Placé sous mandat de dépôt depuis le 16 août 2021, le prévenu Omar Coulibaly a contesté les faits qui lui sont reprochés. Mais il a quand même avoué, à la barre, avoir téléchargé une application d’un site de rencontre pour adultes. Sur ce site, il avait mis sa propre photo comme profil. Ainsi il raconte : « le lendemain de l’ouverture de mon compte, un jeune répondant au nom de Elly Traoré, de manière anonyme m’a envoyé un message en souhaitant me rencontrer. Par la suite, on s’est donné rendez-vous à l’hôtel Terrou-bi avant de me donner le numéro de sa chambre 141. Je croyais que c’était une femme », se dédouane-t-il. Il poursuit : « arrivé à l’hôtel, je l'ai appelé en lui disant que j’étais au niveau de l’accueil, c’est ainsi qu’il m’a invité à le rejoindre dans sa chambre. Après quelques minutes d’échanges, il a entendu la voix de son père qui le recherchait. Sur ces entrefaites, il me demanda d’aller me cacher dans la salle de bain parce que son père ne voulait pas qu’il reçoive des visites dans sa chambre. Croyant que son père était parti, je suis sorti des toilettes. Et c’est à ce moment qu’il m’a aperçu et m’a empoigné en me menaçant. »
La partie civile Elly Traoré représentée par son père Moussa Traoré n’a pas comparu à l’audience. Toutefois, il avait déclaré à l’enquête préliminaire que le mis en cause lui avait demandé de lui faire une fellation qu’il avait filmée. Ensuite, il a commencé à lui faire un chantage en lui réclamant la somme de 300 mille francs.
Par ailleurs, le mineur avait confié aux enquêteurs qu’il avait trafiqué son âge en s’inscrivant sur ce site de rencontre particulièrement réservé aux homosexuels, bisexuels et lesbiennes. Des allégations balayées d’un revers de main par le prévenu qui soutient mordicus que rien ne s'est passé entre lui et le jeune garçon.
Appelé à la barre, le témoin Khadim Diop a fait savoir au juge que le jour des faits, le gamin (Elly Traoré) avait clairement dit à son père après plusieurs hésitations qu’ils sont passés à l’acte.
Selon Me Ousmane Thiam, même si la partie civile n’est pas présente, le tribunal doit se rendre compte de la mauvaise foi du prévenu. Car dit-il, avant d’installer cette application, il savait que ce site était uniquement réservé aux homosexuels. À cet effet, la robe noire sollicite que le prévenu soit maintenu dans les liens de la détention.
Prenant la parole, le représentant du ministère public a précisé que les faits sont établis tant dans leur matérialité que dans leur imputabilité. Selon lui, en visitant ce site, on se rend compte que c’est un site de rencontre entre homosexuels et lesbiennes.
Concernant le délit de tentative d’extorsion, le parquet a tenu à éclaircir qu’il n’y a pas d’éléments objectifs dans ce dossier qui montrent que le prévenu lui a soutiré de l’argent. Au regard de tout cela, le maître des poursuites a demandé sa relaxe de ce chef afin de le déclarer coupable des faits d’acte contre nature. Sur ce, il requiert 2 ans d’emprisonnement dont 1 an ferme.
Selon la défense, Me Bocar Arfan Ndao a souligné qu’en tant que père de famille, il est mal à l’aise dans ce dossier. D’après lui, dans le Coran, Dieu a dit de les lapider ou de les tuer après les avoir vu de vos propres yeux. « Je ne jure pas de l’innocence, mais je ne constate pas la culpabilité », a-t-il dit pour attirer l’attention du Tribunal. Finalement, le juge a rendu une décision qui a surpris toute l’assistance en relaxant le prévenu Omar Coulibaly au bénéfice du doute...