Le procès de la jeune Tunisienne de 27 ans violée par deux policiers s’ouvre ce mardi 2 octobre à Tunis. Elle comparaît aux côtés de son compagnon pour "attentat à la pudeur". Le couple, qui préfère garder l’anonymat, encourt une peine de six mois de prison.
Contactée par FRANCE24, une des avocates du couple, Me Saïda Garrach, dénonce une "procédure [qui] transforme la victime en accusée". Le 3 septembre, dans la localité d'Ain Zaghouan, près de Tunis, le couple est interpellé par trois policiers. La jeune femme est alors violée par deux des agents pendant que le troisième extorquait de l’argent à son fiancé, menotté.
Après avoir porté plainte, elle est confrontée à ses deux agresseurs présumés, aujourd’hui incarcérés pour viol. Selon l’accusation, le couple se trouvait dans une "position immorale" lorsqu’il a été arrêté par la police. Leurs avocates espèrent que le juge d’instruction classera l’affaire sans suite.
"Nous nous aimons, violez-nous !"
Cette histoire fait scandale en Tunisie et polarise le débat sur la place des femmes dans la société tunisienne post-révolution. Durant le procès, quelque 200 personnes se sont rassemblées devant le tribunal pour soutenir la jeune femme qui doit être interrogée par un juge d'instruction. "Révolution volée, femme voilée, petite fille violée" ou encore "Violée ou voilée, faut il choisir", peut-on lire sur les pancartes. Une manifestation avait déjà rassemblé, le 28 septembre, 200 à 300 personnes à Tunis pour soutenir cette femme qui se dit "humiliée".
"Très peu de femmes portent plainte pour viol en Tunisie car elles ont peur des représailles ou du scandale, poursuit l’avocate de la victime. Cette affaire s’inscrit dans une politique d’intimidation envers les femmes pour les inciter à rester chez elles."
Les associations féministes tunisiennes dénoncent, depuis l'arrivée au pouvoir des islamistes d'Ennahda en octobre 2011, le comportement de la police à l'égard des femmes. Elles seraient régulièrement harcelées en raison de leur tenue vestimentaire ou lors de sorties nocturnes lorsqu’elles ne sont pas accompagnées par un homme de leur famille.
Une pétition a également été lancée pour demander l'incarcération ferme des deux policiers prévenus, ainsi que des excuses publiques de la part du tribunal pour la jeune femme.
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