A 51 ans, dont près de la moitié dans le journalisme, le Sénégalais Ibou Fall excelle dans la satire qu'il distille dans ses livres estampillés "Sénégalaiseries" et le mensuel "Le P'tit railleur sénégalais" qu'il vient tout juste de créer.
Le titre complet de son journal, qu'il préfère qualifier de "trentomadaire", est: "Le P'tit railleur (pas forcément) sénégalais, le journal qui broie du noir et rit jaune".
Au Sénégal où, depuis 1977 près de dix journaux satiriques ont été créés avant de disparaître, dont certains après un beau succès, une initiative de ce genre est "un pari suicidaire", écrit son fondateur dans son éditorial de présentation.
Ibou Fall reconnaît que la périodicité choisie et le prix de vente (1.000 FCFA, soit 1,52 euro), ne correspondent "en rien à ce qui peut faire un succès commercial", mais il y croit.
"L'esprit satirique, je le dois à mes lectures de BD" durant l'enfance passée entre le Congo et le Burkina Faso avant un retour au Sénégal à l'âge de 10 ans, raconte à l'AFP ce "journaliste qui s'est formé sur le tas".
Physique d'adolescent à lunettes en dépit de ses cheveux et barbe de deux jours poivre et sel, il a été piqué par "cette manière de déformer la réalité à travers le dessin enveloppé dans de l'humour".
"Depuis, j'ai un regard déformant sur tout, c'est presque une inclination naturelle à vouloir rigoler de tout, voire ricaner, même quand c'est tragique", ajoute-t-il.
Ce Dakarois est aujourd'hui marié, père de quatre enfants, auteur de cinq livres qu'il surnomme "Sénégalaiseries" et fondateur d'autres journaux satiriques aujourd'hui disparus.
Pourtant, il y a 30 ans, rien ne permettait de l'imaginer faisant carrière dans l'écrit et le journalisme.
"Tout m’intéresse"
"J'ai juste le bac", option lettres et après six ans de grec et latin, "j'ai essayé de faire philo, ça ne m'intéressait pas. Puis, j'ai essayé aussi de faire lettres, mais là, je me suis complètement planté", et après deux ans en première année d'université, "je suis allé chercher du boulot", raconte-t-il.
"C'est comme ça que je suis entré en 1984 dans une petite maison de commerce" comme secrétaire, coursier, comptable... "J'étais payé 50.000 FCFA (un peu plus de 76 euros par mois) à faire tout et n'importe quoi. Ca a duré jusqu'en 1989".
Cette année-là, il pose véritablement pied dans le journal fondé par Abdoulaye Wade, alors opposant, "Sopi" (changement, en langue ouolof), d'abord correcteur, puis billettiste. De là, son chemin passe par près de dix journaux comme journaliste ou fondateur.
En 2005, il crée une petite maison d'édition, Forte impression, qui "me permet en même temps d'écrire des bouquins et parfois de tenter des aventures" de presse.
Seize ans après son premier "Sénégalaiseries", il publie en 2009 son deuxième livre, "Dieu le pire". Depuis, trois autres ont suivi, jusqu'à "NTS, Nouveau Type de Sénégalaiseries", publié cette année.
Point commun à tous ses ouvrages: sa plume truculente qui dissèque avec une joyeuse irrévérence la société sénégalaise, ses dirigeants (des "égocrates. Nous sommes gouvernés par leurs vanités", clame-t-il dans un de ses livres), ses people, ses communs des mortels...
Il affuble par exemple l'actuel président sénégalais Macky Sall de l'appellation "Sa Rondeur" en précisant que "ça n'a rien à voir avec sa physionomie même si l'homme est un rien enveloppé", mais plutôt "avec son style: l'air de rien, ça roule".
Ibou Fall a bien conscience de ne pas faire rire tout le monde, mais il n'en a cure.
"C'est clair que quand on fait un satirique, on ne se fait pas d'amis", affirme-t-il, excluant tout tabou et toute auto-censure: "Je ne vois pas ce sur quoi je m'interdirais de m'exprimer (...) Tout m'intéresse".
Pour Lina Husseini, fondatrice de la librairie sénégalaise Athéna, "Le P'tit railleur" doit "garder le cap". "Nous avons besoin de ce regard qui nous oblige à être et/ou rester en éveil", écrit-elle sur sa page de réseau social.
AFP
Le titre complet de son journal, qu'il préfère qualifier de "trentomadaire", est: "Le P'tit railleur (pas forcément) sénégalais, le journal qui broie du noir et rit jaune".
Au Sénégal où, depuis 1977 près de dix journaux satiriques ont été créés avant de disparaître, dont certains après un beau succès, une initiative de ce genre est "un pari suicidaire", écrit son fondateur dans son éditorial de présentation.
Ibou Fall reconnaît que la périodicité choisie et le prix de vente (1.000 FCFA, soit 1,52 euro), ne correspondent "en rien à ce qui peut faire un succès commercial", mais il y croit.
"L'esprit satirique, je le dois à mes lectures de BD" durant l'enfance passée entre le Congo et le Burkina Faso avant un retour au Sénégal à l'âge de 10 ans, raconte à l'AFP ce "journaliste qui s'est formé sur le tas".
Physique d'adolescent à lunettes en dépit de ses cheveux et barbe de deux jours poivre et sel, il a été piqué par "cette manière de déformer la réalité à travers le dessin enveloppé dans de l'humour".
"Depuis, j'ai un regard déformant sur tout, c'est presque une inclination naturelle à vouloir rigoler de tout, voire ricaner, même quand c'est tragique", ajoute-t-il.
Ce Dakarois est aujourd'hui marié, père de quatre enfants, auteur de cinq livres qu'il surnomme "Sénégalaiseries" et fondateur d'autres journaux satiriques aujourd'hui disparus.
Pourtant, il y a 30 ans, rien ne permettait de l'imaginer faisant carrière dans l'écrit et le journalisme.
"Tout m’intéresse"
"J'ai juste le bac", option lettres et après six ans de grec et latin, "j'ai essayé de faire philo, ça ne m'intéressait pas. Puis, j'ai essayé aussi de faire lettres, mais là, je me suis complètement planté", et après deux ans en première année d'université, "je suis allé chercher du boulot", raconte-t-il.
"C'est comme ça que je suis entré en 1984 dans une petite maison de commerce" comme secrétaire, coursier, comptable... "J'étais payé 50.000 FCFA (un peu plus de 76 euros par mois) à faire tout et n'importe quoi. Ca a duré jusqu'en 1989".
Cette année-là, il pose véritablement pied dans le journal fondé par Abdoulaye Wade, alors opposant, "Sopi" (changement, en langue ouolof), d'abord correcteur, puis billettiste. De là, son chemin passe par près de dix journaux comme journaliste ou fondateur.
En 2005, il crée une petite maison d'édition, Forte impression, qui "me permet en même temps d'écrire des bouquins et parfois de tenter des aventures" de presse.
Seize ans après son premier "Sénégalaiseries", il publie en 2009 son deuxième livre, "Dieu le pire". Depuis, trois autres ont suivi, jusqu'à "NTS, Nouveau Type de Sénégalaiseries", publié cette année.
Point commun à tous ses ouvrages: sa plume truculente qui dissèque avec une joyeuse irrévérence la société sénégalaise, ses dirigeants (des "égocrates. Nous sommes gouvernés par leurs vanités", clame-t-il dans un de ses livres), ses people, ses communs des mortels...
Il affuble par exemple l'actuel président sénégalais Macky Sall de l'appellation "Sa Rondeur" en précisant que "ça n'a rien à voir avec sa physionomie même si l'homme est un rien enveloppé", mais plutôt "avec son style: l'air de rien, ça roule".
Ibou Fall a bien conscience de ne pas faire rire tout le monde, mais il n'en a cure.
"C'est clair que quand on fait un satirique, on ne se fait pas d'amis", affirme-t-il, excluant tout tabou et toute auto-censure: "Je ne vois pas ce sur quoi je m'interdirais de m'exprimer (...) Tout m'intéresse".
Pour Lina Husseini, fondatrice de la librairie sénégalaise Athéna, "Le P'tit railleur" doit "garder le cap". "Nous avons besoin de ce regard qui nous oblige à être et/ou rester en éveil", écrit-elle sur sa page de réseau social.
AFP