Dans la maison d’un moine bouddhiste d’un quartier cossu d’une banlieue de l’Est de Paris, Ludovic-Mohamed Zahed s’agenouille et prie face à la Mecque. La salle de dix mètres carrés dans laquelle il s’installe deviendra vendredi la première mosquée ultra progressiste d’Europe, un espace à la fois «gay-friendly» et féministe où seront accueillis homosexuels, transgenres et transsexuels, et où les femmes seront encouragées à mener la prière.
«C’est une mosquée radicalement inclusive, une mosquée où les gens peuvent venir comme ils sont», explique Ludovic-Mohamed Zahed, porteur de ce projet.
Pour la première prière, vendredi (Ndlr : aujourd’hui), ce Franco-Algérien de 35 ans attend 20 musulmans. Mais le nombre de fidèles de cette mosquée atypique pourrait vite grimper, estime ce doctorant en anthropologie et psychologie.
Son association «Homosexuels musulmans de France», aujourd’hui forte de 325 membres, a été créée en 2010 avec un petit groupe de six personnes, se souvient-il.
Le moine bouddhiste zen Federico Joko Procopio, homosexuel et militant des droits des lesbiennes, gays, bisexuels et transgenres, lui prête une pièce de son dojo par solidarité. «Au-delà de cette cause commune, il y a aussi ce symbole important d’une religion qui tend la main à une autre religion sur un sujet qui est plus que délicat», a-t-il expliqué.
Jusque-là, Ludovic-Mohamed Zahed priait chaque vendredi avec plusieurs milliers de fidèles dans la grande Mosquée de Paris. Cet homosexuel musulman appréciait l’anonymat du lieu et le contenu, jamais politique, des prêches qui y étaient dispensées. Mais une telle combinaison est rare et, même dans la foule, certains individus, transsexuels en transition ou hommes efféminés notamment, sont «repérés tout de suite», dit-il. Il entend donc offrir un lieu à tous ceux qui pourraient ne pas se sentir à l’aise dans des lieux de culte traditionnels.
Une démarche très utile, estime Lounès, 38 ans, qui suit actuellement une formation hebdomadaire pour mener la prière dans cette future mosquée. «C’est un espace qui manque cruellement en France», estime-t-il, demandant à ce que son identité ne soit pas révélée, à cause du «battage médiatique». «Il y a beaucoup de gens qui quittent la religion parce qu’en face d’eux, ils ont des interlocuteurs violents», dit-il. «Nous sommes une poignée de gens qui ont juste envie de prier et de se sentir bien», ajoute-t-il, avant de glisser : «Être homosexuel et musulman, c’est à la limite de la schizophrénie».
Extracommunautaire
Cette initiative n’a reçu le soutien d’aucune institution musulmane, de nombreux imams et personnalités de l’islam de France y voyant un projet contraire à la religion. «Il y a des musulmans homosexuels, ça existe, mais ouvrir une mosquée c’est une aberration, parce que la religion c’est pas ça», estime Abdallah Zekri, président de l’Observatoire des actes islamophobes, sous l’autorité du Conseil français du culte musulman (Cfcm).
«Nous ne culpabilisons pas les homosexuels, mais nous ne pouvons pas donner une place à cette pratique au point qu’elle devienne un aspect de la société», renchérit Dalil Boubakeur, recteur de la grande Mosquée de Paris. Pour lui, cette mosquée ne saurait être reconnue. «C’est quelque chose d’extracommunautaire», dit-il.
Sous le croissant doré et l’étoile verte de la grande Mosquée de Paris, au sortir de la prière du vendredi, la plupart des fidèles partagent ce sentiment. «L’homosexualité est interdite dans toutes les religions, le Coran dit que c’est interdit, c’est même grave», lance Khaled, Algérien de passage à Paris.
Plus loin, Samia, doctorante en économie, et son mari Soufiene, informaticien, jugent la démarche saugrenue. «La prière, c’est un rituel, on ne peut pas la faire comme on veut, il faut la faire comme Allah attend qu’on la fasse», estime Soufiene. «Ça ne sera pas une mosquée musulmane, ça sera autre chose», avance de son côté Samia.
En plein débat sur le mariage homosexuel, un projet gouvernemental qui doit être discuté au Parlement début 2013, et auquel les représentants de toutes les religions monothéistes sont opposés, l’ouverture de cette mosquée cristallise les passions. D’autant plus que Ludovic-Mohamed Zahed, qui s’est marié religieusement en février dernier à un autre homme - avec lequel il s’était auparavant marié civilement en Afrique du Sud -, est médiatiquement associé à cette question.
Pourtant, assure-t-il, «c’est vraiment un hasard de calendrier». D’ailleurs, ce nouvel espace de prière, qui n’est «pas une mosquée pour gays», n’a pas vocation à célébrer des mariages homosexuels. «On n’a pas besoin de mosquée pour ça.»
Même s’il se défend d’avoir pour objectif de «convaincre tout le monde de devenir homophile», Ludovic-Mohamed Zahed se félicite de commencer à recevoir, outre les menaces, des emails d’encouragements et de questionnements. «Quelque chose est en train de frémir», estime-t-il.
«C’est une mosquée radicalement inclusive, une mosquée où les gens peuvent venir comme ils sont», explique Ludovic-Mohamed Zahed, porteur de ce projet.
Pour la première prière, vendredi (Ndlr : aujourd’hui), ce Franco-Algérien de 35 ans attend 20 musulmans. Mais le nombre de fidèles de cette mosquée atypique pourrait vite grimper, estime ce doctorant en anthropologie et psychologie.
Son association «Homosexuels musulmans de France», aujourd’hui forte de 325 membres, a été créée en 2010 avec un petit groupe de six personnes, se souvient-il.
Le moine bouddhiste zen Federico Joko Procopio, homosexuel et militant des droits des lesbiennes, gays, bisexuels et transgenres, lui prête une pièce de son dojo par solidarité. «Au-delà de cette cause commune, il y a aussi ce symbole important d’une religion qui tend la main à une autre religion sur un sujet qui est plus que délicat», a-t-il expliqué.
Jusque-là, Ludovic-Mohamed Zahed priait chaque vendredi avec plusieurs milliers de fidèles dans la grande Mosquée de Paris. Cet homosexuel musulman appréciait l’anonymat du lieu et le contenu, jamais politique, des prêches qui y étaient dispensées. Mais une telle combinaison est rare et, même dans la foule, certains individus, transsexuels en transition ou hommes efféminés notamment, sont «repérés tout de suite», dit-il. Il entend donc offrir un lieu à tous ceux qui pourraient ne pas se sentir à l’aise dans des lieux de culte traditionnels.
Une démarche très utile, estime Lounès, 38 ans, qui suit actuellement une formation hebdomadaire pour mener la prière dans cette future mosquée. «C’est un espace qui manque cruellement en France», estime-t-il, demandant à ce que son identité ne soit pas révélée, à cause du «battage médiatique». «Il y a beaucoup de gens qui quittent la religion parce qu’en face d’eux, ils ont des interlocuteurs violents», dit-il. «Nous sommes une poignée de gens qui ont juste envie de prier et de se sentir bien», ajoute-t-il, avant de glisser : «Être homosexuel et musulman, c’est à la limite de la schizophrénie».
Extracommunautaire
Cette initiative n’a reçu le soutien d’aucune institution musulmane, de nombreux imams et personnalités de l’islam de France y voyant un projet contraire à la religion. «Il y a des musulmans homosexuels, ça existe, mais ouvrir une mosquée c’est une aberration, parce que la religion c’est pas ça», estime Abdallah Zekri, président de l’Observatoire des actes islamophobes, sous l’autorité du Conseil français du culte musulman (Cfcm).
«Nous ne culpabilisons pas les homosexuels, mais nous ne pouvons pas donner une place à cette pratique au point qu’elle devienne un aspect de la société», renchérit Dalil Boubakeur, recteur de la grande Mosquée de Paris. Pour lui, cette mosquée ne saurait être reconnue. «C’est quelque chose d’extracommunautaire», dit-il.
Sous le croissant doré et l’étoile verte de la grande Mosquée de Paris, au sortir de la prière du vendredi, la plupart des fidèles partagent ce sentiment. «L’homosexualité est interdite dans toutes les religions, le Coran dit que c’est interdit, c’est même grave», lance Khaled, Algérien de passage à Paris.
Plus loin, Samia, doctorante en économie, et son mari Soufiene, informaticien, jugent la démarche saugrenue. «La prière, c’est un rituel, on ne peut pas la faire comme on veut, il faut la faire comme Allah attend qu’on la fasse», estime Soufiene. «Ça ne sera pas une mosquée musulmane, ça sera autre chose», avance de son côté Samia.
En plein débat sur le mariage homosexuel, un projet gouvernemental qui doit être discuté au Parlement début 2013, et auquel les représentants de toutes les religions monothéistes sont opposés, l’ouverture de cette mosquée cristallise les passions. D’autant plus que Ludovic-Mohamed Zahed, qui s’est marié religieusement en février dernier à un autre homme - avec lequel il s’était auparavant marié civilement en Afrique du Sud -, est médiatiquement associé à cette question.
Pourtant, assure-t-il, «c’est vraiment un hasard de calendrier». D’ailleurs, ce nouvel espace de prière, qui n’est «pas une mosquée pour gays», n’a pas vocation à célébrer des mariages homosexuels. «On n’a pas besoin de mosquée pour ça.»
Même s’il se défend d’avoir pour objectif de «convaincre tout le monde de devenir homophile», Ludovic-Mohamed Zahed se félicite de commencer à recevoir, outre les menaces, des emails d’encouragements et de questionnements. «Quelque chose est en train de frémir», estime-t-il.