Guy Stephan, ancien Sélectionneur des lions du Sénégal : "Il faut que les joueurs soient plus engagés pour le maillot national"

Les choses sérieuses semblent avoir commencé pour Balla Gaye 2 et Tapha Tine avec cette histoire de trace sang retrouvée à la devanture et sur le véhicule du coach Omez (Tapha Tine).


Guy, à distance suivez-vous l’évolution de l’équipe du Sénégal ?

Oui, je suis bien l’équipe du Sénégal et j’ai constaté que le stade Léopold Sédar
Senghor a été suspendu pour un an. Maintenant, la question est de savoir si l’équipe nationale du Sénégal a la possibilité de jouer ailleurs.

Que ressentez-vous au fond ?

Je pense qu’il y a de bons joueurs et de bons entraîneurs au Sénégal. Il faut qu’il y ait juste une continuité et une régularité. Le problème de l’équipe nationale, c’était d’être tombée sur la Côte d’Ivoire. Après le tirage au sort, on savait tous qu’une nation de football allait tomber. Malheureusement, ça a été le Sénégal. Je pense qu’il faut éviter tout pessimisme. Il y a de bons footballeurs, il n’y a pas de raison que le Sénégal ne revienne pas au devant de la scène.

Est-ce qu’intérieurement, il ne vous arrive pas de regretter votre passage au Sénégal ?

Je n’ai pas de regret particulier. C’est arrivé à un moment bien précis. Aujourd’hui, je
pense qu’il faut donner aux plus jeunes joueurs le temps d’arriver au niveau international. Le chemin à parcourir est encore long.

Le Sénégal cherche un entraîneur. Quel est, selon vous, le meilleur profil qui pourra faire l’affaire de tous ?

Pour arriver à entraîner une équipe nationale, il faut être passionné, bien connaître le pays,
avoir un groupe homogène avec de la concurrence. Et il faut surtout que tout le pays soit derrière l’équipe nationale.

Aliou Cissé est en course pour coacher la sélection. Vous qui l’avez connu en tant que footballeur, pensez-vous qu’il est l’homme de la situation ?

Je ne suis pas actuellement au Sénégal. J’ai beaucoup d’occupations et de charges. Mais qui connaît l’homme sait qu’Aliou Cissé est plein d’expérience en tant que footballeur d’abord. Il a ensuite entraîné l’équipe olympique qui est arrivée en quart de finale des derniers JO. Cela n’arrive pas tous les jours. Il connaît bien l’environnement de l’équipe et, surtout, le football sénégalais. C’est un candidat crédible.

On sait que vous avez des liens avec Amara Traoré qui a échoué contre toute attente…

(Il coupe). Amara est un bon entraîneur qu’on le veuille ou non. Il a malheureusement eu un accident de parcours. Cela arrive à tous les entraîneurs du monde. Malheureusement,
au Sénégal, certaines erreurs ne pardonnent pas. Il a de bonnes relations avec les joueurs. Mais ça n’a pas voulu se passer dans le bon sens.

En Afrique, certains entraîneurs étrangers, européens notamment, sont qualifiés de mercenaires. Qu’en pensez-vous ?

(Remonté). Vous savez, il y a beaucoup d’entraîneurs européens qui peuvent réussir en Afrique et qui y ont déjà réussi. Mais il y a aussi des entraîneurs locaux pleins de qualités qui peuvent réussir dans leur pays. À partir du moment où une décision est prise, il faut tout mettre en oeuvre pour permettre à l’entraîneur qui est nommé de réussir. La Fédération doit faire attention dans son choix.

Huit ans après, avez-vous le sentiment en tant que sélectionneur d’avoir échoué au Sénégal ?

(Il hésite). On peut toujours mieux faire. (Il se répète). Nous, on était allé à la Coupe
d’Afrique (Tunisie 2004, ndlr), cela n’a pas toujours été le cas par la suite...

Votre aventure s’était tristement achevée et vous avez claqué la porte...

Oui. Parce que c’est arrivé à un moment où tout le pays n’était pas derrière l’équipe
nationale. Malheureusement, le Sénégal, en 2013, ne sera pas présent et était déjà absent en 2010. Voilà, c’est dommage pour tout le pays.

Vous êtes cité parmi les entraîneurs qui ont négativement marqué la vie de la Tanière parce qu’en partant du Sénégal vous avez pompé 150 millions FCFA dans les caisses de l’État ?

(Encore plus remonté). Non, là il y a eu beaucoup de mensonges ! Mais je ne suis pas là pour parler de ça. Si vous voulez, on parle de football, mais ne parlons plus des choses qui se sont passées en 2004. Nous, on s’est qualifié à la CAN, ce qui n’est pas le cas de tout le monde. On est allé en quarts de finale de la CAN et on s’est fait battre par la Tunisie, qui a gagné la compétition. Elle nous a battus contre le cours du jeu.

Vous auriez été lâché par les joueurs parce que, semble-t-il, vous ne maîtrisiez plus le vestiaire ?

Non, pas du tout. (Il esquive la question). C’était il y a huit. Depuis, je suis passé par
Marseille avec Didier Deschamps. On a été champion de France, on a gagné six
trophées. Aujourd’hui, on est avec l’équipe de France. J’étais ravi d’être au Sénégal, j’y retourne quand je peux. Mais c’est la vie. On ne peut pas revenir sur le passé.
 
Coach, pensez-vous que le football sénégalais pourra retrouver son niveau d’antan ?

Ce serait bien que l’équipe nationale puisse jouer au Sénégal et ce serait bien aussi
qu’il y ait moins de débordements durant les matches. Il faut que les joueurs puissent
être engagés pour le maillot national. Parce que les supporters sont souvent découragés par certains comportements.

Qu’avez-vous retenu de votre passage à Marseille ?

Beaucoup de titres surtout : six trophées, dont un titre de champion de France, trois Coupes de la Ligue et deux trophées des champions. On a fait trois saisons pleines. Avec Didier Deschamps, on a fait un bon travail. Maintenant, nous souhaitons bonne chance à ceux qui sont en place.

Sur quoi s’appuyaient vos discours pour gagner tous ces titres ?

C’était un discours de toute la semaine. Ce n’est pas seulement le jour du match. C’est en fonction des blessés et des suspensions que nous mettons en oeuvre une stratégie pour éviter certaines surprises.

Elie Baup tient-il le même discours que son prédécesseur à Marseille ?

Je ne suis pas spécifiquement l’OM, mais plutôt toutes les équipes concernées par les internationaux. Il faut être à l’intérieur du club pour savoir ce qui ne marche pas. L’équipe passe une mauvaise période, surtout à domicile, mais cela ne veut pas dire que cette situation va durer.

L’histoire semble bien commencer avec les Bleus où vous êtes l’adjoint de Deschamps. Ça doit être le début d’une grande aventure ?

Ça se passe super bien avec les Bleus. Le plus important dans le sport de haut niveau, c’est la régularité. Il faut continuer. On a fait un excellent match en Espagne et en Italie. On va faire la même chose au mois de février quand on jouera l’Allemagne. C’est bien de jouer des matches compliqués, mais il faut continuer le travail. Et c’est pour ça qu’on est là.

Moussa Sarr

Mercredi 12 Décembre 2012 13:07

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