‘’Jusqu’à présent, je me méfie toujours du terme écrivain, parce que je ne veux même pas être classée comme écrivain, je veux qu’on dise que c’est quelqu’un qui veut devenir un écrivain. Je préfère plutôt ça’’, a-t-elle déclaré dans un entretien publié dans l’édition de jeudi du quotidien privé Enquête.
Selon Ken Bugul, Mariétou Mbaye de son vrai nom, ‘’l’écriture, c’est un travail très difficile et en dehors du talent, il y a le travail’’. L’exigence pour la perfection. C’est une œuvre de créativité, ce n’est pas raconter des histoires’’.
‘’Tout le monde a des histoires à raconter. C’est la manière de raconter que je trouve essentielle’’, estime Ken Bugul, diplômée de langues et spécialiste du développement et de la planification familiale.
‘’Je sais que (mes livres) sont des succès de librairie, mais en même temps, je n’en saute pas de joie. Au contraire, je suis de plus en plus effrayée, j’ai de plus en plus peur. Quand j’écris, j’ai de plus en plus d’appréhension car à chaque fois que je commence un nouveau livre, je deviens de plus en plus exigeante’’, souligne-t-elle.
‘’Je trouve que tout ce que j’ai écrit jusqu’a présent, ce n’est pas bon. Je ne suis jamais satisfaite. Quand un livre est sorti, j’ai même honte de dire que c’est moi qui l’ai écrit. Même si j’ai beaucoup travaillé, je trouve qu’on peut encore mieux faire’’, a-t-elle encore déclaré.
‘’Par rapport aux succès de librairie ou la célébrité du nom de Ken Bugul, moi, derrière, j’ai tout le temps envie de me cacher sous le lit. Parce que je dis non, il faut que je continue à travailler pour sortir un livre mieux écrit, mieux maîtrisé. Mais malheureusement, je ne sais pas si je vais y arriver mais je fais des efforts’’, dit-elle encore.
Native de Louga, Ken Bugul, Mariètou Mbaye de son vrai nom, est installée au Bénin (Porto Novo) depuis la fin de sa carrière de fonctionnaire internationale. Récompensée par le Grand Prix littéraire d’Afrique Noire, elle est l’une des figures majeures de la littérature africaine.
Son roman ‘’La folie et la mort’’ (Présence africaine, 2000) est déjà tenu pour un classique, et exprime selon la critique son talent dans l’art narratif, sa capacité à créer un univers fantastique qui intègre harmonieusement l’imaginaire africain avec ses contes, légendes et allégories.
Ken Bugul a notamment publié ‘’Nouvelles du Sénégal’’ (Magellan et Cie, 2010) ‘’Mes hommes à moi’’ (Présence africaine, 2008), ‘’La pièce d’Or’’ (Ubu, 2006), Rue Félix-Faure ((Hoëbeke, 2005), ‘’Les larmes du lac’’ (Joca Seria, 2004).
La Sénégalaise est aussi l’auteur de ‘’De l’autre côté du regard’’ (Serpent à plumes, 2003), ‘’Riwan ou le chemin des sables’’ (Présence africaine, 2001), ‘’Cendres et braises’’ (L’Harmattan, 1994).
APS