Le débat qui transperce le système éducatif sénégalais depuis un certain nombre de jours interpelle tous les acteurs en général, et les techniciens que nous sommes en particulier. Notre pays ne peut s’extraire de la marche globale d’un monde en pleine mutation. En réalité, les effets pervers d’une mondialisation à outrance restent lisibles à tous les niveaux de la vie. Plusieurs études récemment parues ont confirmé les défaillances de l’essentiel des systèmes éducatifs de notre planète, dont les causes sont multiples.
Dans notre pays, si certains problèmes semblent récurrents, c’est parce qu’on ne s’y est jamais attardé pour leur apporter des solutions durables. Et l’on ne se rend même pas compte que l’on ne fait que déplacer les difficultés année après année. L’épineux problème que beaucoup d’acteurs désignent d’un doigt accusateur reste aujourd’hui les effectifs scolaires. Pourtant, souvent brandi, le poids des effectifs ne pèse pas pourtant systématiquement sur les performances de nos apprenants. Toutefois, la spécificité pédagogique alimentée par la sensibilité de la question, nourrit une passion si forte qu’elle submerge du coup, la logique des faits. Cependant, quelles mises en relation peut-on faire entre effectif scolaire et réussite en classe? Le meilleur niveau scolaire est-il obligatoirement productible de l’existence de « petits groupes » ? Dans notre pays, on a régulièrement eu de meilleurs résultats dans des établissements à classes qualifiées de pléthoriques que dans d’autres structures de même niveau, mais ayant des effectifs réduits. Ailleurs, en France par exemple, on réussit mieux dans certains lycées d’Île-de-France avec de gros effectifs que dans les ZEP (zones d’éducation prioritaire) dont le nombre d’élèves par classe tourne autour de 20. Dés lors, la question est légitimement posée de savoir si les « grands groupes » ont un impact négatif sur le succès scolaire.
En tous les cas, le Regards sur l'éducation de 2010 de l’Organisation pour la Coopération et le Développement en Europe (OCDE) montre qu’il n’y a pas de lien de cause à effet entre gros effectifs en classe et échec scolaire. Il ressort de cette étude que dans beaucoup de pays les structures privées ayant des effectifs par classe plus élevé enregistrent les meilleures performances.
D’autres études - notamment celles de Thomas Picketty et Mathieu Valdenaire respectivement directeur de l'école d'économie de Paris et directeur d'études à l'EHESS de Paris - ont quant à elles, révélé l’importance des effectifs réduits par classe dans les espaces défavorisés à prédominance d’élèves en difficulté. Mais, ce duo a aussi démontré que dans des structures abritant des catégories d’apprenants doués ou sans difficulté, la taille des effectifs n’influe pas du tout sur la réussite ou l’échec scolaire.
Toutefois, l'idée qui a remporté notre adhésion est celle selon laquelle la qualité et le niveau des enseignants, ainsi que les méthodes pédagogiques utilisées ont un impact plus significatif sur les résultats que les effectifs par classe. Cette idée met en exergue la valeur de la formation de nos enseignants, ainsi que leur engagement personnel et leur motivation. La réduction des effectifs a toujours été une préoccupation centrale - même si elle a été souvent diffuse - des syndicats d’enseignants, mais aussi de certains parents. Cependant, nous prétendons comme beaucoup de techniciens et experts en éducation que cette revendication repose sur des bases non exemptes de critiques. Elle est d’ailleurs dangereuse dans un pays dont la population juvénile dépasse 65%. La réduction des effectifs est un slogan destructeur de notre éducation, car l’accroissement des effectifs scolaires est logiquement proportionnel au développement de la population de notre pays. Il s'agit pour notre pays d'assumer son accroissement démographique en composant avec le manque de moyens financiers et infrastructurels, afin que celui-ci ne constitue pas un frein à la scolarisation de nos enfants et la formation de notre jeunesse. C’est pour cette raison aussi que nous invitons les autorités étatiques en général, et le Ministre de l’Education en particulier de s’en tenir au réel, c’est-à-dire se battre pour l’éducation de tous les éducables sans exclusive. Dans ce sillage, nous avons apprécié à sa juste valeur la dernière sortie de ce dernier sur la question.
In fine, ce qui importe à nos yeux reste la profondeur du questionnement de l’ensemble des acteurs de notre système éducatif et leur militantisme pédagogique. Toutefois, cela ne peut occulter la condition essentielle de réussite des apprentissages qu’est la qualité et la motivation des enseignants d’une part, et d’autre part la prise en compte correcte de la relation pédagogique entre élèves. C’est pourquoi, nous prétendons qu’en arriver à penser que les gros effectifs sont la cause des échecs scolaires signifierait prendre l’ombre pour la proie. Et nous sommes convaincus que le patriotisme de nos leaders syndicaux et leur expertise prendront le pas sur le pédagogisme rampant de ces dernières années La réussite d’un élève ne dépend pas de l’effectif de sa classe, mais de la qualité de son enseignant, du bon niveau de ses camarades et du cadre pédagogiquement inclusif dans lequel se déroulent les enseignements.
Amadou Lamine Ndiaye
Coordonnateur National du C.R.I.E
Cadre Républicain des Inspecteurs de l’Enseignement
Cadrerepublicaindesinspecteurs@gmail.com
Dans notre pays, si certains problèmes semblent récurrents, c’est parce qu’on ne s’y est jamais attardé pour leur apporter des solutions durables. Et l’on ne se rend même pas compte que l’on ne fait que déplacer les difficultés année après année. L’épineux problème que beaucoup d’acteurs désignent d’un doigt accusateur reste aujourd’hui les effectifs scolaires. Pourtant, souvent brandi, le poids des effectifs ne pèse pas pourtant systématiquement sur les performances de nos apprenants. Toutefois, la spécificité pédagogique alimentée par la sensibilité de la question, nourrit une passion si forte qu’elle submerge du coup, la logique des faits. Cependant, quelles mises en relation peut-on faire entre effectif scolaire et réussite en classe? Le meilleur niveau scolaire est-il obligatoirement productible de l’existence de « petits groupes » ? Dans notre pays, on a régulièrement eu de meilleurs résultats dans des établissements à classes qualifiées de pléthoriques que dans d’autres structures de même niveau, mais ayant des effectifs réduits. Ailleurs, en France par exemple, on réussit mieux dans certains lycées d’Île-de-France avec de gros effectifs que dans les ZEP (zones d’éducation prioritaire) dont le nombre d’élèves par classe tourne autour de 20. Dés lors, la question est légitimement posée de savoir si les « grands groupes » ont un impact négatif sur le succès scolaire.
En tous les cas, le Regards sur l'éducation de 2010 de l’Organisation pour la Coopération et le Développement en Europe (OCDE) montre qu’il n’y a pas de lien de cause à effet entre gros effectifs en classe et échec scolaire. Il ressort de cette étude que dans beaucoup de pays les structures privées ayant des effectifs par classe plus élevé enregistrent les meilleures performances.
D’autres études - notamment celles de Thomas Picketty et Mathieu Valdenaire respectivement directeur de l'école d'économie de Paris et directeur d'études à l'EHESS de Paris - ont quant à elles, révélé l’importance des effectifs réduits par classe dans les espaces défavorisés à prédominance d’élèves en difficulté. Mais, ce duo a aussi démontré que dans des structures abritant des catégories d’apprenants doués ou sans difficulté, la taille des effectifs n’influe pas du tout sur la réussite ou l’échec scolaire.
Toutefois, l'idée qui a remporté notre adhésion est celle selon laquelle la qualité et le niveau des enseignants, ainsi que les méthodes pédagogiques utilisées ont un impact plus significatif sur les résultats que les effectifs par classe. Cette idée met en exergue la valeur de la formation de nos enseignants, ainsi que leur engagement personnel et leur motivation. La réduction des effectifs a toujours été une préoccupation centrale - même si elle a été souvent diffuse - des syndicats d’enseignants, mais aussi de certains parents. Cependant, nous prétendons comme beaucoup de techniciens et experts en éducation que cette revendication repose sur des bases non exemptes de critiques. Elle est d’ailleurs dangereuse dans un pays dont la population juvénile dépasse 65%. La réduction des effectifs est un slogan destructeur de notre éducation, car l’accroissement des effectifs scolaires est logiquement proportionnel au développement de la population de notre pays. Il s'agit pour notre pays d'assumer son accroissement démographique en composant avec le manque de moyens financiers et infrastructurels, afin que celui-ci ne constitue pas un frein à la scolarisation de nos enfants et la formation de notre jeunesse. C’est pour cette raison aussi que nous invitons les autorités étatiques en général, et le Ministre de l’Education en particulier de s’en tenir au réel, c’est-à-dire se battre pour l’éducation de tous les éducables sans exclusive. Dans ce sillage, nous avons apprécié à sa juste valeur la dernière sortie de ce dernier sur la question.
In fine, ce qui importe à nos yeux reste la profondeur du questionnement de l’ensemble des acteurs de notre système éducatif et leur militantisme pédagogique. Toutefois, cela ne peut occulter la condition essentielle de réussite des apprentissages qu’est la qualité et la motivation des enseignants d’une part, et d’autre part la prise en compte correcte de la relation pédagogique entre élèves. C’est pourquoi, nous prétendons qu’en arriver à penser que les gros effectifs sont la cause des échecs scolaires signifierait prendre l’ombre pour la proie. Et nous sommes convaincus que le patriotisme de nos leaders syndicaux et leur expertise prendront le pas sur le pédagogisme rampant de ces dernières années La réussite d’un élève ne dépend pas de l’effectif de sa classe, mais de la qualité de son enseignant, du bon niveau de ses camarades et du cadre pédagogiquement inclusif dans lequel se déroulent les enseignements.
Amadou Lamine Ndiaye
Coordonnateur National du C.R.I.E
Cadre Républicain des Inspecteurs de l’Enseignement
Cadrerepublicaindesinspecteurs@gmail.com
Débat sur son mandat à l’UCAD : la réponse du recteur Pr Ahmadou Aly Mbaye…
