En quittant sa maison pour se rendre à son lieu de travail, il était loin d’imaginer qu’il avait rendez-vous avec la mort. Il ignorait complètement qu’il ne reverrait jamais plus jamais sa mère Daba Diop ainsi que sa dulcinée Awa, avec qui il s’était uni, il y a deux ans pour le meilleur et pour le pire. Malick Lô, puisque c’est de lui qu’il s’agit, est passé de vie à trépas hier, dans son lieu de travail. C’est la dalle d’une maison qui s’est effondrée sur lui. Agé de trente ans et père d’un mignon petit garçon, Malick a quitté les siens à la fleur de l’âge, laissant derrière lui une famille qui ne cessera jamais de le pleurer.
En effet, c’est aux environs de 10 heures qu’il a quitté son chantier pour rallier au quartier Doro Aw, localité sise à Guédiawaye, non loin du stadium Amadou Barry. Il devait aider son père, maçon lui aussi, à décaper la dalle d’une maison, avant de l’enduire en ciment après. Une fois sur les lieux, il se met à l’œuvre. Sans son père, il commence à décaper la dalle. Tout d’un coup, celle-ci s’effondre sur lui et il atterrit à terre. Alertés par un bruit assourdissant entremêlé aux cris de détresse de la victime, les habitants de la maison qui étaient de l’autre coté accourent pour s’enquérir de la situation. L’irréparable s’était déjà produit. La dalle s’était déjà effondrée sur Malik, en lui fendant ainsi la tête. En ce moment, il était agonisant. Sur ces entrefaites, un habitant du quartier se rend directement au poste des sapeurs pompiers pour les mettre au parfum du drame. Mais, ceux ci ne se signaleront que 2 heures de temps après. Et, Malick était déjà mort. Selon les témoins, il aurait perdu beaucoup de sang. Il faut retenir que les sapeurs pompiers se localisent à 200 mètres des lieux du drame.
« Il travaillait pour m’amener à la Mecque »
Aussitôt après l’accident, la nouvelle s’est répandue dans tout Guédiawaye, comme une trainée de poudre. C’est ainsi que nous nous rendons à la maison du défunt, non loin de la commune d’arrondissement. La maison des Lô ne désemplit pas depuis l’annonce de la tragédie. Proches, Parents, amis, voisins ont pris d’assaut la maison pour venir compatir avec la famille de la victime. La tristesse et la consternation se lisent sur tous les visages. L’ambiance est indescriptible à l’intérieur de la maison. Les femmes, inconsolables, cris à tue-tête. Les pleurs fusaient de partout.
Daba Diop est la mère de Malick Lô. Petite de taille, le teint noir, drapée dans un grand boubou « khartoume » multicolore, elle cache tant bien que mal son amertume. Même si ses yeux sont pleins de larmes, elle essaye quand même de ne pas les verser. C’est elle-même qui essaye de réconforter les autres dames. « C’est Dieu qui nous l’avait donné, Il l’a repris. Nous Lui rendrons grâce. Actuellement, tout ce qui reste, c’est de prier pour le repos en paix de l’âme de Malick ». Poursuivant, La mère du défunt, de révéler que « Malick m’a appelé ce matin. Je viens de raccrocher avec lui au téléphone, il n’y a même pas une heure. Je n’avais aucun pressentiment que c’était notre dernière conversation. Mon Malick est parti. Et pourtant, il m’a parlé tout à l’heure. Il m’a dit qu’il m’aimait et qu’il travaillait pour m’amener à la Mecque ». Elle se remémorait ainsi les derniers mots qui résonnent encore dans son esprit. Avant de s’en remettre à Dieu : « C’est la volonté divine. Tout âme qui goute la vie, connaitra tôt ou tard la mort », prêche-t-elle, affectée par le décès brutal de son fils. Dans ce quartier, Malick est dépeint comme un jeune calme et sans problème. Il n’a jamais eu de démêlés avec qui que ce soit. « Il était mon fils adoré et n’hésitait pas à combler mes moindres caprices. Il était pieux et sans problème. Tout ce qu’il gagnait dans son métier, il le remettait à son père. C’est quelqu’un qui aimait bien ses parents.
ALIOU DIOUF
Le Pays au Quotidien