesses et les engagements contenus dans le programme du candidat Macky Sall de l’époque qui s’appelle Yonou Yokkuté. Donc les sénégalais sont déterminés, ils sont cohérents, ils ont voté massivement pour Macky Sall le 25 mars et ils sont déterminés à voter pour lui donner une majorité plurielle n’en déplaise aux détracteurs que sont les mauvais perdants qui voudraient nous faire croire qu’il y’a un danger à donner au président, les moyens de gouverner.
Dites-nous, comment appréciez-vous cette floraison de mouvements et partis politiques qui veulent tous siéger au sein de l’hémicycle ?
Cela correspond à l’âge de notre démocratie puisque l’étape que nous vivons est assez particulière dans le contexte politique de notre pays marqué par une nouvelle vitalité citoyenne. Et je pense que tout l’enjeu du 25 mars, de la présidentielle du 26 février, c’était de faire advenir une nouvelle citoyenneté dans notre pays puisque l’élection du président Macky Sall n’est pas un fait partisan, c’est un phénomène de société où tous les citoyens ont décidé ensemble de faire partir une équipe qui était là. Puis d’installer au pouvoir, un nouvel homme en qui ils avaient confiance et à qui ils ont indiqué des termes de référence très clairs, de promouvoir la rupture et de promouvoir un autre art de gouverner.
D’accord mais est-ce que le gouvernement pense à une réforme de l’élection législative ? Parce qu’on voit de plus en plus de candidats qui ne connaissent même pas le rôle d’un député …
Oui mais ceci n’est pas lié au mode de scrutin. Je pense qu’on ne peut pas vouloir la démocratie et faire des choses contraires à la démocratie. Ce qui est important, c’est d’avoir un processus électoral transparent puisqu’en premier et dernier ressort, ce sont les citoyens sénégalais qui décident.
Pourquoi l’image du président Macky Sall apparaît pour la campagne de Benno Bokk Yaakaar ?
Il est le patron de la coalition ! Il n’est pas candidat. Son image est juste à côté de l’image des autres leaders, ce qui est tout à fait normal …
Oui mais à ce moment là, qu’en est-il de la séparation des pouvoirs que vous réclamiez tant à Abdoulaye Wade ?
Mais Macky Sall n’est pas du tout impliqué dans la campagne ! Il n’est pas du tout impliqué dans la campagne …
Mais son image est une sorte d’implication, disons indirecte, non ?
Non, nous avons juste repris la même affiche que nous avions pour la présidentielle.
D’accord. Maintenant, dites nous, en quoi est-il avantageux pour le peuple sénégalais de donner une majorité plurielle au président Macky Sall ?
Ce n’est même pas une question d’avantage, c’est une question de cohérence. Les sénégalais ont choisi Macky Sall comme président, il faut qu’ils lui donnent les moyens de gouverner puisque c’est par la loi qu’on gouverne. Le rôle de l’assemblée nationale, est d’autoriser l’action et de la contrôler. Le problème qu’il y’a, c’est que les gens disent qu’il est dangereux de donner une majorité à Macky Sall. Cela voudrait dire qu’on veut bloquer le pays. Tous ceux qui disent qu’il ne faut pas donner à Macky Sall une majorité sont des gens qui ne se soucient pas de l’intérêt des sénégalais puisque les sénégalais ont besoin qu’on apporte des réponses à leurs problèmes. La question qui se pose fondamentalement, c’est que Macky Sall ne fera pas jouer une majorité mécanique et partisane puisque la coalition est une coalition plurielle. Macky Sall a besoin d’une majorité, il a besoin d’une majorité plurielle et il l’aura. Le patron de l’assemblée nationale ne sera pas forcément un homme de son parti, la tête de liste n’est pas un homme de son parti. Nous avons besoin d’une majorité plurielle où toutes les tonalités se feront entendre, où les députés seront en toute autonomie pour prendre des décisions au regard de l’intérêt des sénégalais. Le premier défenseur d’une assemblée de rupture, c’est Macky Sall lui-même !
Vos détracteurs accusent le président Macky Sall de mener une campagne électorale déguisée à travers les conseils des ministres décentralisés. Que leur répondez-vous ?
Ce sont de mauvais perdants et à la limite, je me demande s’ils sont généreux avec les sénégalais puisque les sénégalais que nous avons rencontrés à Saint Louis et à Kaolack ont un tout autre point de vue. Ils ont le sentiment de faire encore plus partis de la nation sénégalaise puisqu’en l’espace de 48h, leur localité devient la capitale du Sénégal. Mieux encore, c’est l’occasion pour le pouvoir central d’aller à la rencontre du pouvoir local, d’identifier les projets, les points de blocage de ces projets et d’apporter des solutions afin que ces projets puissent voir le jour. Et je pense que les sénégalais qui bénéficient de ces projets apprécient énormément. On n’y va pas pour faire du tourisme comme Abdoulaye Wade le faisait avec ses tournées économiques. Nos réunions sont précédées d’un conseil interministériel conduit par le premier ministre Abdoul Mbaye et à l’issue de ce conseil interministériel, les décisions indiquées par le premier ministre après discussion avec les autorités locales sont soumises à la décision du président de la République lors du conseil des ministres qui se tient dans les mêmes formes que le conseil des ministres tenu au Palais. Donc le gouvernement y va pour travailler, se rapprocher des populations et pour pouvoir prendre les décisions qui s’imposent. Alors je répète que ceux qui disent autre chose sont des mauvais perdants et ils ne sont pas généreux avec les sénégalais.
Vos détracteurs ont également dit que vous leurrez les sénégalais en arrêtant des sommes pour chaque région visitée. Comme par exemple les 300 milliards et 225 milliards prévus respectivement pour Saint Louis et Kaolack alors que l’assemblée nationale n’en a même pas encore discuté …
Ce sont eux qui ont leurré les sénégalais et plus personne ne peut leurrer les sénégalais puisqu’on connaît la sanction. Quand on passe son temps à leurrer les sénégalais, il arrive un moment où ces derniers se prennent en charge et vous virent ! Donc on ne va pas jouer à ce jeu là. Nous avons un rapport de vérité avec les sénégalais et nous ne leur cacherons jamais la vérité.
Lors de sa campagne pour la présidentielle, Macky Sall avait promis de ramener le mandat présidentiel à 5 ans. Mais aujourd’hui, vos adversaires sont convaincus qu’il cherche à faire un mandat de 7 ans. Qu’en dites-vous ?
Macky Sall est un homme qui ne se dédit pas. Il s’était engagé pour ramener le mandat à 5 ans et limiter les mandats au nombre de deux pour ensuite se l’appliquer à lui-même. Rien a changé, il reste constant dans cet engagement. Il ne faut pas confondre ce qui sort du bruit de la ville avec les propos du président de la République. On ne l’a pas entendu une seule fois dire qu’il va faire sept ans. Il est engagé à s’appliquer cette promesse faite lors de sa campagne.
Mais est-ce que cette majorité présidentielle que vous voulez ne va pas l’aider à avoir ce mandat de sept ans ?
Nous sommes sortis de l’ère des combines.
C’est tout ?
Oui c’est tout
Dites-nous, vous arrive-t-il de penser de temps à temps à un futur probable soulèvement populaire si Macky Sall déçoit dans les prochains mois ?
Un soulèvement populaire ? Non il n’y a pas besoin de le faire ! Macky Sall peut décevoir dans quel sens ?
S’il ne peut pas respecter ses engagements par exemple et faire du wakh wakhète …
Mais Macky Sall tiendra ses promesses ! Il n’y a pas lieu de vous inquiéter pour cela. Et je pense que le président Macky Sall, à travers les actes inauguraux qu’il a posés, a prouvé à suffisance qu’il est un homme de parole. Il s’était engagé à réduire le train de vie de l’Etat et il a commencé avec une suppression de 59 structures. Il s’était engagé à amener un bol d’air aux sénégalais en réduisant le cout des denrées de première nécessité et de grande consommation, ce qui a été fait. Il s’était engagé à placer un gouvernement de 25 ministres, il l’a fait. Il s’était engagé à faire énormément d’autres choses, à gérer de façon plus vertueuse et plus rigoureuse les deniers publics. Il a ramené dans les comptes du Trésor, les sommes qui étaient collectées et qui n’étaient pas versées au Trésor à travers l’Artp et Sécuriport. Donc c’est un homme qui a commencé à tenir sa parole et ses engagements alors je ne vois pas au nom de quoi et pour quelle raison, on devrait lui faire un procès en sorcellerie pour dire qu’il ne tiendrait pas ses engagements.
Venons-en à la baisse des prix des denrées de première nécessité. Il y’a certaines zones où cette réduction n’est pas effective. Que s’est-il passé ?
Ce qui se passe, c’est que d’abord il y’a eu une démarche concertée avec l’organisation des commerçants et industriels, l’Unacois. Il y’a eu un accord sur une perspective de baisse des prix sur trois, quatre denrées. Le riz avec ses deux variétés, le riz ordinaire et le riz parfumé. Ensuite au sortir des concertations, il y’a eu une décision prise par le premier ministre au cours d’un conseil interministériel, un arrêté pris par le ministre du Commerce et les comités régionaux de la consommation qui ont été saisis pour rendre effective cette baisse des prix. Avec maintenant toutes les modulations qui l’accompagnent puisque au delà de la marchandise, il y’a les frais liés au déchargement, au transport et autres. Mais globalement, sur l’étendue du territoire, cette baisse est effective. Pour la première qualité de riz, le riz ordinaire, il y’a eu une baisse effective de 45f. Pour le riz parfumé, il y’a eu une baisse entre 65 et 85f. Pour le lait, il y’a eu une baisse de 280f au kilo, idem pour l’huile. Maintenant, il a fallut le temps que les anciens stocks soient écoulés. Et les services du ministère du Commerce sont entrain de faire des contrôles. Alors je pense que ce sont encore nos adversaires qui n’avaient jamais eu la volonté de le faire, qui nous ont toujours tenu un discours d’impuissance, qui sont entrain de perturber les esprits et de polluer l’environnement pour dire que c’est de l’artifice. Ce n’est pas vrai, la baisse est effective et les sénégalais en tout cas, pour qui ces questions sont importantes apprécient énormément.
Mais pensez-vous qu’en continuant d’importer les denrées, la baisse des prix sera pérenne ici au Sénégal ?
L’option structurante est une option de consommation et de production locale puisqu’on ne peut pas continuer à soutenir par la subvention ou d’autres techniques, une importation aussi massive et qui est suffisamment assez budgétivores. Donc l’option du gouvernement, c’est de promouvoir le riz local et le consommer local, et même dans l’habillement. Parce que si nous voulons nous développer, il faut permettre à nos acteurs économiques et sociaux de créer de la valeur ajoutée en transformant des produits. Il faut de moins en moins dépendre de l’importation et faire de plus en plus en sorte que ce que nous consommons corresponde à ce que nous savons produire et que nous produisons.
Astou Winnie BEYE
LE PAYS AU QUOTIDIEN