L’Assemblée nationale a procédé, il y a peu, à la levée de l’immunité parlementaire de certains dignitaires de l’ancien régime, en l’occurrence Oumar Sarr, Me Ousmane Ngom et Abdoulaye Baldé. Quelle analyse en faites-vous ? Il y a une confusion au niveau de la justice sénégalaise et particulièrement au niveau des juridictions selon les compétences qui leur sont dévolues. D’emblée, il faut dire que le Procureur spécial prés la Cour de répression de l’enrichissement illicite a débordé ses compétences en s’immisçant dans celles qui relèvent du Procureur de la République. Il y a une confusion au niveau des rôles et au niveau des procédures. Le pouvoir exécutif est aussi très influent sur le pouvoir judiciaire. Cela nuit fortement au système judiciaire sénégalais qui a été reconnu comme l’un des meilleures dans le continent africain. Il faut aussi reconnaître que Macky Sall et son gouvernement n’ont pas de bons juristes. Depuis son arrivée au pouvoir, il y a beaucoup d’actes posés sur le plan juridique qui ont été rejetés. A l’Assemblée nationale il y a plusieurs disfonctionnements qu’on peut noter. Sur le plan administratif, il y a violation des règles élémentaires qui régit l’Assemblée nationale. Le procureur spécial de la Crei n’a pas les prérogatives de saisir directement l’Assemblée nationale pour, il a arpenté des étapes. Dans notre système administratif, pour demander la levée de l’immunité parlementaire d’un député, c’est le procureur général qui saisit le ministre de la justice. Au niveau du cabinet du ministre, il y a une direction qui s’occupe des affaires criminelles et de grâce qui prépare le projet de mise en accusation. C’est à la suite de cela que le ministre lui-même doit saisir le Président de l’Assemblée nationale pour la levée de l’immunité parlementaire des député concernés par le biais du ministère chargé de l’Assemblée nationale. C’est pourquoi j’ai à mes amis de porter cette affaire devant la cour suprême. Dès le départ, le procureur spécial savait qu’il avait affaire à des anciens ministres qui ne peuvent être jugés que par la haute cour de justice. L’activité du procureur spécial est en train de brouiller le système judiciaire de notre pays. Donc comment jugez-vous les procédures qui ont été entamées pour lever d’immunité parlementaire de vos frères libéraux ? Toutes les procédures qui ont été enclenchées sont illégales et nulles. Maintenant nous avons trois niveaux de bataille. Il y a le combat à l’Assemblée nationale où on doit voter en plénière la levée ou non de l’immunité parlementaire des députés. A ce niveau, on partait perdant. Alors, on doit se concentrer au niveau de la forme où il y a des ruses qui sont manifestes pour soulever les nullités. Si on se base sur le combat à l’Assemblée de mon point de vue c’est peine perdue. D’ailleurs je suis surpris de la réaction de Moustapha Niasse, parce qu’on peut tout reprocher aux anciens socialistes sauf une expertise sur les questions administratives. Sur le plan politique, il y a un combat d’opinion. Là aussi, il s’agit de faire savoir à ceux qui nous écoutent que les procédures administratives et juridiques sont bafouées. Il faut que l’opinion sache que nous n’avons jamais dit qu’on ne répondrait pas dans l’enquête des biens mal acquis. Mais il y a aussi le combat administratif et juridique, là aussi l’exécutif est en train d’entraîner le législatif à brouiller toutes les procédures. Est-ce que les libéraux ne sont pas en train de payer les pots cassés de la perte du pouvoir et les coups de boutoir d’une ancienne opposition assoiffée de revanche ? Mais la vengeance et la rancune ne construisent pas un pays. Un pays se construit dans la sérénité au niveau de l’exécutif et dans toutes les autres instances. Même s’ils ont été victimes de persécutions, ils ne devraient pas, à leur tour, commettre des entorses aux procédures et à la réglementation. C’est une erreur grave et une manifestation des promesses non tenues. Bref, la bonne gouvernance dont on parle n’est rien d’autre qu’un leurre. Pour des dirigeants de l’ancien régime, vous me direz que c’est normal, parce que nous avons dirigé pendant 12 ans. C’est injuste de traiter illégalement des citoyens de la sorte quelle que soit leur appartenance politique. Nous devons être jugés au même pied d’égalité que les autres. La démocratie doit être respectée, comme ça se passe dans les pays avancés. C’est la loi de la balance qui fait que tu peux être un jour au pouvoir et te retrouver un autre dans l’opposition. La presse a aussi son rôle dans tout cela. Quand Macky Sall dit avoir une richesse de 8 milliards de Fcfa, il doit être accablé de la même manière que les autres membres de l’ancien régime. Même si la loi ne prévoit pas de poursuite contre lui, il doit s’exprimer devant la nation sur l’origine de sa fortune. S’il pense qu’il doit suivre des gens dans la traque des biens mal acquis, ça doit se faire sans aucune discrimination. Donc, qu’est-ce qui justifie cet acharnement, comme vous dites, du nouveau pouvoir envers les dignitaires de l’ancien régime ? Lors de la campagne électorale, Macky Sall disait que les Sénégalais ne se nourrissaient pas de routes et d’infrastructures. Il avait promis de réduire les prix des denrées de première nécessité. Dix mois après, on se rend compte que Macky est incapable de tenir ses promesses. Il a été maladroit et ses déclarations font fuir beaucoup de bailleurs de fonds et les investisseurs, nationaux comme ceux qui sont établis à l’étranger. Ses déclarations sur la traque des biens mal acquis, des auditions et les arrestations de certains citoyens qui vont à la banque pour retirer de l’argent ont créé une psychose chez les investisseurs. Macky Sall a plongé le Sénégal dans une impasse économique et dans une instabilité politique qui fait fuir tout le monde. Pour combler ces errements, il n’a d’autre solution que de traquer les dignitaires de l’ancien régime pour détourner l’attention de la population. L’arrestation de Aïdara Sylla continue de faire l’actualité. Que vous inspire cette affaire? Du temps du Président Senghor et de Abdou Diouf les Sénégalais allaient en Arabie Saoudite et dans les pays arabes pour amener des sommes importantes. Ces sommes ont permis de construire le Sénégal. Parmi ces gens-là, on peut citer Ndiouga Kébé et Djily Mbaye qui n’ont pas eu leur argent au niveau du Sénégal. Il y en a d’autres qu’on peut citer qui sont très riches. Le Sénégal n’est pas un pays pétrolier. Il n’a pas de minerais très importants à la disposition du peuple. Si on interdit à nos compatriotes d’importer leur argent, cela va freiner l’activité des Sénégalais qui sont déjà plongés dans l’immobilisme. Ce phénomène qui a bloqué l’économie sénégalaise et dont tout le monde se plaint. L’argent dans l’affaire Aïdara, Wade l’a reçu quelques mois après avoir quitté la présidence. Ce qui serait mauvais c’est que le Président Wade le prenne au niveau du Sénégal pour l’amener ailleurs. S’il dépense son argent ou l’investit au Sénégal, cela renfloue l’économie du Sénégal qui est en pleine crise. En plus, s’il ne paie pas ses dettes, qui va le faire à sa place ? Qui va poursuivre ses travaux en cours ? C’est amuser la galerie que de vouloir démontrer à tous les Sénégalais que le président Abdoulaye Wade a des milliards. Si Macky Sall a des milliards, pourquoi pas l’ancien président ? Depuis son arrivée au pouvoir, Macky Sall a gelé les relations avec les pays arabes, au profit des occidentaux. Wade avait noué des relations avec les pays asiatiques et arabes qui ont les moyens de participer financièrement à notre développement, sans pour autant nous imposer des procédures draconiennes. Donc l’affaire Aïdara Sylla entre dans le cadre de cette chasse aux sorcières au niveau du Sénégal. Tout le monde peut se retrouver dans cette même situation. Un entrepreneur qui vient à l’aéroport, on le fouille pour l’arrêter. Il y a une psychose dans ce pays à cause des poursuites. Ce qui rend la situation extrêmement difficile. C’est pourquoi l’argent ne circule plus. Mais Macky Sall avait annoncé des mesures très importantes lors de son discours de nouvel an Je ne crois pas à son Yonnu Yokkuté. Un pays se développe à partir de la création de richesses et d’entreprises capables de générer des emplois. Alors qu’il n’y a ni nouvelles créations d’entreprises, ni budgétisation pour le recrutement des fonctionnaires ou de jeunes. Il a dit dans son discours qu’il prévoit de recruter 5 mille personnes dans la Fonction publique. J’ai fait une investigation qui prouve que ces emplois proviendront d’emplois fictifs existant dans l’administration. C’est à la suite de l’audit que l’Etat pense débusquer 5000 emplois qu’ils vont donner aux jeunes. Mais, ça c’est aléatoire. Ils vont renvoyer des enseignants et d’autres fonctionnaires pour faire leur recrutement. Cette situation va créer une catastrophe en 2013. Si Macky Sall ne donne pas un programme et de l’argent pour la création d’emplois, nous entrerons dans une situation explosive qui va fracasser la coalition Bennoo Bokk Yakaar. Idrissa Seck va partir. Il va être bousculé par Macky Sall qui veut avoir un parti. Les signaux ont été donnés avec les ralliements à Thiès. Ce sera le retour de Moustapha Niasse, parce qu’il est dans une instabilité avec le problème de son mandat au perchoir. S’il passe à 5 ans, il va prendre ses marques. Pour le moment, il fait l’agneau, mais c’est pour mieux sauter. Abdoulaye Wade avait 34 % et Macky Sall 26%. Dans l’autre groupe, Idrissa Seck Tanor Dieng, Moustapha Niass totalisent 40%. Ces derniers vont se libérer pour chercher le pouvoir en 2017. A vous suivre, on a comme l’impression que ce n’est pas demain la veille pour que Macky Sall et son régime sortent de l’ornière Macky sera minoritaire. Tout cela va s’éclaircir en 2013. Nous allons vers une année explosive sur le plan politique et les alliances vont se dénouer. Les anciens partenaires vont se faire face. Voilà ce qui va se passer et le peuple sera le plus grand arbitre. Au moment où Macky Sall poursuit le Pds dans une enquête sur des biens supposés mal acquis, il sera poursuivi par le peuple qui va lui réclamer son bien être qu’il est en train de perdre. Tout ce que les anciens opposants ont semé depuis deux ans (brûler les maisons des ministres, l’hôtel de l’Assemblée, les agences de la Senelec et de la Sde et les biens publics) retombera sur eux. Au moment où il poursuit un lièvre, le lion est derrière lui. Et il risque d’être rattrapé. Dans tous les secteurs c’est la grogne. Tout ce qu’on va vivre en 2013 sera le résultat de ce Macky a semé pendant ces deux dernières années. De jeunes mécaniciens manifestaient près du stade Léopold Senghor et menacent de s’immoler par le feu si on les déguerpit de leur lieu de travail. Il a aussi promis des tracteurs et du matériel agricole. N’est-ce pas une chose importante pour l’agriculture Sénégalaise ? Ces mille tracteurs existaient déjà. Il n’y a rien de nouveau. Les 35 milliards de Fcfa dont on parle, ce n’est pas une invention. Lorsqu’il était Premier ministre, il l’a trouvé ici. L’important est de faire un programme et de dire aux Sénégalais qu’il veut arriver à un taux de croissance de 10%. Il faut créer des richesses et trouver de l’argent pour le financement des projets. Macky Sall est surtout attendu sur la grande promesse consistant à diminuer les prix des denrées de première nécessité. J’ai entendu qu’il y avait des rencontres avec l’Unacois et des opérateurs économiques. Mais on ne peut pas leur demander de rogner sur leur marge bénéficiaire si l’Etat ne fait pas de sacrifice. C’est à l’Etat d’enlever les taxes sur les produits à grande nécessité pour que les Sénégalais soient soulagés. Ces réunions ne mèneront à rien, si les taxes restent élevées. Macky Sall a intérêt à proposer un programme cohérent auquel les Sénégalais vont s’identifier, à l’image de celui qu’a réalisé l’ancien Président. Les bourses familiales de 100.000 Fcfa, c’est une politique coloniale. Je me rappelle que le Ps distribuait 50.000 à 100.000 Fcfa pendant la période de soudure. Quand quelqu’un avait 20 têtes, il bénéficiait de 4000 Fcfa ou 3000 Fcfa par tête. Mais, ce n’est pas un facteur de développement pour un pays. Il faut des projets comme le Plan Reva pour que les jeunes puissent travailler et avoir des revenus. Regardez le riz que j’ai cultivé (il sort un sachet contenant du riz), je l’ai produit dans une zone extrêmement difficile pour ce genre de produit. Il faudrait vulgariser ces programmes pour que les Sénégalais puissent avoir un revenu conséquent. D’autant plus que le Khalife général des Mourides a prôné un retour vers l’agriculture. Le gouvernement doit saisir ces occasions pour que les Sénégalais mangent ce qu’ils produisent. Le matin notre riz, le soir le mil Nous aurons une balance commerciale qui va souffler et l’on atteindra l’autosuffisance alimentaire. Le meilleur moyen pour arriver à ses fins est de réfléchir à ces problèmes, au lieu de poursuivre des citoyens parce qu’il veut masquer ses erreurs. Que pensez-vous de la démission de votre camarade Souleymane Ndéné Ndiaye de son poste de député ? C’est une question tout à fait personnelle et il ne m’a pas consulté et je n’ai pas essayé de réfléchir sur la question. C’est un citoyen libre et responsable de ses actes. Je n’ai rien à ajouter sur ce point. Le président de la République a mis en garde les opposants sur l’atteinte à l’image du Chef l’Etat. Quelle analyse en faites-vous ? Macky Sall et la société civile avaient dénoncé l’usage abusif de l’article 80 du code pénal et de l’article 54 relatif à l’offense au de chef de l’Etat. Abdoulaye Wade a tout entendu. Il a été insulté par les jeunes de «Yen a marre», par Barthélemy Dias, Dansokho et plusieurs autres personnalités. Macky Sall et tous ceux qui étaient derrière lui n’ont jamais dénoncé cela au contraire ils ont applaudi. C’est injuste de vouloir poursuivre ces Sénégalais qu’ils ont préparés et entraîner dans cette voie. Vouloir aujourd’hui réprimer les gens pour offense au chef de l’Etat, c’est injuste. Nous ne sommes plus dans un monde d’équité et de démocratie. Vous avez été un acteur pour le processus de paix en Casamance sous le régime de Wade, Quelle analyse faites-vous de la libération de 8 soldats Sénégalais? La libération récente des militaires n’est pas un pas fondamental pour la trouvaille de la paix en Casamance. Il faut reconnaître que c’est très important que des militaires prisonniers pendant des mois soient libérés. Tous les Sénégalais s’en félicitent. Mais il y a des questions fondamentales à traiter dans ce dossier. Il y a plusieurs factions au niveau de ce conflit. La question est complexe est difficile à régler. Mais les gens se trompent de cible en voulant tout mettre sur le dos de Yaya Jammeh. C’est un allié et non un adversaire. Il faut une démarche réaliste. On ne peut rien imposer à un chef d’Etat de la trempe de Jammeh. Il faut lui donner de la considération en tant que président d’un Etat souverain. Mais réduire la question casamançaise sur sa personne, c’est faire fausse route. |
Farba Senghor : «Les déclarations maladroites du pouvoir ont chassé les investisseurs»
Comme à son habitude, Farba Senghor n’a pas usé pas de la langue de bois pour cracher ses vérités. Dans cet entretien, l’ancien ministre de Me Abdoulaye Wade revient la levée de l’immunité de certains députés libéraux suite aux enquêtes des biens mal supposés acquis. Le membre du Comité directeur du Parti démocratique sénégalais a aussi fait une analyse froide de la situation politique et économique du Sénégal sous le magistère de Macky Sall.
Mardi 22 Janvier 2013 - 15:55
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