Le maire de Moscou Sergueï Sobianine a annoncé lundi de vastes opérations policières de contrôle des immigrés, après une réunion avec le président Vladimir Poutine. «Il a été décidé de mobiliser des forces supplémentaires pour ramener l'ordre, y compris les services de contrôle migratoire», a-t-il déclaré.
La première cible de la police est un marché de gros de la banlieue de Birioulovo, au sud de Moscou, où des milliers d'émeutiers se sont rassemblés dimanche et scandaient «La Russie aux Russes!». Lors d'un premier raid lundi, «environ 1'200 personnes ont été interpellées afin de vérifier leur éventuelle implication dans des crimes», a indiqué le service de presse de la police moscovite.
Immigrés clandestins
Les accès au marché étaient bloqués par la police et des groupes d'habitants continuaient à exprimer leur mécontentement et leur hostilité aux migrants. Le Comité d'enquête russe a souligné dans un communiqué «la grande quantité de crimes graves et très graves commis par des étrangers et des apatrides, y compris par ceux issus de l'ex-URSS».
Sergueï Sobianine a précisé que les autres marchés de la capitale seraient aussi visés par des opérations policières. Le maire de Moscou a également annoncé des opérations de contrôle dans les immeubles de la ville pour rechercher des immigrés clandestins: «c'est indispensable pour comprendre l'ampleur du problème et aider la police à retrouver le criminel», a-t-il déclaré.
Emeutes à Birioulovo
Les marchés de gros alimentent la capitale russe en fruits et légumes venant souvent du sud du pays et des pays voisins du Caucase et d'Asie centrale. Ils emploient beaucoup de migrants, qu'ils soient ressortissants de ces pays, clandestins ou pas, ou citoyens russes originaires des républiques caucasiennes du sud du pays.
Les habitants du quartier de Birioulovo s'étaient d'abord rassemblés pour réclamer l'arrestation du meurtrier et la fermeture du marché, mais la manifestation a dégénéré en émeute. Face à l'ampleur des troubles, les autorités ont mis en état d'alerte l'ensemble des forces policières de la capitale.
Changement de politique
Alexeï Navalny, un libéral aux accents nationalistes devenu l'opposant numéro un du président Poutine, a averti sur son blog que sans changement de politique il y aurait «d'autres Birioulovo». Il a reproché à Vladimir Poutine son refus de fermer la porte aux ressortissants de l'ex-URSS au nom des intérêts géopolitiques de Moscou.
Les heurts dans la soirée entre émeutiers et policiers ont fait 23 blessés au total, dont huit ont été hospitalisés. Quelque 380 personnes ont été interpellées, dont deux maintenues en détention et 70 poursuivies pour infraction. L'auteur du meurtre à l'origine de l'émeute n'a pas encore été arrêté.