Le Doyen des juges vient de réussir une belle opération. Le directeur de Myna-Distribution, qui gagnait tous les marchés de la Senelec, Pape Aly Guèye a accepté de cautionner pour éviter de justesse un mandat de dépôt vendredi dernier. Il a mis sur la table 8 milliards dont six milliards de francs Cfa en chèques et une valeur de deux milliards en caution hypothécaire, c’est-à-dire des biens immobiliers.
L’homme d’affaires que certains identifient comme étant un ami de l’ex-ministre de l’Energie, Samuel Sarr, était cuisiné par les gendarmes de la Section de recherche depuis vendredi dernier. C’est à la suite de cette audition qu’il a été présenté au Doyen des juges qui l’a inculpé de deux chefs d’accusation. Il est poursuivi pour escroquerie portant sur des deniers publics et du délit de faux et usage de faux. Pape Aly Guèye, qui se trouve être aussi le beau-fils de l’homme d’affaires Mbackiyou Faye, a ainsi préféré monnayer sa liberté au prix fort en acceptant de cautionner cette rondelette somme. Car, il est resté pendant plusieurs heures vendredi dernier, dans la cave du Palais de justice de Dakar avant de retrouver par ce procédé la chaleur familiale.
Il y a deux ans, La Gazette avait révélé un gros scandale dans son édition. Abdoulatif Coulibaly, alors patron de ce magazine avait dans un article, identifié un nombre total de quatre contrats majeurs qui lui ont été octroyés entre 2005 et 2010, pour un montant global de 22 milliards de F Cfa par son ami Samuel Sarr, ministre de l’Energie durant cette période.
Le journaliste avait dénoncé les conditions très «favorables» qui étaient offertes à l’homme d’affaires Pape Aly Guèye pour l’exécution de ces contrats. «Les clauses contractuelles arrêtées lui accordent des tolérances de l’ordre de 20%, en moins ou en plus, sur toute marchandise passée et livrée par la société», écrivait le journaliste. Selon toujours le journal, certains cadres de la Senelec, analysant cette clause contractuelle, avaient considéré que c’était «un vol organisé qui permettait aux protagonistes du marché de se partager 20% du montant des marchandises facturées mais non livrées au client du fait de la marge de tolérance accordée».
Ainsi, sur le premier contrat d’un peu plus de 7 milliards, il lui était loisible de ne pas livrer 20% des poteaux commandés. «Ce qui représente un montant total d’au moins 1, 2 milliard de F Cfa», écrivait M. Coulibaly.
S’en suivra une seconde commande pour un montant de plus de deux milliards de F Cfa. Au total, lit-on dans l’article de La Gazette, Aly Guèye a reçu une commande totale de 50 139 poteaux, pour un montant global de 3 590 834 339 francs Cfa. Des poteaux dont la longueur varie entre 9 et 12 mètres. Ils ont été tous livrés à la Senelec, le problème est qu’une mission du Contrôle général de la société a relevé de très graves défauts sur le matériel livré.
Pire, avait souligné Latif, Myna- Distribution n’a jamais remplacé ou remboursé le matériel avarié, estimé en quantité à 50 139 poteaux, son coût financier à 3 590 834 339 F CFA. Comme on le constate, en refusant de se conformer aux recommandations de la mission de contrôle et d’y donner suite, Myna Distribution et son protecteur réussissaient ainsi à gagner plus de 3 milliards de F CFA, sur le dos de la société d’Etat.
Source: Le Quotidien