Un scrutin du second tour aussi sinon plus transparent, plus calme et plus démocratique que celui du premier. C’est ce qu’exigent unanimement les « pays » amis et partenaires au développement. Ils sont plus fermes que jamais et préviennent contre toute tentative de confisquer ou de saboter le vote du peuple sénégalais « qui doit s’exprimer librement et démocratiquement le dimanche 25 mars prochain », souligne-t-on auprès de plusieurs chancelleries de pays amis. Etrange destin que celui du président sortant qui semble être de plus en lâché par ceux là qu’il courrait au point de faire escale dans son propre pays. Ceux-là qu’il s’empressait à servir, pardon à soutenir pour leurs moindres actions même si c’est contre des « pays frères africains ». Les invitations au G8, les déjeuners et diners avec Georges Bush fils tutoyé, la poignée de mains avec Barak Obama font qu’il se dévouait à la cause. Ceux-là qui semblent aujourd’hui vouloir sanctionner la quête du mandat de trop tout comme l’ivresse du pouvoir qui a caractérisé ces 12 ans son magistère, sans parler d’une gouvernance rythmée par les scandales et les accusations de concussion et de corruption, parfois au plus haut niveau de l’Etat. Le Sénégal n’a que sa démocratie aux yeux des partenaires au développement, ils entendent aider son peuple à conserver ce capital précieux. C’est ainsi que de sources généralement bien informées, comme au premier tour, même s’ils se sont faits plus discrets pendant ce second tour, ils ont mis quasiment en demeure le pouvoir libéral « acculé » de veiller à la tenue d’un scrutin apaisé, libre et transparent sur l’étendue du territoire national et dans tous les pays où les Sénégalais votent. Dans un récent entretien publié dans des sites en ligne et repris par la presse, le Secrétaire d’Etat adjoint américain aux Affaires africaines, Johnnie Carson qui avait débarqué à Dakar à la veille du scrutin du premier tour, le 26 février dernier, souligne avec force : « Nous voulons vraiment que le second tour de l’élection présidentielle du Sénégal soit aussi libre, aussi juste, aussi transparent, et aussi bien organisé que le 1er tour ». Car, argumente-t-il, « il aidera à faire en sorte que le peuple sénégalais ait la possibilité de choisir le chef qu'il veut pour le conduire au cours des prochaines années et dans l'avenir. Toute démocratie se construit autour de bonnes élections. Les représentants choisis par leur peuple pour être les gardiens de leur Constitution et de leur démocratie pour une période de temps limitée… » Un pavée dans la marre libérale. Pour les Usa, le Sénégal a été un de nos partenaires les plus solides en Afrique francophone depuis 1960. « C'est un pays qui n'a jamais connu de coup d'Etat, contrairement à la quasi-totalité des autres États qui l'entourent. Il a été un pays ouvert et prompt à recevoir des réfugiés. Et son port a été une plaque tournante du transport économique et une passerelle vers l'intérieur de l'Afrique occidentale. Il est important qu'il reste démocratique. Il est important qu'il reste stable, et il est important que tous ses dirigeants soient à la hauteur de l'esprit et de la lettre de la constitution et travaillent sous et au nom du peuple du Sénégal ». Une position entièrement partagée par l’ensemble des autres partenaires, même si chacun ainsi que le soulignait la représentante de l’Union européenne à Dakar dans un entretien accordé à Sud Quotidien, « le signifiait avec ses propres mots et ses nuances ». De sources généralement bien informées, on apprend que la plupart des bailleurs de fonds et investisseurs ont mis la pédale douce et serré même les cordons de la bourse. Une situation qui n’a pas manqué d’accentuer les tensions de trésorerie généralement observée en début d’année. Il s’y ajoute, renseigne-t-on, qu’une débauche de dépenses de la présidence de la République, ont rapporté nos confrères du Quotidien dans leur édition d’hier, mardi 20 mars a sérieusement affecté le rythme de consommation des crédits du budget national. Est-ce la raison pour laquelle, dans son temps d’antenne d’hier, mardi le président Wade entouré de jeunes qui dit-on sont des transfuges de Benno Bokk Yakaar, a cherché à faire porter le chapeau au Mouvement du 23 juin ? Un mouvement dont les actions, a-t-il déclaré en substance ont faire fuir les capitaux et les investissements. Le chef de l’Etat tente-t-il de justifier à priori le fait que les caisses de l’Etat soient vides ? Cherche-t-il à apeurer les Sénégalais en leur prédisant le chaos en cas de victoire de son adversaire ? Pourquoi n’use-t-il pas de ses aptitudes et capacités de faire revenir les investisseurs ici et maintenant pour renflouer le trésor public qui serait affecté selon lui même ? Toujours est-il que pour bon nombre d’observateurs, les attaques répétées du candidat Wade contre l’occident agacent de plus en plus dans certaines capitales pourvoyeuses d’investissements et d’aide au développement. On y affirme clairement qu’on n’y gardera pas « le silence face aux efforts éventuels de toute partie ou groupe d'individus pour saper le vote du peuple, le processus démocratique, ou le processus électoral ». Et « si nous croyons qu'elles contiennent de graves lacunes et manquent de transparence, nous le dirons également », déclare Johnnie Carson. Une mise en demeure ? ça y ressemble fort. |
LACHE PAR SES ALLIES OCCIDENTAUX Wade sous haute surveillance
Le président sortant, candidat controversé est quasiment mis en demeure par les pays amis et partenaires au développement qui ont, à la suite du Secrétaire d’Etat adjoint américain aux Affaires africaines, Johnnie Carson, indiqué qu’ils ne sauraient rester indifférents devant « toute tentative de saper le vote» de dimanche prochain. Une réponse à la sortie du candidat Wade qui dit n’envisager nullement sa défaite, « hypothèse absurde », a-t-il souligné ?
Bamba Toure
Jeudi 22 Mars 2012 - 03:23
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