L'éducation sexuelle doit passer par le porno


SETAL.NET-Début mars, Christian Graugaard, professeur de sexologie à l’université d’Aalborg au Danemark, participe à une émission sur la chaîne nationale DR. C’est là qu’il décide de livrer le fond de sa pensée: il estime que les élèves, dès l’âge de 13 ans, devraient être autorisés à discuter d’images et de littérature pornographiques dans le cadre des cours d’éducation sexuelle. «Les jeunes, comme nous autres, font partie d’une société post-moderne sexualisée, a-t-il expliqué par la suite au magazine Newsweek. Ce que je propose, c’est que nous réinventions l’éducation sexuelle dans les classes. Plutôt que de se concentrer sur les maladies liées ou sur l’aspect biologique du sexe, nous devrions utiliser ce moment pour discuter et montrer d’autres phénomènes, tels que la pornographie, avec des professeurs formés pour que les jeunes puissent développer une approche critique de ce qu’ils voient.» Il a également rappelé au Guardian que des études prouvent qu’une large majorité d’adolescents ont vu de la pornographie assez jeunes, et que par conséquent, «il n’est pas question de les introduire à la pornographie», mais bien de leur apprendre à porter un regard critique. Le journal rappelle que le Danemark a été le premier pays au monde à lever l’interdiction de la pornographie en 1967. Car si au Danemark les réactions ont été globalement positives, l’opinion britannique est divisée, comme l’explique le président de Campaign for Real Education Chris McGovern à Newsweek: «Vous devez écouter les parents. Au final, ce sont eux qui savent. Mais je ne pense pas que le Royaume-Uni est proche de ce qui est proposé au Danemark, parce que tout simplement, cela entraînerait un tollé chez les parents.» En France, les avis sont aussi partagés: le sexologue Albert Barbaro a par exemple expliqué à L’Express que la pornographie dans les écoles pourraient «être traumatisante pour certains élèves». Et pourtant, dans une tribune publiée sur le site du Guardian, la journaliste Rhiannon Lucy Cosslett estime qu’une éducation sexuelle sans pornographie «n’est pas une éducation sexuelle». «Bien sûr, regarder du porno dans une classe avec 30 autres élèves n’est pas une expérience confortable, note-t-elle, mais cela pourrait être utile d’avoir un adulte pour pointer les trous dans l’intrigue (pas de blague volontaire ici, évidemment).» Selon elle, ils pourraient ainsi se poser des questions sur des notions primordiales comme le consentement: «Pourquoi pleure-t-elle? N’a-t-elle pas dit “non” à plusieurs reprises? Que se passe-t-il là? Qui contrôle et pourquoi?» «Les adolescents ont une opinion très forte sur le porno, conclut-elle, et veulent en parler. Aussi embarrassant soit-il, il est temps pour les adultes de leur répondre.»


Mercredi 18 Mars 2015 12:25

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