Un militaire de 23 ans a été arrêté pour avoir fomenté une attaque contre une mosquée de Vénissieux lors de la fin du ramadan. Le recteur de la grande mosquée de Lyon, Kamel kabtane réagit à cette annonce.
Que vous inspire l'arrestation de ce militaire qui aurait eu un projet d'attentat contre une mosquée de Vénissieux, et «aurait par ailleurs violemment porté atteinte l’an dernier à une autre mosquée située dans la région bordelaise», d'après le ministère de l'Intérieur ?
Nous sommes d'autant plus inquiets qu'il s'agit justement d'un militaire qui a dû passer des tas de tests, rencontrer des tas de psys. Et chez qui on n'a rien détecté alors qu'il était, d'après le ministère de l'Intérieur, coutumier du fait.
Mais nous saluons la réaction de Manuel Valls qui a mis tout de suite cette affaire sur la place publique, de façon à montrer que le gouvernement ne transigera pas devant des situations de la sorte.
Avez-vous une idée de la raison pour laquelle cette mosquée en particulier était visée ?
Le militaire concerné n'est pas originaire de la région, donc on ne sait pas quelle connaissance il a de cette mosquée. Elle a été inaugurée il y a très peu de temps et ses responsables sont des gens tout à fait normaux.
Peut être que pour ce militaire, Vénissieux est une ville emblématique, où la communauté musulmane est importante. C'est de là aussi où est partie la Marche des beurs en 1982.
Vous dénoncez un climat d'islamophobie en France, sur quelles bases ?
Selon le ministère de l'Intérieur, les attaques antimusulmanes ont augmenté de 50% depuis un an. Mais cela fait des années que le climat se dégrade, que la parole islamophobe se libère, et que l'on observe des mosquées vandalisées ou taguées, des agressions contre des femmes voilées. L'une d'elle a perdu son bébé après avoir été attaquée. Et ces actes ne sont pas suffisamment sanctionnés. Les personnes arrêtées sont condamnées à des peines symboliques ou relâchées.
Que réclamez-vous ?
L'arsenal juridique existe, il faut l'appliquer. Nous appelons également à la création d'une commission parlementaire afin de pouvoir mesurer cette situation et trouver les moyens d'y faire face.
La demande de la création d'une telle commission est ancienne, mais le précédent gouvernement ne l'a pas fait. Le regrettez-vous ?
Tous les gouvernements ont, face à cette situation, la même attitude : «Moins on en dit, mieux ce sera.» Ils préfèrent se voiler la face. Or, la communauté musulmane est aujourd'hui en danger.