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La France politique n'est pas le Peuple de France! (Par Amadou Tidiane Wone)


La France politique n'est pas le Peuple de France! (Par Amadou Tidiane Wone)
Pour nous africains, victimes de la traite des esclaves, de la colonisation et du travail forcé, la France a deux visages. Celui de la violence innommable et du déni des libertés et, à l'inverse,  celui d'une vaste culture irradiante et généreuse et d'un peuple profondément attaché à des valeurs humanistes. 



À force de duplicité et de sévices séculaires subis de la France politique , Les élites africaines doivent, à leur Histoire, de faire la part des choses pour retrouver le sens de leur Honneur. 



Nous devons, certes, venger la mémoire de nos résistants défaits par une supériorité technologique implacable. Mais nous devons surtout, et dans le même temps, refuser qu'à l'avenir nos enfants ne soient réduits à l'esclavage sous de nouvelles formes plus pernicieuses. 



Et d'abord nous convaincre,  définitivement, que le projet initial de la France politique, esclavagiste et colonial,  change perpétuellement de dénomination mais la réalité de son inspiration reste toujours la même : asservir pour mieux se servir. Décolonisation, balkanisation, coopération riment toujours avec domination! Il n'est jamais question de Liberté et d'égalité, d'équité et de prospérité. Cela aurait rimé avec dignité! Dignité! Ce que la France politique refuse à l'Afrique et plus particulièrement à l'Homme noir. Depuis si longtemps. Depuis trop longtemps.



Cette France Politique, habile à nous poser des problèmes et à nous imposer ses solutions, semble toujours avoir une longueur d'avance sur nos élites politiques. À défaut de les séduire ou de les convaincre, elle les contraint, les matraque ou les élimine. Cette méthode a fini par produire les résultats attendus: entre autres la peur et la soumission, voire la servilité, des dirigeants africains. À titre d'exemple nous tenons, de la bouche même du Président Idriss Deby du Tchad, dans une vidéo qui circule sur les réseaux sociaux, les propos suivants: "En Afrique, la France est derrière tout, elle fait et défait ce qui lui plait!" Propos d'un Chef d'Etat en exercice qui affirme, au cours du même entretien, que la France politique lui aurait rédigé et imposé, à son corps défendant, la Constitution lui ayant permis de...subir son mandat en cours... le pauvre! On en verserait presque une larme tant il est pathétique de le voir confesser, devant des journalistes français, son impuissance. Mais, ces propos qui font le tour du monde ne font que confirmer, ce que les africains conscients dénoncent depuis les indépendances octroyées des années 60: les pays africains du pré-carré français ne sont pas indépendants. N'en déplaise aux Présidents-sous-préfets qui paradent à la tête des micros-états africains. L'indépendance, c'est surtout une conquête du cœur et de l'esprit. C'est une profonde aspiration à la liberté. Une haute inspiration pour rêver grand pour son peuple. Or, nos "Présidents " croient devoir plus à la France, à sa présence militaire et à sa tutelle monétaire et économique, qu'à leurs peuples. Eux-mêmes n'accordent aucun crédit aux parodies d'élections qui agrémentent nos démocraties tropicales. Au besoin, ils savent contourner le résultat des urnes...avec "l'assistance technique" de la France politique et affairiste. Et, si nécessaire, l'implication de ses barbouzes. Que n'a t-on vu en Afrique! Mercenaires, trafiquants d'armes et aventuriers en tous genres sillonnent le Continent dans tous les sens depuis plus de cinquante ans semant la mort et la désolation. Impunément. Les Bob Denard et Maurice Robert de triste mémoire insultent la nôtre! Et après on nous donne des leçons sur les "Droits de l'Homme(!) En prime, et comme par hasard, les dirigeants dociles ne sont jamais inquiétés. Ils peuvent tripatouiller les Constitutions, embastiller les opposants, prolonger leurs mandats...  La France politique trouvera toujours la réthorique qu'il faut pour défendre l'indéfendable. Tant que coule le pétrole et que les mines livrent leurs profonds secrets. 



Mais les temps changent. Un monde nouveau survient. Le fait nouveau est l'accessibilité de l'information et la rapidité de sa circulation. Les confidences les plus secrètes de nos dirigeants dévoilent leurs faiblesses. Ils ne sont plus Inaccessibles. Ils ne sont plus mythiques. Ils sont à notre portée. À portée de nos téléphones intelligents et des caméras qui tiennent dans un stylo. Leurs propos et (im)postures d'une grande banalité les dévoilent tels qu'ils sont. Et non plus tels qu'ils voudraient paraître. Le paradoxe c'est que ce sont souvent leurs "soutiens français" qui organisent des fuites qui les dévalorisent pour mieux les tenir. On en découvre et méprise les méthodes de la "Françafrique", nébuleuse glauque et fétide qui ne sait que traficoter et accumuler. Jusqu'à quand encore?



En attendant, la plupart des hommes politiques qui se croyaient malins d'investir en France leurs biens mal acquis se retrouvent sous le coup de poursuites, savamment orchestrées, par la France politique. Quand est-ce que les dirigeants et affairistes africains  comprendront-ils qu'ils feraient mieux d'être un peu plus bienveillants envers leurs populations? Les sommes planquées à l'étranger feraient le plus grand bien aux économies exsangues, par leur faute, des pays du pré-carré français. Et pourtant nous avons des vestiges de la

colonisation à transformer en opportunité: pour ce qui concerne l'Afrique de l'Ouest, une zone économique et monétaire qui doit juste couper le cordon ombilical avec la France. Pour nous libérer de son contrôle. Sur cette base, développer une capacité à négocier un équilibre sous-régional avec le Nigeria à qui son poids économique et démographique, dans les frontières actuelles de l'Afrique de l'Ouest, peut donner des visées hégémoniques. Des solutions existent. Il faut les inventer! Avec courage et détermination. Intelligence et lucidité. 



Tout cela pour dire que les élites africaines doivent sortir du verbiage creux des discours convenus. Avoir le sens de l'effort et du sacrifice pour changer la destinée de notre Continent. On ne peut plus continuer à se la jouer: une minorité qui s'enrichit des miettes laissées par les " grandes puissances" et leurs entreprises. Une minorité qui se contente d'être les plus riches des plus pauvres. Sans plus. Alors que nous pouvons et devons faire de l'Afrique une Grande puissance. À l'instar de la Chine qui se réveille. Envers et contre tous. Par le labeur de son Peuple et le leadership de ses autorités l'Afrique doit se réveiller.



Et voilà à quoi tient l'équation de notre devenir: leadership et travail!



Amadou Tidiane WONE

woneamadoutidiane@gmail.com


Jeudi 29 Juin 2017 - 06:05





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