L’interpellation de Mamadou Seck, président de l’Assemblée nationale estimant que Macky Sall s’est dévoilé au grand jour dans le débat sur la dépénalisation de l’homosexualité ou encore la dernière sortie de Moustapha Cissé Lô accusant le pouvoir central d’avoir des liens avec l’homosexualité est une illustration de la propension des hommes politiques à user de ces deux questions pour déstabiliser et disqualifier l’adversaire.
La coalition qui porte Macky Sall, challenger de Abdoulaye Wade au second tour de la présidentielle, n’y voit rien d’autre que le fait du pouvoir en place. «C’est le camp de Abdoulaye Wade qui est dans un état d’esprit de perdant et qui utilise cela comme arme. Ce n’est pas digne d’une république, d’un pouvoir de prendre le risque de diviser les Sénégalais sur la base de la religion, de l’ethnie et à des fins d’intoxication. Ce pouvoir a toujours montré sa disposition à soustraire les homosexuels de la justice de notre pays. S’il faut chercher une accointance avec les homosexuels, c’est du côté du pouvoir», accuse Seydou Guéye porte parole de la coalition de Macky Sall.
Et d’écarter tout lien à un quelconque groupe de pression. «Notre candidat est le candidat du peuple et d’aucun groupe. C’est un homme qui est allé à la rencontre des Sénégalais. Il n’a jamais sollicité le concours des puissances d’argent ou d’influence. Il est le candidat de Benno Bokk Yakaar en vue du changement et de la rupture », tranche t-il.
Le poids de la religion
Mais une fois dépassée le stade des récusations, force est de s’interroger sur la résurgence dans le débat actuel de la franc-maçonnerie, de l’homosexualité et des groupes de pression tapis dans l’ombre mais ayant emprise sur les dirigeants.
Le responsable de la coalition Macky2012 pense qu’aussi bien la franc-maçonnerie que l’homosexualité sont des questions dans lesquelles la religion occupe une place centrale. Ce qui, de son point de vue ne doivent pas faire l’objet de politique politicienne.
« Nous sommes dans un pays dominé par la croyances mais nous sommes dans une république laïque. L’enjeu est d’être à équidistance de toutes les chapelles, de garantir la liberté et de préserver notre société.
Pour Me El Hadji Amadou Sall, poser ces questions est en revanche tout à fait normal dans le débat politique. Elles suscitent, de débats. La Franc-maçonnerie suscite beaucoup de curiosité. C’est une société secrète à qui on attribue beaucoup de pouvoir et d’influence», explique le porte parole de la campagne des Fals 2012.
Il s’empresse cependant d’écarter toute forme d’attaque contre un candidat. « Personne n’a attaqué personne parce qu’il est Franc-maçon ou pas. La question de la Franc maçonnerie sur le champ politique se pose en termes d’influence et de lobby. Il est clair que dans un pays libre, les gens ont le droit de s’interroger sur la présence de lobbies qui financent les hommes politiques pour qu’ils prennent leur préoccupations qui ne sont pas celles du peuple », dira-il.
L’ancien ministre de la justice pense toutefois que c’est en effet sous le couvert de la laïcité, qui consacre la liberté de culte, que ces questions sont souvent posées dans le champ politique. « C’est sous l’angle de la laïcité que certains sont en train de poser le problème de l’influence et de la place de la religion. Ils disent quelle est la place des hommes religieux alors que leur place est déterminé par les lobbies et des agents pour qu’ils défendent leurs positions. Notre société a une certaine forme d’organisation qui nous est propre. Ici le marabout dirige le cœur des hommes », soutient-il.
Pour ce qui concerne l’homosexualité, l’ancien ministre de la justice souligne qu’elle est une question définitivement réglée par la loi qui pénalise l’acte homosexuel considéré comme contre nature. Tout en disculpant le pouvoir d’avoir posé des actes allant dans le sens de favoriser les intérêts d’homosexuels, Me Sall souligne «Elle est condamnée par nos religions et ne correspond pas à notre culture. Personne ne peut reprocher au pouvoir d’avoir libéré des homosexuels. Nous n’avons libéré qui que ce soit. S’il y a eu des poursuites, il appartient aux procureurs de le faire avec l’accord de la chancellerie. La justice est libre et indépendante », soutient Me Sall.
Pour Seydou Guéye, les questions liées à l’homosexualité ou encore à la Franc maçonnerie seront traités avec responsabilité par Macky Sall une fois porté au pouvoir. «Il les traitera avec responsabilité en concertation avec tous les dépositaires d’enjeux dans notre société. Avec le souci de préserver l’équilibre et l’identité de notre société», promet-il.