Les engagements contractés par Macky Sall, en signant la charte de gouvernance démocratique édictée par les Assises nationales, seraient-ils en train de rattraper le chef de l’Etat sénégalais ? Quelque 05 mois après son accession à la magistrature suprême, force est de constater que certains actes posés par le président de l’Apr écorchent l’esprit des Assises nationales.
Dernière en date : la volonté manifeste du Président de maintenir le Sénat, cette institution qualifiée de doublon de l’Assemblée et dont la suppression est vivement recommandée par le Peuple dit des Assises nationales. Et alors que le concert de protestations s’amplifie contre le maintien de la chambre haute du Parlement, dont l’utilité dans la facilitation de la représentation de proximité est vivement récusée, Macky Sall persiste et signe. Le collège électoral est convoqué pour ce 16 septembre afin de procéder au renouvellement du Sénat. Contre l’avis des Assises nationales, d’une large frange de la classe politique et de la société civile. Le Mouvement du 23 juin (M23) a déjà engagé le bras de fer contre le maintien du Sénat.
A moins d’un mois des élections sénatoriales, son comité de pilotage qui s’est réuni, ce mercredi 15 août, a convoqué une assemblée générale à laquelle prendront part toutes les parties prenantes. Prévue pour le 25 août, la rencontre se fixe pour objectif de dire non au maintien du Sénat.
Apparemment, à ce jeu, Macky semble pris au piège de son camp et de certains de ses alliés. L’Alliance pour la république (Apr) a carrément notifié à son Président, lors de la dernière réunion de son directoire, sa volonté de maintenir le Sénat et d’avoir un « apériste » à la tête de la première chambre du Parlement, selon l’ordre protocolaire des institutions. Dans un entretien accordé au journal l’Observateur en date du mardi 14 août 2012, Mbaye Ndiaye, le ministre de l’Intérieur et non moins cadre de l’Apr s’est fait explicite dans cette polémique touchant le maintien ou non du Sénat. « En un moment donné, certains avaient dit que le Sénat n’était pas opportun... Mais, nous, à l’Alliance pour la République (Apr), dès le départ, nous avions toujours refusé que le Sénat soit dissous », avait dit Mbaye Ndiaye. Ce que confortera le responsable « apériste » Moustapha Diakhaté, par ailleurs président du groupe parlementaire « Bokk yaakaar » qui a invité ouvertement le Président Macky Sall, lors de cette réunion d’instance de l’Apr, à refuser la « dictature du peuple des Assises »
Même du côté de ses alliés de Bokk Yaakaar, Macky ne semble pas avoir les coudées franches sur la question du Sénat. Les Socialistes, membres de la coalition et non moins signataires de la charte des Assises nationales (un paradoxe), sont les premiers à vanter l’utilité du Sénat dans l’armature institutionnelle du pays. Aissata Tall Sall, mairesse de Podor, s’est d’ailleurs fait le fervent avocat du maintien de cette institution qui a été insérée dans le champ de la République sous le régime …socialiste, en 1998, et qui serait selon toute vraisemblance dans le viseur d’Ousmane Tanor Dieng. Comme part du Parti socialiste dans le « Bokk Yaakaar » en partage.
RUPTURE DE BAN
Macky Sall ne semble pas en rupture de ban avec les Assises nationales, seulement pour ce qui concerne la question du Sénat. Sur bien de questions afférentes aux réformes institutionnelles et démocratiques, le président de l’Apr est dans le collimateur de la charte de gouvernance démocratique. La nomination de Mbaye Ndiaye au poste de ministre de l’Intérieur, lors de la composition du premier gouvernement post-Wade, participait de la reculade de Macky par rapport aux orientations des Assises nationales. Malgré les récriminations suscitées par l’installation à la Place Washington (ministère de l’Intérieur) du très politique Mbaye Ndiaye, Macky avait profité de la décrispation politique faisant suite à la destitution de Wade pour enrôler au poste de premier des policiers de la République le chargé des affaires électorales de l’Apr. Là encore, contre les recommandations des Assises nationales et contre l’avis de la presque totalité des acteurs politiques favorables à la nomination d’un ministre neutre au département de l’Intérieur, le Président Macky avait refusé de « dépolitiser » la gestion dudit ministère. Histoire certainement d’avoir la mainmise sur l’organisation d’élections législatives (01 juillet) qualifiées alors de déterminantes dans le parachèvement de sa victoire du 25 mars 2012.
Le cumul des fonctions de président de la République et de chef de parti, une autre forte conclusion des Assises nationales, s’impose comme écueil pour Macky Sall dans l’application de la charte de gouvernance démocratique. Alors qu’il est une réalité dans toutes les grandes démocraties du monde, le non cumul de ces deux postes pour éviter tout conflit d’intérêt dans la gestion politique de l’Etat peut se révéler comme un véritable piège pour le président de l’Apr, un parti encore en construction. Macky Sall dont la formation politique peine à réaliser cette nécessité transition d’un ancien parti d’opposition à un parti de gouvernement, peut-il se permettre de quitter la direction de l’Apr, en somme de fragiliser son parti, selon des observateurs?
DES REFORMES AU FORCEPS
Et de se conformer à l’Esprit et aux conclusions des Assises nationales. Même si le président de la République a reçu récemment une délégation du comité des Assises nationales et renouvelé son engagement pour la mise en œuvre des conclusions desdites Assises, dans les plus brefs délais, il va y réfléchir à deux fois avant de céder les rênes de son parti. Question de survie dans un espace politique où la figure du chef de l’Etat s’arrime, depuis toujours, à celle de chef de parti ! Et où la position de l’Apr n’est pas dominante dans le cadre de la reconfiguration du champ politique, après la déconfiture de l’ancien parti au pouvoir. Toutefois, avec la mise sur pied, à plus ou moins court terme, de la commission consultative de suivi des Assises nationales qu’il a avalisée lors de sa rencontre avec le comité de pilotage desdites Assises, le chef de file de l’Apr sera obligé de trancher cette question de cumul des fonctions qui l’interpelle directement.
Quid du passage du régime présidentiel au régime parlementaire ! Encore une autre passerelle à franchir pour le Président Macky dans sa jonction avec les Assises nationales. Qu’elles soient préconisées par la charte de gouvernance démocratique ou la gouvernance dite de « rupture » de Macky et son camp, les réformes institutionnelles envisagées semblent laisser une marge de manœuvre restreinte à Macky.
A défaut d’une alchimie explosive, le président de l’Apr a bien du pain sur la planche face à ses engagements par rapport à la charte de gouvernance démocratique. A moins de se rétracter et de faire du «Wax waxet».
Source: Sud Quotidien
Dernière en date : la volonté manifeste du Président de maintenir le Sénat, cette institution qualifiée de doublon de l’Assemblée et dont la suppression est vivement recommandée par le Peuple dit des Assises nationales. Et alors que le concert de protestations s’amplifie contre le maintien de la chambre haute du Parlement, dont l’utilité dans la facilitation de la représentation de proximité est vivement récusée, Macky Sall persiste et signe. Le collège électoral est convoqué pour ce 16 septembre afin de procéder au renouvellement du Sénat. Contre l’avis des Assises nationales, d’une large frange de la classe politique et de la société civile. Le Mouvement du 23 juin (M23) a déjà engagé le bras de fer contre le maintien du Sénat.
A moins d’un mois des élections sénatoriales, son comité de pilotage qui s’est réuni, ce mercredi 15 août, a convoqué une assemblée générale à laquelle prendront part toutes les parties prenantes. Prévue pour le 25 août, la rencontre se fixe pour objectif de dire non au maintien du Sénat.
Apparemment, à ce jeu, Macky semble pris au piège de son camp et de certains de ses alliés. L’Alliance pour la république (Apr) a carrément notifié à son Président, lors de la dernière réunion de son directoire, sa volonté de maintenir le Sénat et d’avoir un « apériste » à la tête de la première chambre du Parlement, selon l’ordre protocolaire des institutions. Dans un entretien accordé au journal l’Observateur en date du mardi 14 août 2012, Mbaye Ndiaye, le ministre de l’Intérieur et non moins cadre de l’Apr s’est fait explicite dans cette polémique touchant le maintien ou non du Sénat. « En un moment donné, certains avaient dit que le Sénat n’était pas opportun... Mais, nous, à l’Alliance pour la République (Apr), dès le départ, nous avions toujours refusé que le Sénat soit dissous », avait dit Mbaye Ndiaye. Ce que confortera le responsable « apériste » Moustapha Diakhaté, par ailleurs président du groupe parlementaire « Bokk yaakaar » qui a invité ouvertement le Président Macky Sall, lors de cette réunion d’instance de l’Apr, à refuser la « dictature du peuple des Assises »
Même du côté de ses alliés de Bokk Yaakaar, Macky ne semble pas avoir les coudées franches sur la question du Sénat. Les Socialistes, membres de la coalition et non moins signataires de la charte des Assises nationales (un paradoxe), sont les premiers à vanter l’utilité du Sénat dans l’armature institutionnelle du pays. Aissata Tall Sall, mairesse de Podor, s’est d’ailleurs fait le fervent avocat du maintien de cette institution qui a été insérée dans le champ de la République sous le régime …socialiste, en 1998, et qui serait selon toute vraisemblance dans le viseur d’Ousmane Tanor Dieng. Comme part du Parti socialiste dans le « Bokk Yaakaar » en partage.
RUPTURE DE BAN
Macky Sall ne semble pas en rupture de ban avec les Assises nationales, seulement pour ce qui concerne la question du Sénat. Sur bien de questions afférentes aux réformes institutionnelles et démocratiques, le président de l’Apr est dans le collimateur de la charte de gouvernance démocratique. La nomination de Mbaye Ndiaye au poste de ministre de l’Intérieur, lors de la composition du premier gouvernement post-Wade, participait de la reculade de Macky par rapport aux orientations des Assises nationales. Malgré les récriminations suscitées par l’installation à la Place Washington (ministère de l’Intérieur) du très politique Mbaye Ndiaye, Macky avait profité de la décrispation politique faisant suite à la destitution de Wade pour enrôler au poste de premier des policiers de la République le chargé des affaires électorales de l’Apr. Là encore, contre les recommandations des Assises nationales et contre l’avis de la presque totalité des acteurs politiques favorables à la nomination d’un ministre neutre au département de l’Intérieur, le Président Macky avait refusé de « dépolitiser » la gestion dudit ministère. Histoire certainement d’avoir la mainmise sur l’organisation d’élections législatives (01 juillet) qualifiées alors de déterminantes dans le parachèvement de sa victoire du 25 mars 2012.
Le cumul des fonctions de président de la République et de chef de parti, une autre forte conclusion des Assises nationales, s’impose comme écueil pour Macky Sall dans l’application de la charte de gouvernance démocratique. Alors qu’il est une réalité dans toutes les grandes démocraties du monde, le non cumul de ces deux postes pour éviter tout conflit d’intérêt dans la gestion politique de l’Etat peut se révéler comme un véritable piège pour le président de l’Apr, un parti encore en construction. Macky Sall dont la formation politique peine à réaliser cette nécessité transition d’un ancien parti d’opposition à un parti de gouvernement, peut-il se permettre de quitter la direction de l’Apr, en somme de fragiliser son parti, selon des observateurs?
DES REFORMES AU FORCEPS
Et de se conformer à l’Esprit et aux conclusions des Assises nationales. Même si le président de la République a reçu récemment une délégation du comité des Assises nationales et renouvelé son engagement pour la mise en œuvre des conclusions desdites Assises, dans les plus brefs délais, il va y réfléchir à deux fois avant de céder les rênes de son parti. Question de survie dans un espace politique où la figure du chef de l’Etat s’arrime, depuis toujours, à celle de chef de parti ! Et où la position de l’Apr n’est pas dominante dans le cadre de la reconfiguration du champ politique, après la déconfiture de l’ancien parti au pouvoir. Toutefois, avec la mise sur pied, à plus ou moins court terme, de la commission consultative de suivi des Assises nationales qu’il a avalisée lors de sa rencontre avec le comité de pilotage desdites Assises, le chef de file de l’Apr sera obligé de trancher cette question de cumul des fonctions qui l’interpelle directement.
Quid du passage du régime présidentiel au régime parlementaire ! Encore une autre passerelle à franchir pour le Président Macky dans sa jonction avec les Assises nationales. Qu’elles soient préconisées par la charte de gouvernance démocratique ou la gouvernance dite de « rupture » de Macky et son camp, les réformes institutionnelles envisagées semblent laisser une marge de manœuvre restreinte à Macky.
A défaut d’une alchimie explosive, le président de l’Apr a bien du pain sur la planche face à ses engagements par rapport à la charte de gouvernance démocratique. A moins de se rétracter et de faire du «Wax waxet».
Source: Sud Quotidien