Le directeur général des Manufactures sénégalaises des Arts décoratifs (MSAD), Sidy Seck, a rendu hommage samedi à l’écrivain Mbaye Gana Kébé, décédé le 11 avril dernier à l'âge de 76 ans, saluant un ‘’maître de la communication non verbale’’, moins connu que celui ‘’incontesté du verbe et de la plume’’.
‘’Entre le +rhéteur+ au sens attribué dans l’antiquité grecque qu’il fut et +l’auteur+ de tous les temps qu’il restera à jamais, Mbaye Gana Kébé avait aussi l’art de marquer des arrêts, ses propres arrêts, les siens à lui, synonymes de +silences+’’, écrit M. Seck dans un texte transmis dimanche à l’APS.
Il a fait ce témoignage à l’occasion d’une cérémonie d’hommage organisé par l’Association des écrivains du Sénégal (AES), à son siège à Kër Birago (Point E). Mbaye Gana Kébé était le président du Conseil d’adminstration des Manufactures sénégalaises des Arts décoratifs.
‘’Vous conviendrez donc avec moi que devant ce maître dont la pluralité du génie dépasse tout entendement, que l’exercice d’en parler en si peu de temps est assurément difficile’’, a relevé Seck, après avoir évoqué ‘’le maître’’ dans l’art de l’écriture, du discours, de l’art de l’argumentation, entre autres qualités du disparu.
‘’Mais il l’est encore plus du fait que, pour des raisons subjectives, j’ai pris le parti de passer sur le +connu+ pour me souvenir du génie le +moins connu+ de l’Homme voire même de son génie le plus énigmatique. Je veux parler des «silences» de Mbaye Gana Kébé’’, a-t-il précisé dans son hommage à celui qu’il appelait ‘’affectueusement+Maam Kébé+ (grand-père Kébé) et qui le lui rendait en l’appelant ‘’sama sëtt’’ (mon petit-fils).
Ancien élève de l'Ecole normale supérieure (ENS), devenue Faculté des sciences et technologies de l'éducation et de la formation (FASTEF), Kébé fut professeur de lettres. Il est l’auteur d’une trentaine d’ouvrages dont ‘’Kaalaak Sikkim’’, ‘’Le Blanc du Nègre’’ et ‘’L’Afrique parle’’ et fut enseignant à l’Ecole nationale des officiers d’active (ENOA), basée à Thiès.
Enumérant des qualités de Mbaye Gana Kébé comme maître de la communication non verbale, le directeur général des MSAD a cité, ‘’dans le silence de la procession incessante des tapisseries’’, le ‘’silence de ses empreintes indélébiles’’, le ‘’silence saccadé de ses pas de veilleur’’, le ‘’silence imperturbable du gardien du temple'', le ‘’silence éloquent de ses doigts pointés vers le ciel’’.
‘’Je me souviens encore, sur son lit, de ses mains +silencieusement+ tendues vers moi, dans le +silence+ assourdissant de l’hôpital, sollicitant de son +sëtt+ des prières’’, écrit Sidy Seck, estimant que ‘’l’homme au souffle légendaire a tant et si bien produit des chefs-d’œuvre qu’il en est lui-même devenu un’’.
Il a salué ‘’l’un des artistes contemporains les plus achevés de son temps’’, dont les silences ‘’parlent, interpellent, fascinent (...)’’.
‘’Les +silences+ de Maam Kébé sont une de ces énigmes dont il faut toujours se souvenir. Les +silences+ de Maam Kébé sont une de ces énigmes à conter de générations en générations’’, dit Sidy Seck, assurant avoir ‘’écouté, entendu et compris’’ le défunt.
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