Bursa — La "génération 93" peut entrer dans l'histoire en propulsant pour la première fois l'équipe de France des moins de 20 ans en finale d'une Coupe du monde en cas de succès face au Ghana, mercredi à Bursa en demie.
L'obstacle ne paraît pas insurmontable pour les Bleuets, qui avaient dominé les Ghanéens au 1er tour (3-1) et qui semblent euphoriques depuis le début des rencontres à élimination directe.
La Turquie, balayée devant son public (4-1), et les faibles Ouzbeks, surclassés en quart de finale (4-0), ont été les victimes d'une formation qui fait enfin honneur à son statut après avoir balbutié son jeu lors de la phase de poules et offert un visage plutôt inquiétant.
Si Paul Pogba et ses coéquipiers évoluent à leur vrai niveau, le Ghana et sa défense-passoire (10 buts encaissés en 5 matches), privé en outre de la charnière centrale Attamah-Lartey et du milieu Odjer (suspension), risque de passer une sale soirée.
Une accession en finale du Mondial-2013 récompenserait ainsi logiquement une équipe qui puise sa force dans des individualités au-dessus du lot, dont la plupart sont déjà titulaires dans leurs clubs. Un avantage non négligeable dans cette catégorie d'âge.
Elle viendrait également offrir une petite bouffée d'oxygène à un football français dans le creux de la vague après la désillusion en Amérique du Sud des A (2 défaites contre l'Uruguay et le Brésil), tombés à une peu glorieuse 23e place au classement Fifa et dont la présence à la prochaine Coupe du monde est loin d'être garantie.
Dimension personnelle
Didier Deschamps ne s'est d'ailleurs pas privé de puiser dans cette génération talentueuse (Pogba) et garde un oeil très intéressé sur d'autres éléments (Digne, Kondogbia). Sans compter Raphaël Varane, actuellement blessé à un genou et qui a depuis longtemps quitté les Bleuets pour intégrer définitivement la "grande" équipe de France. C'est dire la qualité de la relève et du matériau dont dispose le sélectionneur.
Pour Pierre Mankowski, la demi-finale contre le Ghana aura aussi une certaine dimension personnelle. Après avoir égratigné le manager des sélections de jeunes Willy Sagnol à l'issue du quart de finale, le patron des moins de 20 ans savourerait volontiers sa petite revanche sur une FFF qui ne lui a pas permis de poursuivre l'aventure avec ses joueurs à l'échelon supérieur, confiant la destinée des Espoirs à l'ancien international et ex-défenseur du Bayern Munich.
"Pour l'instant, je n'ai rien fait, on n'est qu'en demi-finale, a toutefois expliqué le sélectionneur. Je me concentre sur cette demi-finale. Les joueurs sont très mobilisés. Ils savent très bien ce que représente le maillot de l'équipe de France. Mais on ne parle pas encore de ce qui se passera après. On ne parle que du Ghana et seulement du Ghana."
Les "Black Satellites", qui ont gaspillé beaucoup d'énergie pour venir à bout du Chili à la dernière seconde de la prolongation (4-3 a.p.), dimanche en quart de finale, seront quelque peu émoussés. Mais les Africains, vainqueurs en 2009 et qui participent à leur 5e demi-finale en six participations, peuvent faire valoir leur expérience alors que la France n'a goûté pour la première fois au dernier carré d'un Mondial qu'il y a deux ans en Colombie.
"C'est une équipe à prendre avec beaucoup de respect et de sérieux, a averti Mankowski. On ne fera aucune référence au premier match puisqu'il n'y a aucune comparaison entre ce match de premier tour et une demi-finale de Coupe du monde."
Les Français sont prévenus: ils ne devront pas se tromper d'objectif s'ils veulent se frayer un chemin en finale, contre le vainqueur d'Uruguay-Irak (à Trabzon), et marcher sur le toit du monde.