Italie : une élue locale appelle au viol de la ministre de l'Intégration


Jamais Cecile Kyenge n'avait subi pareil traitement. Depuis sa nomination dans le gouvernement Letta, la ministre de l'intégration, italo-congolaise, a été insultée, vilipendée, conspuée en raison de la couleur noire de sa peau. Ce jeudi, Dolores Valandro, une conseillère d'arrondissement de Padoue, ville du nord de l'Italie, a fait pire. «Mais pourquoi personne ne l'a jamais violée, juste pour lui faire comprendre ce que peut éprouver la victime de ce terrible délit ? Quelle honte», a écrit sur sa page Facebook cette élue locale de la Ligue du Nord, parti anti-immigrés et régionaliste. Depuis plusieurs semaines, certains de ses membres sont en première ligne pour attaquer Cecile Kyenge.

Dolores Valandro, suspendu récemment par son parti pour des querelles internes, a lancé cet appel au viol alors qu'elle commentait un article publié sur le site internet «Tous les crimes des immigrés». Il s'agit d'une tentative de viol qu'aurait commis un Somalien sur deux Roumaines à Gênes.

La Ligue du Nord s'était montrée clémente vis-à-vis des personnes qui insultaient Cecile Kyenge. Cette fois-ci, ses dirigeants ont changé de discours. «Je me dissocie de la manière la plus totale de la phrase violente, stupide et inopportune écrite par (...) Dolores Valandro. Nous prendrons immédiatement des mesures disciplinaires à son encontre et je lui ai personnellement demandé d'enlever cette phrase de son profil Facebook et de présenter ses excuses» à Mme Kyenge, a réagi Massimo Bitonci, chef des sénateurs de la Ligue du Nord et président de la section où est inscrite la conseillère.

Flavio Tosi, maire de Vérone et secrétaire régional du parti pour la Vénétie, a dénoncé «une déclaration inqualifiable» annonçant «l'expulsion, ce soir», de Dolores Valandro.

Cecile Kyenge, 48 ans, est la première femme noire de l'histoire de l'Italie à accéder au rang de ministre. Arrivée dans la botte en 1983 de la République Démocratique du Congo, elle se bat depuis sa nomination pour ouvrir un débat sur une réforme de la citoyenneté basée sur le droit du sol.

A son entrée au gouvernement, elle avait été violemment attaquée par le député européen de la Ligue du Nord, Mario Borghezio. «C'est un éloge à l'incompétence (...) Elle a la tête d'une femme au foyer», avait-il asséné. Ces propos racistes lui ont valu d'être exclu début juin des rangs du groupe EFD du Parlement européen, farouchement opposé aux institutions européennes.

LeParisien.fr

Vendredi 14 Juin 2013 10:45

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