Kenya: décision attendue sur la validité de la présidentielle

Le Kenya, toujours traumatisé par les terribles violences post-électorales de fin 2007, attendait samedi la décision de la Cour suprême du pays sur la validité ou non de la présidentielle du 4 mars et de la victoire proclamée de Uhuru Kenyatta au premier tour, contestée par son rival Raila Odinga.


Le Kenya, toujours traumatisé par les terribles violences post-électorales de fin 2007, attendait samedi la décision de la Cour suprême du pays sur la validité ou non de la présidentielle du 4 mars et de la victoire proclamée de Uhuru Kenyatta au premier tour, contestée par son rival Raila Odinga.

La Commission électorale kényane (IEBC) a proclamé M. Kenyatta vainqueur avec 50,07% des suffrages au premier tour et 8.000 voix seulement au dessus de la barre de la majorité absolue des votants exigée par la Constitution. Le camp Odinga et des associations citoyennes ont déposé des recours, arguant d'irrégularités dans la liste électorale, lors du scrutin et de son dépouillement.

L'heure de l'énoncé de la décision n'était pas connu précisément, mais la greffière en chef, Gladys Shollei, a annoncé qu'elle serait rendue "avant 17H00" (14H00 GMT). Aucune indication n'a filtré sur la teneur de cette décision.

La police, dont des unités de ses forces spéciales, était déployée en force samedi matin autour du bâtiment de la Cour suprême, dont elle barrait tout accès, ainsi qu'aux alentours dans le centre de Nairobi, avant de relâcher quelque peu ce dispositif en fin de matinée.
Le chef de la police kényane David Kimaiyo a averti vendredi qu'aucun rassemblement ne serait autorisé à proximité de la Cour et que la police réprimerait tout débordement ailleurs dans le pays.

Le pays "sous haute sécurité"

"Certaines informations indiquent que des partis ont prévu de rassembler leurs partisans devant la Cour suprême durant l'énoncé de la décision; nous n'autoriserons pas de tels rassemblements", a mis en garde M. Kimaiyo. "L'ensemble du pays sera placé sous haute sécurité, nous ne tolérerons aucune forme de violence", a-t-il ajouté.

La Constitution ne prévoit, a priori, que deux options pour la Cour suprême: déclarer l'élection valide et entériner la victoire de M. Kenyatta -- fils du premier président du Kenya, Jomo Kenyatta -- ou invalider le scrutin dans sa totalité, auquel cas une nouvelle présidentielle devrait être organisée dans les 60 jours.

La décision des six juges de la Cour suprême n'est susceptible d'aucun recours et en cas de validation, le résultat de la présidentielle sera définitif et M. Kenyatta devrait être investi le 9 avril.

Le scrutin et la proclamation des résultats de la présidentielle du 4 mars se sont déroulés sans incident notable, malgré les craintes d'une répétition des terribles violences (plus de 1.000 morts) provoquées fin 2007 par l'annonce de la courte défaite de M. Odinga, à l'époque face au sortant Mwai Kibaki, soutenu alors par M. Kenyatta.

Immédiatement après la proclamation de la victoire de M. Kenyatta par l'IEBC cette année, M. Odinga a appelé ses partisans au calme, indiquant faire confiance à la Cour suprême, issue de la nouvelle Constitution adoptée en 2010 et censée mettre fin à des années d'arbitraire.
La décision de la Cour est, à ce titre, guettée avec énormément d'attention au Kenya et perçue comme un test pour cette institution à la réputation encore intacte dans le pays, selon les analystes. MM. Kenyatta et Odinga ont tous deux assuré qu'ils respecteraient cette décision, quelle qu'elle soit.

M. Kenyatta est par ailleurs, comme son colistier William Ruto, poursuivi par la Cour pénale internationale (CPI) pour crimes contre l'humanité pour sa participation présumée aux violences ayant suivi le scrutin de 2007.

Lors de la semaine écoulée, après huit jours de débats, les avocats des camps Kenyatta et Odinga, des associations requérantes et de l'IEBC ont exposé arguments et contre-arguments lors d'audiences retransmises en direct et en intégralité sur plusieurs chaînes de télévision et largement suivies dans le pays.

Recomptage partiel des résultats

Lundi, la Cour avait ordonné le recomptage des résultats dans 22 bureaux de vote (sur les quelque 32.000 du pays) dans lesquels, selon le camp Odinga, le nombre de bulletins dépouillés excédait celui des électeurs inscrits.

Le lendemain, les six juges avaient en revanche rejeté deux requêtes du camp Odinga: une demande d'expertise des systèmes d'identification biométrique des électeurs et de transmission électronique des résultats provisoires, qui se sont avérés totalement défaillants le jour du scrutin.
Les kits d'identification biométrique avaient rapidement cessé de fonctionner dans de nombreux bureaux et l'IEBC avait été contrainte d'arrêter à mi-chemin le décompte électronique des résultats provisoires, en raison d'importants problèmes techniques.

L'effondrement du système, censé garantir la sincérité du scrutin, a ouvert la voie aux "possibilités de fraude et de manipulation qui ont effectivement eu lieu", a estimé le camp Odinga dans son recours devant la Cour suprême.

La Cour avait également écarté mardi pour des raisons de procédure, plus de 800 pages d'offres de preuves et d'annexes, déposées par le camp Odinga.

M. Kenyatta a quant à lui dû s'excuser durant la semaine après avoir parlé des six juges de la Cour suprême en des termes jugés irrespectueux. S'adressant à des dirigeants de son parti, il leur avait dit être "impatient de travailler avec vous, dès que six individus auront pris une décision".

AFP

Samedi 30 Mars 2013 11:24

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