La télévision France 24 a diffusé un long débat opposant M. Hollande du Parti socialiste (PS) à M. Sarkozy de l’Union pour la majorité présidentielle (UMP).
Les deux candidats ont discuté de plusieurs sujets dont la dette extérieure de la France, sa politique de coopération militaire et sa politique d’immigration, sur laquelle ils sont très attendus du côté de l’Afrique, point de départ de milliers d’émigrés à destination de l’Hexagone, chaque année.
‘’Le nombre de personnes rentrant dans notre pays en situation légale est de 200 mille par an. […] Vous avez accepté que rentrent dans notre territoire, pour des raisons illégales, 200.000 immigrés supplémentaires’’, a dénoncé le candidat socialiste, lors de ce débat.
‘’Moi, je dis que l’immigration économique, il faut la limiter. […] Je pense qu’aujourd’hui, nous n’avons pas à avoir plus d’immigration économique’’, a déclaré M. Hollande.
‘’Si je suis élu, il y aura chaque année, au Parlement, une discussion pour savoir exactement le nombre que nous pouvons admettre pour l’immigration économique’’, a-t-il indiqué.
François Hollande, qui opte pour la réduction des flux de travailleurs migrants en France, a toutefois dénoncé la mesure prise en mai par le ministre de l’Intérieur Claude pour durcir les conditions d’accès au territoire français pour les étudiants étrangers.
Le Collectif du 31 mai, un mouvement regroupant plusieurs personnalités françaises dont l’écrivain et membre de l’Académie française Jean-Christophe Rufin, a, dans une pétition rendue publique en décembre dernier, appelé le gouvernement de France à retirer cette circulaire qui durcit les conditions d’accès des étudiants étrangers aux universités de l’Hexagone.
‘’[…] Je suis pour qu’il y ait des étudiants étrangers qui viennent apprendre sur notre territoire. C’est regrettable que M. Guéant [ministre de l’Intérieur] fasse une circulaire pour rendre plus compliquée leur situation. Nous avons besoin de ses talents parce qu’ils ont, avec notre langue, développé des savoirs très précieux pour nous’’, a-t-il dit.
‘’Pour les demandeurs d’asile, nous en recevrons 50.000 à 60.000 par an. Ils mettent un an et demi avant d’obtenir une réponse. Je dis que nous devrions donner une réponse, en six mois, aux demandeurs d’asile’’, a proposé M. Hollande.
S’il est élu, le ‘’niveau des revenus’’ et ‘’les conditions de logement’’ des immigrés seront examinés avant leur accès au territoire français, a-t-il annoncé.
Le candidat du Parti socialiste s’est montré flexible cependant en matière de regroupement familial. ‘’Je considère que nous ne pouvons pas empêcher un Français ou une Française, sauf si son mariage est contestable ou contesté, de faire venir son conjoint ou sa conjointe en France’’, a affirmé M. Hollande.
‘’Je considère que l’immigration illégale peut être maîtrisée et qu’on ne peut pas fixer des objectifs, qui seront tout à fait hors d’atteinte. Nous ne sommes pas d’accord avec les chiffres’’, a-t-il soutenu.
Le président-candidat Nicolas Sarkozy a réaffirmé sa ligne dure en matière de gestion des flux migratoires, ‘’l’immigration choisie’’ qu’il a théorisée en 2006, ministre de l’Intérieur de l’époque.
‘’Le problème est le suivant : nous avons accueilli trop de monde, ce qui a paralysé notre système d’intégration. Nous n’avons pas assez d’emplois, pas assez d’écoles, pas assez de logements. Il faut donc réduire le nombre de ce ceux que nous accueillons, pas parce que nous ne les aimons pas, pas parce que nous avons peur d’eux […]’’, a-t-il fait valoir.
‘’La France est un pays ouvert et je sais moi-même d’où je viens’’, a ajouté M. Sarkozy, faisant allusion à ses origines hongroises. ‘’[…] Je ne peux pas dire aux Français de réduire nos dépenses pour faire des économies et accepter l’immigration qui viendrait en Français parce qu’elle est tentée par des prestations sociales parmi les plus élevées’’, s’est-il défendu.
Sur cette base, a-t-il ajouté, ‘’j’ai donc proposé que, pour les cinq années qui viennent, nous divisions par deux les flux de 180.000 [immigrés] entrant en France’’.
‘’Je propose que dans tous nos consulats soit organisé un examen de français’’ et de ‘’connaissance des valeurs de la République’’ française ‘’pour toute personne âgée de 16 ans’’ et souhaitant immigrer en France.
‘’Je ne sais pas comment on peut intégrer en France des personnes qui ne parlent pas un mot de français. Au plan social, a-t-il indiqué, ‘’je propose que les étrangers puissent toucher des prestations sociales […] après 10 années de présence en France [et] payer les mêmes droits et les mêmes devoirs’’ que les Français.
Abordant la question de la sécurité et de la démocratie en Afrique de l’Ouest, le président Sarkozy s’est désolé des nouvelles crises politico-militaires dans la sous-région, notamment au Mali, tout en saluant l’élection du président sénégalais Macky Sall.
En juin 2007, Nicolas Sarkozy avait remporté le second tour de l’élection présidentielle, devant Ségolène Royal du PS. Pour dimanche, les sondages le donnent perdant devant le candidat socialiste.