Les trois tombes qui déchirent la famille sont celles de Makaziwe, morte bébé en 1948, de Thembekile tué dans un accident de voiture à 24 ans en 1969, et de Makgatho décédé du sida à 55 ans en 2005. Mandla Mandela, l'aîné des petit-enfants du héros de la lutte anti-apartheid , les a déplacées en 2011 de Qunu (sud), le village d'enfance de Mandela, à Mvezo, son village natal dont lui-même est devenu le chef traditionnel. Mais si ce transfèrement --dûment raconté par la presse locale-- n'avait visiblement pas troublé les Mandela à l'époque, la querelle a éclaté au grand jour depuis que le patriarche lutte contre la mort dans un hôpital de Pretoria.
Après une réunion familiale agitée la semaine dernière, quinze membres de la famille ont attaqué Mandla en justice, exigeant le retour des dépouilles de leurs parents à Qunu, là oùNelson Mandela souhaite être enterré. Une plainte a été également été déposée pour «manipulation de sépulture».
La justice sud-africaine a exigé mercredi que les restes des trois enfants de Nelson Mandela soient immédiatement ramenés à Qunu, l'échéance étant fixée à 15H00. Au cours d'une audience devant le tribunal de Mthatha --la grande ville des environs--, le juge Lusindiso Phakade a même qualifié la conduite de Mandla de «scandaleuse» et «malveillante». Mandla Mandela, 39 ans, a fait appel de cette décision, ce qui suspend le transfèrement des dépouilles selon un de ses avocats. «Notre appel suspend tout, a déclaré Me Hymie Zilwa à l'AFP. Si le reste de la famille commence à exhumer les corps, les avocats de Mandla se tiennent même prêts à déposer un autre recours en référé pour les en empêcher», a-t-il précisé.
Mais trois corbillards escortés par la police ont été vus à Mvezo en début d'après-midi par un correspondant de l'AFP. Makaziwe, la fille aînée de Mandela est arrivée peu après.
Mandla, qui est théoriquement le chef de la famille, est chef traditionnel à Mvezo, où il veut, d'après la presse sud-africaine, édifier un complexe touristique autour de la mémoire de son illustre grand-père. Il est aussi député de l'ANC, le parti au pouvoir à qui Mandela a donné ses lettres de noblesses.
«Nkosi Zwelivelile (Mandla) a à plusieurs reprises indiqué qu'il n'était pas contre le rapatriement des restes en question. Il va donc obéir à la décision de la Cour et en même temps continuer à se battre pour ses droits à faire valoir sa version de l'histoire» quand bien même il ne s'est pas rendu au tribunal, a-t-il déclaré dans un communiqué, parlant de lui-même à la troisième personne. Le commentateur politique Daniel Silke qualifie ces querelles intestines de «tragiques» et «de mauvais goût». «Elles peuvent être liées à des gains financiers et à l'exploitation du nom de Mandela», a-t-il dit à l'AFP, ajoutant qu'il était difficile d'en connaître la raison exacte.
L'état de santé du prix Nobel de la paix 1993, âgé de presque 95 ans, est décrit depuis plus d'une semaine comme «critique, mais stable». Il avait été hospitalisé en urgence le 8 juin après une récidive de l'infection pulmonaire qui le tourmente depuis deux ans et demi.
Les problèmes pulmonaires à répétition du père de la nation sud-africaine sont probablement liées aux séquelles d'une tuberculose contractée pendant son séjour sur l'île-prison de Robben Island, au large du Cap. Il y a passé dix-huit de ses vingt-sept années de détention dans les geôles du régime raciste de l'apartheid. Il a trois enfants encore vivants, dix-sept petits enfants et douze arrières petits-enfants.