Le 14 juillet 2011, le secrétaire général du Parti démocratique sénégalais (Pds) remobilisait ses troupes pour répondre au 23 juin marqué par une «victoire du Peuple» qui l’a fait retirer son ticket Président-vice Président et ses 25% pour faire élire un président de la République. Mais aussi pour éteindre les foyers de tension déjà allumés par un 27 juin électrique pour son régime. Claquemuré dans «son» Palais pendant des jours, Abdoulaye Wade a choisi le 14 juillet -fête nationale de la France- pour marquer la date. Abdoulaye Wade convoque les élus (sénateurs, conseillers, députés) de son parti ce jeudi pour répondre à un autre jeudi, avec force bruit, bolides et personnalités filmés en direct par les télévisions. Le «Discours des Almadies» est né et a accouché d’un wax waxeet (J’ai dit ; je me suis dédit)». Une réponse à ceux qui lui rappelaient sa déclaration selon laquelle il avait bloqué le nombre de mandats à deux.
LE TUBE
Dans les rues du tout Sénégal, les jeunes s’amusent avec cette «sagesse» du vieillard. Dans les foyers, parents et enfants la réservent pour une blague. Chez les musiciens, c’est l’inspiration d’un tube qui a enflammé le M23 et scellé le sort d’un Président. On chante, on danse wax waxeet jusqu’au 25 mars 2012. Comme en ont fait les Français pour le «Moi président» de François Hollande, les Américains pour le «Yes we can» de Barack Obama. Des journaux sénégalais ont même caricaturé Abdoulaye Wade «3w (Wade wax waxeet)». Certains en ont été émus et tristement surpris par un aveu aussi circonstancié. D’autres, ses thuriféraires, tout heureux de l’accompagner avec des applaudissements et quelques franches rigolades. Les conséquences n’ont été que désastreuses pour son auteur et son régime, qui se sont rendu compte finalement de la gaffe.
UNE PHRASE POUR LE POLITIQUE
Abdoulaye Wade est entré dans l’histoire, il est vrai, sous le manteau d’un des «plus vieux opposants» en Afrique ou dans le monde. Mais c’est davantage à partir du 19 mars 2000, qu’il a rejoint le who’s who des chefs d’Etat les plus célèbres. Et parfois, à tort ou à raison, une figure comparée à Nelson Mandela. Sa personne ne va pas sans ses paroles et ses actes. Les Sénégalais ont retenu ses «Grands chantiers» (monument de la Renaissance, autoroute à péage, aéroport Blaise Diagne, etc.), ses avancées démocratiques (loi sur la parité, institutionnalisation de la marche), terminés ou en finition, que lui-même a d’ailleurs couchés sur un recueil «pour la postérité». Mais les Sénégalais ont enregistré aussi dans leur disque des paroles qui seront à jamais convoquées par les analystes politiques.
Tout comme Louis XIV aurait dit «L’Etat, c’est moi», Chirac, Pasqua et d’autres avant eux, que «les promesses n’engagent que ceux qui y croient», ou encore De Gaulle, que «les Etats n’ont pas d’amis mais des intérêts». Le wax waxeet de Abdoulaye Wade a la même «valeur» politique que «le Renouveau est la clé du changement» de Djibo Kâ, ou «Reew dagn koy penco, ken du ko paaco» de Momar Samb, ou encore le «Jusqu’à l’extinction du soleil» de Idrissa Seck. L’ex-chef de l’Etat est donc parti, mais a laissé de la matière à tous.
MACKY SALL ET LE DEFI DU WAX JËF
De la matière pour son prédécesseur, Macky Sall qui, déjà, lors de sa campagne électorale à la Présidentielle de février-mars 2012 a saisi cette phrase pour détourner le slogan que tout le monde chantait, mais la pratique que tout le monde bannissait. Le Candidat de Macky2012, puis de Benno bokk yaakaar conçoit le wax jëf (je dis et je fais). C’est donc aussi une matière à réflexion pour lui, que le citoyen est devenu plus exigeant pour le respect de la parole donnée. A l’épreuve du pouvoir et de son premier test de wax jëf Macky Sall semble, pour le moment, avoir compris le message dans le débat pour l’occupation du Perchoir. Il a dit et réitéré son choix sur Moustapha Niasse au point de «sacrifier» l’autre prétendant, membre de son parti, Moustapha Cissé Lô. Pour éviter de faire du wax waxeet.
hamath@lequotidien.sn
Source : Le Quotidien
Source : Le Quotidien