"Ce matin, nous avons accueilli deux vols de Londres et de Bangkok", a affirmé à l'AFP Eric Kiraithe, chef de la sécurité de l'aéroport international Jomo Kenyatta (JKIA) de la capitale kényane.
Les avions ont atterri au terminal réservé aux vols intérieurs, épargné par l'incendie.
"Nous sommes confiants dans le fait de pouvoir continuer avec d'autres vols au cours de la journée, même si nous ne serons pas entièrement opérationnels", a-t-il ajouté, précisant que des passagers au départ de Nairobi et à destination de Paris et de Johannesburg, notamment, avaient enregistré.
JKIA, important hub africain, a été paralysé mercredi par un impressionnant incendie qui s'est déclenché peu avant 05H00 locales (02H00 GMT) à des guichets de l'immigration des arrivées internationales.
Les secours ont mis plusieurs heures à maîtriser le feu, qui a réduit en cendres des parties entières du terminal des arrivées internationales, construit à la fin des années 70.
L'incendie n'a pas fait de morts, mais tous les vols internationaux avaient depuis été annulés ou déroutés vers d'autres villes comme le port de Mombasa sur l'Océan Indien.
Aucune information n'a encore été fournie sur la reprise des vols internationaux par d'autres compagnies que Kenya Airways. Les vols intérieurs avaient eux pu reprendre dans la soirée mercredi.
Pour le porte-parole du gouvernement, Muthui Kariuki, un retour de l'activité normale de l'aéroport sera une question de "jours". Mais il s'est refusé à plus de précisions.
"Nous attendons un rapport des ingénieurs et du département enquête-accident pour avoir une plus claire indication de quand cela pourrait intervenir," a-t-il ajouté.
Le président américain, Barack Obama, a appelé son homologue kényan, Uhuru Kenyatta, mercredi, pour lui proposer l'aide de son pays.
Secours pointés du doigt
Jeudi matin, la presse kényane adoptait elle un ton plutôt pessimiste et sévère, estimant qu'un retour à la normal prendrait du temps et que la réponse des secours n'avait pas été à la hauteur de la catastrophe.
?L'aéroport international Jomo Kenyatta ne reprendra pas ses opérations normales avant un bon bout de temps," écrivait l'un des principaux quotidiens du pays, le Daily Nation. "Les premières estimations indiquent qu'il va falloir reconstruire entièrement des zones critiques de l'aéroport, et qu'il ne s'agira pas juste de quelques raccommodages."
Mercredi, des témoins ont décrit des scènes de chaos à l'aéroport. Une partie du toit des arrivées internationales s'est effondrée, des morceaux de tôle noircie pendaient et les secours pataugeaient dans une eau gorgée de suie et débris carbonisés.
A côté de l'éditorial du Daily Nation, un dessin raillait lui l'inefficacité des secours, représentant un pompier courant avec à la main un long tuyau déconnecté de son camion et donc... de l'eau.
Mercredi matin, les secours, parfois pris dans les massifs embouteillages du matin, ont dangereusement failli manquer d'eau.
Le Standard, autre grand quotidien national, fustigeait lui les retards "inexcusables" à maîtriser l'incendie. "Le début du feu aurait pu être contenu facilement bien avant que les grands camions à incendie ne soient déployés".
Même tonalité pour le journal économique Business Daily, qui estimait que la fermeture d'un aéoport "vital" comme JKIA rappelait cruellement les "insuffisances" du pays face à ce genre de catastrophe.
Principal hub aérien d'Afrique de l'Est, JKIA est crucial non seulement pour l'économie kényane, qui vit en bonne partie du tourisme (15% de son PIB selon des chiffres officiels), mais aussi pour celles des pays voisins.
Les conséquences risquent d'être d'autant plus désastreuses que la paralysie de l'aéroport intervient en plein boom touristique: de nombreux Européens, en vacances d'été, se rendent à cette époque au Kenya pour observer la migration des animaux sauvages dans le Masaï Mara.
Selon les autorités kényanes, quelque 16.000 passagers transitent tous les jours par JKIA. L'aéroport dessert des destinations intérieurs, mais aussi de nombreuses capitales africaines, des villes européennes, asiatiques et du Moyen-Orient.
Une enquête est désormais en cours pour déterminer la cause de l'incendie.
Celui-ci est intervenu 15 ans jour pour jour après la double attaque contre les ambassades américaines à Nairobi et Dar es Salaam, la capitale économique de la Tanzanie voisine. Ces attentats, perpétrés par Al-Qaïda, avaient fait 224 morts.
Mais rien n'indiquait à ce stade que le feu pourrait être d'origine criminelle. Le porte-parole de la présidence, Manoah Esipisu, a appelé à ne pas "spéculer à ce stade".