SETAL.NET-Le koriste Ablaye Cissokho a joué les prolongations de l'édition 2014 du festival Jazz de Saint-Louis, au grand bonheur des habitués de l’Institut français de la capitale du nord, dont les locaux abritaient un spectacle de l’artiste, comptant pour la partie "Off" dudit festival.
Les soirées "in" de la place Faidherbe finies, le rendez-vous de l'Institut français a été l'occasion d'une communion totale entre l'artiste et son public.
Celui-ci s'est régalé avec des tubes de la sa dernière production intitulée "Racines", vibrant vendredi au rythme d'un spectacle intitulé "Autour de minuit, Ablaye Cissoko invite ses amis". Il y avait là, pour accompagner le koriste, des instrumentistes de renom comme Ousmane Ba (flûte), Alé Mbaye (claviers).
Un peu après minuit en effet, alors que la place Faidherbe se désemplissait, la cour de l'Institut français enregistrait au fur et à mesure l'arrivée de ses invités. Avant la montée sur scène des artistes au programme.
Des airs de l'orchestre Cordaba remplaçaient alors les sonorités jusque-là distillées par le DJ de la soirée. Il revenait à ce groupe saint-louisien d'animer la première partie de la soirée, à l'initiative de la BICIS, de BNP Paribas et de l'Institut français.
Avec l'irruption de Ablaye Cissokko sur scène, les tubes de son dernier CD, "Racines", ont commencés à être entonnés par un public visiblement subjugué par le talent et la virtuosité du koriste. Il avait reçu entre temps le renfort de certains de ses complices, des musiciens turcs.
Le batteur de Cordaba cédait son siège à un musicien turc qui se mettait tout de suite en évidence, le feeling entre les deux artistes faisant le reste, après quelques échanges avec son hôte.
"En 2002, je n'étais pas content quand la Turquie avait éliminé le Sénégal, mais aujourd'hui, je suis heureux de partager la scène avec un Turc", a déclaré le koriste. Et le dialogue entre les deux de se poursuivre à travers leurs instruments, le musicien turc faisant étalage de toute sa classe.
Il quittait la scène, après avoir longtemps fait vibrer les spectateurs, sous les yeux de l'ambassadeur de la Turquie Sibel Al Gan, qui a effectué le déplacement. Mais le show ne s'arrêtait pas en si bon chemin.
Au tour des instrumentistes de se mettre en vedette. Ablaye s'éclipsait un temps pour les mieux exposer. Ousmane Ba (flûte) Jeannot Mendy et les autres prenaient le relais du koriste et gratifiaient le public de notes parfois douces, par moments endiablées.
Que dire alors de l'échange qui a suivi entre Alé Mbaye et Ablaye Cissoko (clavier-kora), alors que les autres prenaient une pause bien méritée. Les deux complices ont par la suite été rejoints par un second artiste turc invité, guitariste celui-là. Ablaye d'inviter également "Vendredi Slam" dont les envolées poétiques ont été fort appréciées avant la fin d'une soirée qui s’est prolongée au-delà de 2 heures du matin.
"Racines", la dernière production (novembre 2013) d'Ablaye Kimingtan Cissoko - nom de griot du koriste - est un retour aux sources. L'artiste, par le biais de ce CD, rend hommage à ses origines, sa famille et ses proches.
Ablaye Cissokho s'est installé à Saint-Louis depuis 1985. La quarantaine, il fait actuellement partie des maîtres de la kora, une harpe-luth du royaume mandingue. Si l'on en croit la légende, cet instrument était le bien le plus précieux et le plus disputé d'une femme-génie. De cette créature céleste, le koriste semble avoir hérité une grâce.