Dans ce document, le Comité des Nations unies sur les droits de l'enfant (CRC) dénonce la "loi du silence" qui aurait été imposée aux religieux par le Vatican pour étouffer des affaires gênantes.
Il exige que le Saint-Siège rende publiques ses archives sur les dossiers de pédophilie dont il a eu à prendre connaissance, afin que "ceux qui ont caché leurs crimes" envers des dizaines de milliers d'enfants soient amenés à rendre des comptes.
Pour le CRC, l'Eglise catholique n'a toujours pas pris les mesures nécessaires pour prévenir de tels crimes et a trop souvent cherché à protéger sa réputation au détriment des enfants victimes d'abus sexuels.
Le Comité demande une réforme du droit canon afin d'assurer une meilleure protection des enfants, grâce à des "règles, des mécanismes et des procédures clairs".
"Le Comité est gravement préoccupé de voir que le Saint-Siège n'a pas reconnu l'étendue des crimes commis, n'a pas pris les mesures nécessaires pour faire face à ces affaires de pédophilie et pour protéger les enfants et a adopté des politiques qui ont entraîné la poursuite de ces abus et l'impunité pour leurs auteurs", dit le rapport.
Le document évoque notamment l'affaire des "blanchisseries Madeleine" ("Magdalene laundries"), institutions catholiques en Irlande où des milliers de jeunes filles auraient été assignées à de véritables travaux forcés jusqu'en 1996. Il réclame des compensations pour les victimes.
"TENTATIVE D'INGÉRENCE"
La réponse du Vatican ne s'est pas fait attendre. Dans un communiqué, le Saint-Siège a réaffirmé son engagement "à défendre et à protéger les droits des enfants" et a promis d'étudier "avec attention" le rapport de l'Onu.
Le magistère romain dénonce toutefois "une tentative d'ingérence dans l'enseignement de l'Eglise sur la dignité de la personne et l'exercice de la liberté religieuse" - allusion aux critiques du CRC sur les positions de l'Eglise concernant l'avortement et la contraception.
Le pape François a déclaré en septembre dernier n'avoir jamais cherché à étouffer des affaires de pédophilie, "la honte de l'Eglise", et il a poursuivi la politique de son prédécesseur Benoît XVI pour combattre de tels agissements.
Il a mis en place en décembre dernier une commission spécialement chargée de ces dossiers.
L'Onu demande que des experts extérieurs et des victimes participent aux travaux de cette commission, afin notamment d'examiner l'attitude de la hiérarchie catholique dans ces affaires.
"En raison de la 'loi du silence' imposée à tous les membres du clergé, sous peine d'excommunication, il a toujours été très difficile de renvoyer des cas d'abus sexuels sur des enfants devant la justice des pays concernés", souligne le CRC.
Pour Barbara Blaine, de l'association de victimes SNAP (Survivors Network of Those Abused by Priests), le document de l'Onu est une "sonnette d'alarme". "Pour le bien des enfants, nous espérons que tous les chefs d'Etat de la planète le liront et qu'ils agiront en conséquence", dit-elle.
Guy Kerivel pour le service français