Infanticide : le doute profite à Rose Tabar


La cour d’assises de Ziguinchor (Sud) a acquitté au bénéficie du doute, vendredi, l’accusée Rose Tabar, une femme qui avait accouché en cachette, dans les buissons d'un village d'Oussouye, avant d'y laisser son bébé, a constaté l’APS. Les éléments de la brigade de gendarmerie du Cap-Skirring sont informés de l'horrible nouvelle le 25 juin 2010. Plus précisément, il s'agit de la découverte du corps sans vie d’un nouveau-né, dans les buissons du village d’Essaout, dans le département d'Oussouye.

Quand ils arrivent à la maternité de la localité, ils trouvent la dépouille du nouveau-né dont la mère n’est autre que Rose Tabar.

Aux enquêteurs, la matrone du village, Madiéba Diatta, déclare que, dans la matinée du 24 juin 2010, l’accusée s’était présentée une première fois à la maternité en indiquant qu’elle avait fait une fausse couche.

Elle dit avoir dans la foulée demandé à Rose Tabar de se rendre au centre de santé d’Oussouye pour y subir des consultations. Mais quelle ne fut sa surprise d’apprendre qu'elle s’était plutôt rendue à Ziguinchor.

La matrone ajoute que la mise en cause a continué à lui cacher la vérité, avant qu’elle-même ne s’en ouvre finalement à une amie de sa tutrice.

Au fil du temps, l’accusée finit par avouer qu’elle avait accouché d’un nouveau-né qu’elle a jeté dans les buissons.

Guidée par Rose Tabar, la matrone et d’autres femmes du village se rendent dans la forêt où elles découvrent le cadavre du nouveau-né, enroulé dans un pagne et placé dans un sachet en plastique.

Edice Koudiéroba Diatta, la tutrice de l’accusée, explique qu’elle était venue au village pour se faire soigner, après avoir contracté la fièvre jaune. Elle a ajouté que Rose Tabar ne lui avait révélé sa grossesse qu’à la veille de son accouchement. .

La mise en cause a servi la thèse de l’avortement aux enquêteurs et au juge d’instruction, reconnaissant n’avoir jamais effectué de visites prénatales. Elle a expliqué l’abandon de son nouveau-né dans la brousse par l’interdiction faite aux femmes d’accoucher à domicile. Selon elle, la croyance dit que l’accouchement à domicile cause la ruine des résidents.

A la barre, Rose Tabar a maintenu la version selon laquelle son enfant est un mort-né. Elle précise néanmoins que sa grossesse était bien arrivée à terme. Elle affirme qu’elle aurait assumé ses responsabilités en gardant l’enfant, s’il était né vivant.

Un certificat de genre de mort établi le 25 juin 1010 (…) au niveau du district sanitaire d’Oussouye révèle que le nouveau-né, dont le corps était en état de putréfaction très avancé, était de sexe masculin, à terme et viable. Sa mort aurait été causée par une asphyxie, selon le médecin-légiste.

‘’N’eût été l’intervention des braves dames d’Essaout, cette affaire ne serait jamais portée à la connaissance de la justice’’, a estimé l’avocat général Gormack Tall. Selon le magistrat, le certificat de genre de mort indique que le nouveau-né de sexe masculin est mort à la suite d’une strangulation.

L’accusée, dit-il, avait bien muri un plan pour se débarrasser de son bébé. En raison de la gravité des faits, il a requis 5 ans de travaux forcés.

Mais Me Aboubacry Deh, l’avocat de la défense, a relevé toutes les difficultés rencontrées par l’avocat général pour asseoir son accusation, en raison de l’absence de preuves tangibles et scientifiques. L’avocat a souligné que le médecin légiste n’est même pas sûr des causes du décès de l’enfant, en employant le conditionnel.

La dissimulation de la grossesse ne peut pas être un motif de culpabilité, a-t-il dit, soulignant que sa cliente n’avait aucun intérêt à se débarrasser de son bébé, parce qu’elle n’en est pas à sa première expérience.

Il a plaidé pour l’acquittement de Rose Tabar, estimant qu’il n’existe aucune preuve scientifique attestant que l’enfant est né vivant et à terme. La cour d’assises a finalement acquitté la mise en cause au bénéfice du doute.

APS

Samedi 30 Mars 2013 08:29

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