Le mouvement hip hop sénégalais a été bien représenté ce 20 juin à la cave du tribunal de Dakar. Venus prêter main forte à Déesse Major, poursuivi pour atteinte aux bonnes mœurs, rappeurs et rappeuses, ont témoigné leur compassion à leur camarade, présenté devant le procureur ce lundi en début d’après-midi.
Prenant la parole au nom du mouvement hip hop et du mouvement Y’en a marre, Malal Talla, Fou malade a dénoncé une radicalisation d'une certaine couche de la population. «La liberté d’expression c’est un acquis dans ce pays. On ne doit pas retourner en arrière. Si on observe ce qui se construit dans ce pays, les gens se radicalisent à travers certaines positions qui sont inadmissibles. Les gens doivent savoir que les artistes sont des personnes à part. Ils s’habillent de manière particulière et portent leur discours à travers leur manière de s’habiller.», relève-t-il.
Et d'inviter ses frères du mouvement hip hop à assumer leur liberté d’expression. «Il faut qu’on assume notre liberté d’expression. Il n'y a pas à s’excuser. Nos télévisions montrent n’importe quoi, des gens qui s’embrassent, qui font l’amour. Internet est accessible à tout le monde. Le leumbeul est un patrimoine de notre culture ainsi que le xaxar. On doit laisser les artistes», clame le rappeur.
Commentant la décision de la justice, Malal Talla soutient «c’est très normal quand on porte plainte que la justice écoute toutes parties. Elle a apprécié d’une manière assez positive sur ce dossier ». Et de poursuivre, «il est important que les artistes se mobilisent encore une fois sinon ils vont nous nous dicter nos textes. Et cela nous n’allons pas l’accepter. Faut refuser la radicalisation de certain couches».
Poursuivie pour atteinte aux bonnes mœurs, la rappeuse Ramatoulaye Diallo alias Déesse Major, placée en garde à vue depuis vendredi dernier, vient de recouvrer la liberté. Déférée au parquet ce matin par la Sûreté urbaine, elle a finalement été libérée par le Procureur de la République, qui a classé le dossier sans suite.