Pas d'euphorie du côté de l'emploi pour l'Organisation internationale du travail (OIT). La courbe ne s'inverse toujours pas, malgré la reprise économique mondiale. Le nombre de chômeurs a presque atteint 202 millions en 2013, soit 5 millions de plus par rapport à 2012, selon le nouveau rapport annuel de l'OIT. Le taux est resté stable à 6%.
Dans le panorama géographique, le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord enregistrent toujours les taux les plus élevés, à 10,9% et 12,2%, à l'inverse des pays d'Asie, entre 4% et 4,5% mais qui voient le chômage se dégrader. Dans les pays développés, le taux reste inchangé à 8,6% et il diminue légèrement dans la zone Amérique latine et Caraïbes (6,5% contre 6,6%).
Le point noir reste le chômage des jeunes, à 13% à l'échelle mondiale, qui se détériore dans presque toutes les régions, à l'exception de l'Amérique latine et de l'Afrique subsaharienne. Au total, 74,5 millions des moins de 25 ans sont privés d'emploi. Les taux sont particulièrement alarmants au Moyen-Orient - 27,2% - en Afrique du Nord - 29,4% - et dans les pays développés, à 18,3%.
Surtout, le nombre de jeunes chômeurs, qui ne sont ni à l'école ou en formation, ne cesse d'augmenter ainsi que le chômage de longue durée, au risque de perdre en compétences et d'avoir plus de difficultés à réintégrer le marché du travail. Dans plusieurs pays développés, notamment en Espagne et en Grèce, la durée du chômage a doublé comparé au niveau d'avant crise. Même aux États-Unis, où les signes de reprise économique sont plus marqués, le chômage de longue durée touche plus de 40% des demandeurs d'emploi.
215 millions de demandeurs d'emploi en 2018
Au rythme actuel, 200 millions d'emplois supplémentaires seront créés d'ici 2018, évalue l'OIT. Un chiffre nettement insuffisant pour absorber le nombre croissant de personnes arrivant sur le marché du travail. Ainsi, le nombre de demandeurs d'emploi atteindra 215 millions en 2018. D'où un appel à repenser les politiques. «Nous devons accroître nos efforts pour accélérer la création d'emploi et soutenir les entreprises qui créent de l'emploi», a déclaré le directeur général de l'Organisation de Genève, Guy Rider.
Une fois de plus, les experts de l'OIT, axés sur une politique de la demande, critiquent les politiques d'austérité menées dans les économies développées, où «les réductions drastiques des dépenses publiques et les hausses des impôts sur le revenu et des taxes à la consommation pèsent lourdement sur les entreprises et les ménages». L'OIT estime qu'un changement de cap et une hausse des revenus du travail pourraient réduire le chômage de 1,8% d'ici à 2020, soit 6,1 millions de nouveaux jobs.
L'OIT plaide aussi pour la mise en place de politiques actives de l'emploi, en particulier pour aider les 23 millions de personnes les plus vulnérables. En moyenne, les pays de l'OCDE ont dépensé moins de 0,6% du PIB à ces politiques en 2011. Passer à 1,2% pourrait permettre de créer 3,9 millions d'emploi.