La Guinée sous tension dans l'attente des résultats des législatives


Conakry — Les premiers résultats des élections législatives du 28 septembre en Guinée n'avaient toujours pas été publiés lundi soir, prolongeant une attente teintée de nervosité et de suspicions entre partisans du président Alpha Condé et militants de l'opposition.
 
Aucun chiffre partiel et aucune tendance n'ont été communiqués par la Commission électorale nationale indépendante (Céni), seule habilitée à proclamer les résultats provisoires qui, pour être définitifs, devront être validés par la Cour suprême.
La Céni a réaffirmé lundi soir n'avoir encore publié aucun résultat. "Si eux (les partis d'opposition) ont des résultats qu'ils contestent, nous n'en savons rien", a affirmé le chef du département juridique de la Céni, Amadou Kébé.
 
"C'est une fois que nous aurons les résultats qui ont été consolidés à notre niveau et publiés que nous allons prendre en compte les contestations. Mais en attendant, nous ne pouvons pas répondre", a poursuivi M. Kébé dans une conférence de presse.
 
Lundi matin, des procès-verbaux (PV) de bureaux de vote avaient été reçus à la Céni où les résultats demeuraient en cours de "centralisation" en vue de leur publication officielle, avait indiqué une source au sein de la commission.
 
Une autre indiquait cependant être dans l'attente des PV "des zones éloignées comme celles de la Guinée forestière (sud)".
"Le décompte se fait avec un système manuel. C'est un travail qui prend du temps, en particulier dans les endroits où il y a beaucoup d'électeurs comme les cinq communes de Conakry", a expliqué à l'AFP Vincent Foucher, analyste pour International Crisis Group (ICG).
 
Plus de cinq millions de Guinéens, dans le pays et à l'étranger, étaient appelés à voter dimanche pour ces législatives qui se sont déroulées sans incident majeur. 114 sièges de députés étaient à pourvoir.
 
La Mission des observateurs de l'Union européenne (UE) a estimé lundi que les Guinéens ont voté dans le calme tout en notant d'"importantes carences organisationnelles".
La forte mobilisation des électeurs guinéens a aussi été saluée lundi par la France et les Etats-Unis via l'ambassade américaine à Conakry, tous exhortant la classe politique à la retenue, à l'apaisement et au recours aux voies légales en cas de contestation durant la proclamation et la certification des résultats.
Une étape post-électorale qui s'annonce "assez compliquée"
Trois jours après les élections législatives, Conakry était encore sous haute surveillance des forces de sécurité.
Des éléments de la Force spéciale pour la sécurisation des élections (Fossel), comptant plus de 15.000 hommes, étaient toujours déployés devant les centres de décompte des voix, sur les grandes artères et aux principaux carrefours de la capitale.
 
Des heurts entre militants du pouvoir et de l'opposition avaient cependant marqué la fin de la campagne électorale, faisant au moins un mort et plus de 70 blessés selon un bilan officiel.
 
Ces incidents ont fait craindre de nouvelles violences dans l'attente de la publication des résultats, dans un pays où les divisions politiques recoupent souvent les dissensions ethniques.
 
La coalition au pouvoir, formée autour du parti du président Alpha Condé, est majoritairement Malinké. Le parti du principal opposant Cellou Dalein Diallo rassemble essentiellement des Peuls, son ethnie.
 
Après le scrutin, "on est dans la deuxième phase qui n'est pas moins sensible", observe M. Foucher, une étape qui s'annonce "assez compliquée".
 
"On est dans un moment où, compte tenu des problèmes d'organisation (du scrutin), malgré les efforts de la commission électorale pour les corriger, il y a une série de controverses qui monte", s'inquiète l'analyste, ceci d'autant que les deux camps affirment leur certitude d'avoir remporté le scrutin.
 
Lors de déclarations distinctes à la presse à Conakry lundi, l'opposition a dénoncé "un tripatouillage" des résultats tandis que la coalition au pouvoir a affirmé demeurer "la première force politique" du pays, sans toutefois crier victoire et communiquer de chiffres.
 
Un chef de l'opposition, Sidya Traoré, a dénoncé en présence de nombreux alliés des votes multiples, des "commissions parallèles" de comptage des voix et des fraudes sur des PV.
 
Côté majorité, on estime que l'alliance autour du parti présidentiel "reste la première force politique du pays" pour avoir été la seule à s'être présentée dans les 36 circonscriptions.

AFP

Mardi 1 Octobre 2013 08:25

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