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LA REVOLTE DE LA MORALE (Par Talla Sylla)


Dans quelques jours le peuple sénégalais procédera au renouvellement et à la recomposition du personnel de l’Assemblée Nationale à l’occasion des élections législatives fixées, après prorogation du mandat des députés, à la date du 1er juillet 2012.

Ces élections qui, en ferveur et en passion, pâtissent de la comparaison avec l’élection présidentielle, restent, à mon sens, les plus importantes en raison du rôle crucial que le parlement doit jouer pour l’instauration et la préservation d’un Etat de droit, qui comme son corollaire, la démocratie dépendent pour beaucoup du respect de la distance existant entre les pouvoirs de l’Etat et devant les séparer.

Par ailleurs, les aspirations manifestes du peuple sénégalais à plus de démocratie, le besoin d’expression et d’exercice des libertés individuelles et collectives, l’exigence de bonne gouvernance et de transparence, permettent d’affirmer que les sénégalais attendent désormais beaucoup de leurs élus.

En effet, l’acte fondateur de cet éveil politique qui peut être rattaché à la date et aux évènements du 23 juin 2011 nous rappelle, si tant est que d’aucuns aient oublié, que le peuple s’en est pris à ses députés le jour où il a estimé que ses représentants élus étaient en vérité à la solde d’un homme avec qui ils partageaient le même parti politique et qui était leur chef sous ce rapport.

Il est intéressant de noter que malgré toutes les dissensions avec Abdoulaye WADE, alors Président de la République, le peuple a décidé d’affronter ses propres élus six mois avant de reprendre le pouvoir des mains de celui-ci confirmant son aptitude à mener la réflexion et à poser des actes.

J’ai vu comme un symbole fort ces milliers de sénégalais faisant le tampon à la Place Soweto comme pour rappeler aux députés et au gouvernement que l’espace entre ces deux grands pouvoirs n’est pas un no man’s land puisque le peuple l’occupe.

Que les députés l’aient su ou non, qu’ils le sachent ou non, leur responsabilité est non seulement historique mais elle est historique chaque jour et il n’est aucun satisfecit d’aujourd’hui qui puisse excuser une légèreté de demain.

Il s’agit d’être irréprochable chaque jour, ce challenge quotidien presque inhumain ne saurait se concevoir que si le député s’attache à être au service exclusif de son peuple.
Voila pourquoi il est élu ou voila pourquoi il devrait être élu.

Pour ma part, j’avais dénoncé, un peu trop tôt peut être, les dérives et les abus de la majorité mécanique.

Aujourd’hui plus que jamais les effets pervers de la majorité mécanique guettent nos Institutions le parti au pouvoir ayant choisi de solliciter le suffrage des sénégalais pour le compte également de ses adversaires politiques.

S’il est une situation pire que la majorité mécanique c’est celle que nous risquons de vivre si le peuple pense voter pour consolider le pouvoir confié au Président Macky SALL alors qu’il placera le pouvoir également entre les mains d’adversaires qui il n’y a guère présentaient leur nouvel ami comme le candidat de l’étranger, celui des loges ou des homosexuels, j’en passe…

Voter Bennoo Bokk Yaakaar c’est aussi voter contre le Président Macky puisqu’il n’est pas possible de renforcer un camp sans renforcer l’autre.
De plus, il ne fait l’ombre d’aucun doute que là où la seule ombre de Wade avait suscité de vives réactions, la participation du Président de la République, fut-elle allusive, aux élections législatives pour le compte d’un groupe de sénégalais au détriment d’autres qui ne le considèrent pas moins Président de la République que ses alliés, seraient une grave entorse à l’exercice de l’orthodoxie démocratique à laquelle nous sommes censés consacrer la somme de nos efforts.

La bonne gouvernance, c’est nécessairement la lutte contre l’impunité mais c’est surtout et avant tout l’identification et l’éradication de tous ces mécanismes, ententes ou connivences qui sont le lit du système permissif et transgressif que les sénégalais ont vomi, fort heureusement, une fois qu’ils ont fini de prendre toutes ces petites combines pour une certaine manière de faire la politique.

Longtemps, j’ai parlé, réfléchi, revendiqué et préconisé des solutions au nom et pour le compte du peuple comme un tuteur ou un curateur ferait d’un grand enfant.
Cette posture bien que généreuse et admirable présente, malgré tout, des défauts que ne sauraient masquer ou racheter les avantages de l’anticipation.

Comme toute sentinelle, toute vigie, j’ai alerté de toutes mes forces des dérives qui menaçaient l’alternance survenue en 2000 dès que je les ai aperçues à l’horizon.
Hier, c’est la ruée des politiques de tous bords, de tous camps vers Abdoulaye WADE et autour de lui qui m’avait laissé penser que l’alternance était kidnappée.

J’ai sonné l’alerte alors que le peuple était encore dans son étreinte avec notre élu d’alors, Abdoulaye WADE, un homme avec qui j’ai partagé les moments les plus durs et la solitude de l’opposant, avant celle des geôles.

Il me l’a fait payer ainsi que le toupet ou l’insolence dont j’ai été accusé simplement parce que j’ai osé lui signalé qu’il faisait fausse route.
 
Puis le peuple est sorti et a crié « y en a marre » ! Ce qui n’était ni insolent ni impertinent puisque dit et proclamé par le peuple selon son propre calendrier.
Malheureusement, avoir raison très tôt est aussi improductif que n’en avoir pas du tout surtout que c’est dangereux.

La posture idéale est dans l’écoute du peuple.
Elle est dans l’aptitude à identifier la demande du peuple au moment où il la formule et y répondre au moment où il attend la réponse.
Il ne s’agit pas d’une approche nouvelle, toutefois, puisque faire la politique autrement était déjà une exigence que j’avais préconisée en même temps que j’avais annoncé la mort du monopole du parti politique comme moyen d’expression et de combat politique.

Rendre la République au Citoyen était la conclusion de cette analyse et son heure a sonné.

En effet, notre peuple est passé de quarante ans du règne UPS-PS à la décennie du PDS en même qu’il découvrait respectivement le Parti-Etat, avec  l’apogée sous Senghor et le déclin sous Diouf puis l’Homme-Etat, avec Abdoulaye WADE au début de l’aventure et à la fin de la mésaventure du PDS.

Il appartiendra aux citoyens sénégalais électeurs comme candidats à une élection de s’attacher à permettre l’avènement de l’Etat-Peuple qui préfigure l’Etat-Citoyen.

Il est dès lors temps pour la morale et pour l’éthique de s’affranchir de l’alcôve quasi confidentielle où elles étaient confinées pour, non plus crier leur ras-le-bol,  mais dire et vivre leur révolte.

WA SENEGAL est un mouvement citoyen qui regroupe beaucoup de citoyens qui ne sont pas politiques au sens militant du terme et qui estiment que la morale et l’éthique ont également le droit de se révolter.

Les femmes et les hommes de WA SENEGAL seront des députés au service exclusif du peuple.

                                                                                                                                                 
Talla SYLLA


Mardi 12 Juin 2012 - 06:47





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