"Berlusconi est fini", il "appartient aux livres d'histoire"... Hormis la passionaria Daniela Santanché qui suggère au Cavaliere de "se représenter pour mener bataille contre les juges qui veulent le tuer", éditorialistes et experts diagnostiquent la fin politique d'un homme, âgé de 76 ans, à qui d'aucuns prêtaient l'intention d'occuper un jour le Quirinal, la présidence de la République.
Ultime baroud d'honneur? L'ex-chef du gouvernement italien a affirmé samedi, sur l'une de ses chaînes de télévision, qu'il se sentait "obligé" de rester en politique "pour réformer la planète justice". Puis il a confirmé devant la presse ce qu'il avait annoncé trois jours plus tôt, à savoir qu'il renonçait à se présenter au poste de chef du gouvernement lors des législatives de 2013.
Peu importe la peine elle-même -quatre ans de prison immédiatement réduits à un seul en raison d'une amnistie. Compte tenu de la lenteur de la justice italienne -les faits incriminés remontent à 18 ans!-, elle sera prescrite avant le jugement en appel, voire en cassation. Le magnat des médias, entré en politique en 1994, a déjà été condamné dans le passé trois fois en première instance.
Ce sont les motivations du tribunal qui sont particulièrement infamantes.
Silvio Berlusconi a démontré "dans l'exécution de son dessein criminel" "une capacité particulière à commettre des délits", il a été "l'inventeur d'une évasion fiscale scientifique et systématique de portée exceptionnelle", écrivent les juges dans leurs 90 pages de motivation.
"Avec un tel pedigree judiciaire, on ne revient pas en arrière", assène Piero Colaprico, de la Repubblica (gauche). Pour lui, avec cette "sanction judiciaire nette, très dure et surtout infamante se termine une aventure titanesque née dans la télévision et achevée au tribunal".
Ce verdict est "la preuve que l'Italie a été gouvernée pendant neuf ans par un fraudeur du fisc", renchérit Il Fatto quotidiano, qui a fait de la lutte contre le Cavaliere son principal cheval de bataille.
M. Berlusconi s'est d'ailleurs insurgé contre ces termes, rappelant qu'il avait dirigé le gouvernement pendant presque dix ans, était "l'un des plus gros contribuables d'Italie", et, de surcroît, un "très bon père" et "très bon grand-père".
"comme Al Capone
"Finalement, il tombe comme Al Capone", ironise le professeur Carlo Maria Pinardi, en allusion au puissant gangster américain arrêté... pour fraude fiscale, alors que la police ne parvenait pas à prouver ses crimes.
Même s'il relativise grandement la décision judiciaire -"de nombreux grands entrepreneurs italiens ont fait pire, avec l'aide de leurs fiscalistes et comptables", affirme-t-il à l'AFP-, le professeur Pinardi est formel : "Berlusconi est fini. Si le passé, symbolisé par ce personnage d'opérette, pouvait être effacé, le pays aurait beaucoup à y gagner".
Car la condamnation du milliardaire représente également la fin d'une époque, marquée par des scandales et des procès, mais aussi un symbole de la "débrouille à l'italienne", peu soucieuse de l'intérêt public.
Pour le professeur Pinardi, qui enseigne la finance à la prestigieuse université Bocconi autrefois dirigée par Mario Monti, nul doute que l'Italie montre désormais un nouveau visage avec l'ex-commissaire européen, "une personne sérieuse, respectable, de qualité supérieure aux politiciens en Europe".
Comme le rappellent plusieurs éditorialistes, ce ne sont pas les affaires et les procès -évasion fiscale pour Mediaset, bunga-bunga et prostitution de mineure dans le Rubygate...- qui ont fait chuter le Cavaliere en novembre 2011, mais la crise financière et la défiance des partenaires européens.
Depuis, Mario Monti a rétabli la crédibilité de l'Italie devant les marchés financiers, imposé aux Italiens une sévère cure d'austérité et... s'est attaqué frontalement à l'évasion fiscale, un fléau qui prive l'Etat de quelque 120 à 150 milliards d'euros par an.
De son côté M. Berlusconi, l'un des hommes les plus riches d'Italie, a encore répété que les Italiens étaient "épouvantés par le système violent" de perception des impôts qu'il a qualifié... d'"extorsion fiscale".
Pour Gianni Riotta, de la Stampa, Berlusconi a "offert pendant 20 ans le mirage à ses partisans et l'alibi à ses ennemis que le passage difficile au monde global pouvait être escamoté en Italie".
Aujourd'hui "mirages et alibis se sont évanouis", estime-t-il. Et pour la première fois, lors des élections législatives du printemps prochain, "une génération entière d'Italiens nés après 1975 aura pour la première fois un choix sans référendum pro ou contre-Berlusconi".
Près d'un an après le "no-Berlusconi day" qui avait dégénéré en violences urbaines, samedi des dizaines de milliers de jeunes d'extrême gauche ont défilé à Rome pour le "non-Monti day". Ils arboraient des marionnettes de Mario Monti ou Angela Merkel. Le Cavaliere avait disparu.
AFP
Ultime baroud d'honneur? L'ex-chef du gouvernement italien a affirmé samedi, sur l'une de ses chaînes de télévision, qu'il se sentait "obligé" de rester en politique "pour réformer la planète justice". Puis il a confirmé devant la presse ce qu'il avait annoncé trois jours plus tôt, à savoir qu'il renonçait à se présenter au poste de chef du gouvernement lors des législatives de 2013.
Peu importe la peine elle-même -quatre ans de prison immédiatement réduits à un seul en raison d'une amnistie. Compte tenu de la lenteur de la justice italienne -les faits incriminés remontent à 18 ans!-, elle sera prescrite avant le jugement en appel, voire en cassation. Le magnat des médias, entré en politique en 1994, a déjà été condamné dans le passé trois fois en première instance.
Ce sont les motivations du tribunal qui sont particulièrement infamantes.
Silvio Berlusconi a démontré "dans l'exécution de son dessein criminel" "une capacité particulière à commettre des délits", il a été "l'inventeur d'une évasion fiscale scientifique et systématique de portée exceptionnelle", écrivent les juges dans leurs 90 pages de motivation.
"Avec un tel pedigree judiciaire, on ne revient pas en arrière", assène Piero Colaprico, de la Repubblica (gauche). Pour lui, avec cette "sanction judiciaire nette, très dure et surtout infamante se termine une aventure titanesque née dans la télévision et achevée au tribunal".
Ce verdict est "la preuve que l'Italie a été gouvernée pendant neuf ans par un fraudeur du fisc", renchérit Il Fatto quotidiano, qui a fait de la lutte contre le Cavaliere son principal cheval de bataille.
M. Berlusconi s'est d'ailleurs insurgé contre ces termes, rappelant qu'il avait dirigé le gouvernement pendant presque dix ans, était "l'un des plus gros contribuables d'Italie", et, de surcroît, un "très bon père" et "très bon grand-père".
"comme Al Capone
"Finalement, il tombe comme Al Capone", ironise le professeur Carlo Maria Pinardi, en allusion au puissant gangster américain arrêté... pour fraude fiscale, alors que la police ne parvenait pas à prouver ses crimes.
Même s'il relativise grandement la décision judiciaire -"de nombreux grands entrepreneurs italiens ont fait pire, avec l'aide de leurs fiscalistes et comptables", affirme-t-il à l'AFP-, le professeur Pinardi est formel : "Berlusconi est fini. Si le passé, symbolisé par ce personnage d'opérette, pouvait être effacé, le pays aurait beaucoup à y gagner".
Car la condamnation du milliardaire représente également la fin d'une époque, marquée par des scandales et des procès, mais aussi un symbole de la "débrouille à l'italienne", peu soucieuse de l'intérêt public.
Pour le professeur Pinardi, qui enseigne la finance à la prestigieuse université Bocconi autrefois dirigée par Mario Monti, nul doute que l'Italie montre désormais un nouveau visage avec l'ex-commissaire européen, "une personne sérieuse, respectable, de qualité supérieure aux politiciens en Europe".
Comme le rappellent plusieurs éditorialistes, ce ne sont pas les affaires et les procès -évasion fiscale pour Mediaset, bunga-bunga et prostitution de mineure dans le Rubygate...- qui ont fait chuter le Cavaliere en novembre 2011, mais la crise financière et la défiance des partenaires européens.
Depuis, Mario Monti a rétabli la crédibilité de l'Italie devant les marchés financiers, imposé aux Italiens une sévère cure d'austérité et... s'est attaqué frontalement à l'évasion fiscale, un fléau qui prive l'Etat de quelque 120 à 150 milliards d'euros par an.
De son côté M. Berlusconi, l'un des hommes les plus riches d'Italie, a encore répété que les Italiens étaient "épouvantés par le système violent" de perception des impôts qu'il a qualifié... d'"extorsion fiscale".
Pour Gianni Riotta, de la Stampa, Berlusconi a "offert pendant 20 ans le mirage à ses partisans et l'alibi à ses ennemis que le passage difficile au monde global pouvait être escamoté en Italie".
Aujourd'hui "mirages et alibis se sont évanouis", estime-t-il. Et pour la première fois, lors des élections législatives du printemps prochain, "une génération entière d'Italiens nés après 1975 aura pour la première fois un choix sans référendum pro ou contre-Berlusconi".
Près d'un an après le "no-Berlusconi day" qui avait dégénéré en violences urbaines, samedi des dizaines de milliers de jeunes d'extrême gauche ont défilé à Rome pour le "non-Monti day". Ils arboraient des marionnettes de Mario Monti ou Angela Merkel. Le Cavaliere avait disparu.
AFP