Les récentes découvertes importantes de pétrole et de gaz au Sénégal par les juniors pétroliers dans l’offshore Sénégalais ont fait la promotion du bassin sédimentaire côtier sénégalais en y attirant de plus en plus les compagnies pétrolières internationales en particulier les majors qui cherchent à tout prix à s’octroyer des blocs offshores. Ces activités de recherches pétrolières et gazières dans les côtes sénégalaises ne seront pas sans conséquence sur certaines activités économiques à l’occurrence la pêche artisanale si elles ne sont pas bien encadrées.
Nous savons tous que l’exploitation des hydrocarbures peut générer des opportunités économiques inestimables à l’Etat et aux communautés en promouvant un développement durable, mais aussi des externalités négatives. Cependant, notre modeste contribution essaie de traiter les risques environnementaux liés aux activités de recherche et d’exploitation éventuelle des blocs pétroliers offshores sur les ressources halieutiques et ses répercussions sur le plan socioéconomique au niveau des communautés de pêcheurs artisanaux.
Il faut comprendre que c'est dans le sous-sol, plus précisément dans les bassins sédimentaires que les hydrocarbures sont générés, au niveau des roches mères, à partir de la matière organique, au cours d'un processus long de dizaines à des centaines de millions d'années, dans des conditions de pression et de température élevées. Elles migrent ensuite à travers les couches sédimentaires perméables, avant de s'accumuler dans des "pièges" constitués dans les roches réservoirs pour devenir des réserves ou gisements exploitables. Ces réserves sont les cibles des méthodes d'investigations géophysiques telles que la sismique. Et au cas où elles satisfont à un certain nombre de critères, elles font l'objet de forages.
Ainsi, au Sénégal, les premières découvertes de pétrole offshore ont vu le jour vers les années 80 alors que personne n’imaginait qu’une goutte de pétrole pouvait jaillir de notre bassin sédimentaire. Plus de 160 puits ont été forés de 1981 à 2014, date de la première découverte. Les compagnies pétrolières privées ont ainsi flambé plus de 1 milliard de dollars soit environ plus de 500 milliards de francs Cfa pour l’exploration. Malheureusement pour elles, les recherches ne se sont pas avérées fructueuses avec une découverte de pétrole lourd du Dôme Flore (10°API) non commerciale, au large de la Casamance.
Ce n’est qu’en 2014, qu’il y a eu les vrais fruits de recherches dans le bassin sédimentaire offshore Sénégalais, avec les découvertes de réserves récupérables de pétrole sur Sangomar offshore Profond (estimées entre 475 et 641 millions de barils) ; en 2015 la découverte de gaz naturel (estimée à 17 TCF ou 450 milliards m3) sur Saint-Louis offshore Profond ; et respectivement en 2016 et 2017 ,deux découvertes de gaz naturel ( estimées à 5 TCF ou 145 milliards m3 sur Téranga-1 et 15 TCF sur yakar-1) toutes sur Cayar offshore profond.
Actuellement, il y a 7 blocs situés en onshore et 11 blocs situés en offshore, cependant l’enjeu de taille se trouve sur ces derniers blocs car les activités de recherches, d’explorations ou d’exploitations futures qui s’y déroulerons pourraient entrainer des conflits d’intérêts avec d’autres usagers de la mer notamment les pêcheurs artisanaux vivant au long des côtes sénégalaises.
En effet, une des activités majeures de la côte sénégalaise est la pêche. Cette activité est organisée en deux secteurs : la pêche industrielle et la pêche artisanale .Cette dernière est conduite à partir de pirogues, est la composante la plus dynamique du secteur et la plus importante en termes de retombées socioéconomiques .Elle constitue une importante source de revenus, tout en contribuant à l’alimentation de la population nationale. Elle induit également le développement de nombreuses activités connexes dont le mareyage, la transformation et le transport.
Le secteur de la pêche compte au niveau primaire (capture de la ressource) environ 52000 pêcheurs artisanaux et 5000 pêcheurs dans le sous-secteur industriel. Avec le niveau secondaire (transformation, vente), le secteur de la pêche emploie plus de 650000 personnes, ce qui représente environ 1/5 de la population active du Sénégal (FAO, 2008).En plus d’être importante pour l’économie, la pêche est aussi importante pour la santé des communautés. La pêche fournit plus de 75% de l’apport en protéine animale des populations locales et, avec 36kg par habitant par année, le Sénégal est le deuxième plus grand consommateur per capita en Afrique (York et Gossard, 2004).
Il est estimé qu’il existe environ 20000 pirogues (CSRP, 2015). La zone exclusive que la législation sénégalaise octroie à la pêche artisanale se situe entre 0 et 7 miles nautiques (12,96 km) du rivage tout au long de la côte (CSRP ,2015).
La pêche dans cette zone exclusive est interdite aux navires de pêche industrielle. Cependant, les pêcheurs artisanaux ne sont pas contraints par cette limitation et il leur est permis d’aller au-delà de cette zone. Fort de cette situation, il est important d’étudier comment les activités de recherches et d’exploitation des hydrocarbures pourront interférer avec celle de la pêche artisanale au large des côtes Sénégalaise dans ce contexte de convoitise du bassin sédimentaire offshore par les compagnies pétrolières internationales attirées d’une part par les conditions fiscales très abordables et d’autre part par le potentiel du bassin.
Les problèmes environnementaux liés à l’exploitation pétrolière et gazière sont énormes. Une fois débutée cette dernière, les dégâts sur les écosystèmes marins sont parfois irréversibles si des mesures idoines ne sont pas prises .C’est la raison pour laquelle l’exploitation des hydrocarbures en offshore deviennent parfois très compliquée avec les activités de pêche. Ceci dit que le Sénégal devra d’ailleurs impérativement veiller aux impacts socio-environnementaux de l’exploitation d’hydrocarbures pour ne pas compromettre cette dernière activité, premier poste d’exportation du pays, et qui a rapporté en devises 204,43 milliards de FCFA , soit environ 312 millions d’euros en 2016.
Actuellement, dans les côtes sénégalaises, au rythme où vont les prospections pétrolières, on peut souligner à tort ou à raison que les zones de pêche réservées à la pêche artisanale risquent à termes de se réduire considérablement. En outre il y a des risques de pollutions routinières ou accidentelles liés au futur développement des récentes découvertes de pétrole et de gaz dans l’environnement marin, ce qui affecterait la qualité des ressources halieutiques et ceci se répercutera inéluctablement sur la pêche artisanale.
Les activités pétrolières comprennent plusieurs phases (Exploration sismique, forage exploratoire, développement, exploitation et éventuellement le démantèlement). C’est la phase d’extraction des hydrocarbures dans le sous-sol du fond marin qui est sensé cohabitée avec la pêche sur de longues années. Elle peut durer plusieurs dizaines d’années selon le type de champ. Le chiffre habituel pour la durée de vie d’un champ pétrolier ou gazier est comprise entre 15 et 30 ans mais un très grand champ peut durer jusqu’à 50 ans.
Durant cette phase, les pollutions routinières liées aux activités habituelles (extraction, chargement/déchargement du brut et déversements d’eaux de productions non traitées) et celles accidentelles (marées noires) sont les plus grandes menaces sur les ressources halieutiques et sur l’environnement marin.
Aujourd’hui, les consommateurs sont de plus en plus avertis en ce qui concerne la qualité des produits halieutiques. Des réglementations plus sévères sont introduites par les gouvernements pour garantir cette qualité. Les pays en développement comme le Sénégal aurait plus de difficultés à respecter les normes sanitaires fixées par le marché extérieur du fait d’une mauvaise cohabitation des activités de pêche avec les éventuels développements pétroliers et gaziers offshores.
En effet, la pêche artisanale sénégalaise assure environ 90% des mises à terre et contribue pour près de 60% aux quantités de produits exportés (ANSD ,2011). Ceci dit que les productions de la pêche artisanale Sénégalaise sont bien tournées vers les marchés d’exportation. Des marchés dans lesquels il y a plus de contrôle de traçabilité de la trajectoire des produits de la mer, depuis les lieux de production jusqu’à la mise en marché. Ces marchés, notamment le marché européen, sont de plus en plus d’accès difficile en raison des normes d’hygiène et de salubrité. De ce fait, des rejets éventuels d’hydrocarbures (opérationnelles ou accidentels) dans l'environnement marin sénégalais , et leur accumulation dans la chaîne alimentaire, pourraient se répercuter sur la qualité des produits de la mer qui atterrissent au niveau des principaux sites d’atterrissage de pirogues au niveau des côtes Sénégalaise ou vivent les communautaires pêcheurs et/ou ceux qui seront capturés par les chalutiers étrangers.
Cependant sur le plan socioéconomique, cette potentielle perte de qualité de produits pouvant ainsi entrainer une perte de marchés essentiels pour les produits halieutiques sénégalais se répercuterait concomitamment sur la baisse des recettes de l’état, et surtout sur celle des revenus des communautés de pêcheurs artisanaux et de ceux qui ont d’autres activités connexes à la pêche notamment les mareyeurs et les femmes transformatrices de produits halieutiques, etc.
Les activités pétrolières offshores sont introduites au large des côtes sénégalaises dans un contexte de surexploitation totale et de fragilisation du milieu marin et de ses ressources. Ces ressources halieutiques qui font partie du patrimoine commun de l’humanité, qui assurent la sécurité alimentaire du pays, diminuent et l’environnement marin se dégrade. Tous ces problèmes rendent nécessaire une meilleure gestion des pêches qui impliquerait les usagers de la ressource halieutique, qui en sont les ayants-droits traditionnels dans leur diversité (migrants, sédentaires, mareyeurs, femmes transformatrices…).
Cette gestion doit prendre en considération l’écosystème marin, car la gestion de la pêche, ne se limite pas à la gestion séparée de stocks multiples, mais doit s’étendre à l’ensemble de cet écosystème. Certes le pétrole et le gaz, ressources non renouvelables, peuvent créer beaucoup d’emplois et apporter des recettes cruciales à l’Etat du Sénégal mais ils peuvent aussi endommager les ressources marines, déstabilisent l’environnement socio-économique et politique du pays et à la limite entrainer «la malédiction des ressources naturelles».
Le Sénégal est avant tout une nation de pêche, par conséquent une dégradation de l’environnement marin par un développement pétrolier ou gazier porterait atteinte au développement économique du pays. Sur le plan social, une telle situation pourrait se traduire par l’insécurité alimentaire et le chômage de la plupart des acteurs du secteur, principalement les pécheurs artisanaux.
Dès lors, face à ces activités pétrolières et gazières, il urge d’avoir une meilleure connaissance de l’environnement marin sénégalais pour une gestion durable des ressources marines. A ce titre, un suivi et l’évaluation des indicateurs écologiques, biologiques et socio-économiques devraient aider à prévoir les situations de tension éventuelle et par conséquent à cibler l’action régulatrice nécessaire. Ces indicateurs peuvent également aider à évaluer les dimensions de l’activité pétrolière et gazière pour contribuer à un ajustement progressif permettant de bien concilier ces activités avec la pêche.
Auteur
Adama FALL : Consultant en Evaluation Environnementale et sociale / Spécialiste en Gestion des Impacts des Industries Extractives et Développement
Focus : Activité pétrolière et gazière
Nous savons tous que l’exploitation des hydrocarbures peut générer des opportunités économiques inestimables à l’Etat et aux communautés en promouvant un développement durable, mais aussi des externalités négatives. Cependant, notre modeste contribution essaie de traiter les risques environnementaux liés aux activités de recherche et d’exploitation éventuelle des blocs pétroliers offshores sur les ressources halieutiques et ses répercussions sur le plan socioéconomique au niveau des communautés de pêcheurs artisanaux.
Il faut comprendre que c'est dans le sous-sol, plus précisément dans les bassins sédimentaires que les hydrocarbures sont générés, au niveau des roches mères, à partir de la matière organique, au cours d'un processus long de dizaines à des centaines de millions d'années, dans des conditions de pression et de température élevées. Elles migrent ensuite à travers les couches sédimentaires perméables, avant de s'accumuler dans des "pièges" constitués dans les roches réservoirs pour devenir des réserves ou gisements exploitables. Ces réserves sont les cibles des méthodes d'investigations géophysiques telles que la sismique. Et au cas où elles satisfont à un certain nombre de critères, elles font l'objet de forages.
Ainsi, au Sénégal, les premières découvertes de pétrole offshore ont vu le jour vers les années 80 alors que personne n’imaginait qu’une goutte de pétrole pouvait jaillir de notre bassin sédimentaire. Plus de 160 puits ont été forés de 1981 à 2014, date de la première découverte. Les compagnies pétrolières privées ont ainsi flambé plus de 1 milliard de dollars soit environ plus de 500 milliards de francs Cfa pour l’exploration. Malheureusement pour elles, les recherches ne se sont pas avérées fructueuses avec une découverte de pétrole lourd du Dôme Flore (10°API) non commerciale, au large de la Casamance.
Ce n’est qu’en 2014, qu’il y a eu les vrais fruits de recherches dans le bassin sédimentaire offshore Sénégalais, avec les découvertes de réserves récupérables de pétrole sur Sangomar offshore Profond (estimées entre 475 et 641 millions de barils) ; en 2015 la découverte de gaz naturel (estimée à 17 TCF ou 450 milliards m3) sur Saint-Louis offshore Profond ; et respectivement en 2016 et 2017 ,deux découvertes de gaz naturel ( estimées à 5 TCF ou 145 milliards m3 sur Téranga-1 et 15 TCF sur yakar-1) toutes sur Cayar offshore profond.
Actuellement, il y a 7 blocs situés en onshore et 11 blocs situés en offshore, cependant l’enjeu de taille se trouve sur ces derniers blocs car les activités de recherches, d’explorations ou d’exploitations futures qui s’y déroulerons pourraient entrainer des conflits d’intérêts avec d’autres usagers de la mer notamment les pêcheurs artisanaux vivant au long des côtes sénégalaises.
En effet, une des activités majeures de la côte sénégalaise est la pêche. Cette activité est organisée en deux secteurs : la pêche industrielle et la pêche artisanale .Cette dernière est conduite à partir de pirogues, est la composante la plus dynamique du secteur et la plus importante en termes de retombées socioéconomiques .Elle constitue une importante source de revenus, tout en contribuant à l’alimentation de la population nationale. Elle induit également le développement de nombreuses activités connexes dont le mareyage, la transformation et le transport.
Le secteur de la pêche compte au niveau primaire (capture de la ressource) environ 52000 pêcheurs artisanaux et 5000 pêcheurs dans le sous-secteur industriel. Avec le niveau secondaire (transformation, vente), le secteur de la pêche emploie plus de 650000 personnes, ce qui représente environ 1/5 de la population active du Sénégal (FAO, 2008).En plus d’être importante pour l’économie, la pêche est aussi importante pour la santé des communautés. La pêche fournit plus de 75% de l’apport en protéine animale des populations locales et, avec 36kg par habitant par année, le Sénégal est le deuxième plus grand consommateur per capita en Afrique (York et Gossard, 2004).
Il est estimé qu’il existe environ 20000 pirogues (CSRP, 2015). La zone exclusive que la législation sénégalaise octroie à la pêche artisanale se situe entre 0 et 7 miles nautiques (12,96 km) du rivage tout au long de la côte (CSRP ,2015).
La pêche dans cette zone exclusive est interdite aux navires de pêche industrielle. Cependant, les pêcheurs artisanaux ne sont pas contraints par cette limitation et il leur est permis d’aller au-delà de cette zone. Fort de cette situation, il est important d’étudier comment les activités de recherches et d’exploitation des hydrocarbures pourront interférer avec celle de la pêche artisanale au large des côtes Sénégalaise dans ce contexte de convoitise du bassin sédimentaire offshore par les compagnies pétrolières internationales attirées d’une part par les conditions fiscales très abordables et d’autre part par le potentiel du bassin.
Les problèmes environnementaux liés à l’exploitation pétrolière et gazière sont énormes. Une fois débutée cette dernière, les dégâts sur les écosystèmes marins sont parfois irréversibles si des mesures idoines ne sont pas prises .C’est la raison pour laquelle l’exploitation des hydrocarbures en offshore deviennent parfois très compliquée avec les activités de pêche. Ceci dit que le Sénégal devra d’ailleurs impérativement veiller aux impacts socio-environnementaux de l’exploitation d’hydrocarbures pour ne pas compromettre cette dernière activité, premier poste d’exportation du pays, et qui a rapporté en devises 204,43 milliards de FCFA , soit environ 312 millions d’euros en 2016.
Actuellement, dans les côtes sénégalaises, au rythme où vont les prospections pétrolières, on peut souligner à tort ou à raison que les zones de pêche réservées à la pêche artisanale risquent à termes de se réduire considérablement. En outre il y a des risques de pollutions routinières ou accidentelles liés au futur développement des récentes découvertes de pétrole et de gaz dans l’environnement marin, ce qui affecterait la qualité des ressources halieutiques et ceci se répercutera inéluctablement sur la pêche artisanale.
Les activités pétrolières comprennent plusieurs phases (Exploration sismique, forage exploratoire, développement, exploitation et éventuellement le démantèlement). C’est la phase d’extraction des hydrocarbures dans le sous-sol du fond marin qui est sensé cohabitée avec la pêche sur de longues années. Elle peut durer plusieurs dizaines d’années selon le type de champ. Le chiffre habituel pour la durée de vie d’un champ pétrolier ou gazier est comprise entre 15 et 30 ans mais un très grand champ peut durer jusqu’à 50 ans.
Durant cette phase, les pollutions routinières liées aux activités habituelles (extraction, chargement/déchargement du brut et déversements d’eaux de productions non traitées) et celles accidentelles (marées noires) sont les plus grandes menaces sur les ressources halieutiques et sur l’environnement marin.
Aujourd’hui, les consommateurs sont de plus en plus avertis en ce qui concerne la qualité des produits halieutiques. Des réglementations plus sévères sont introduites par les gouvernements pour garantir cette qualité. Les pays en développement comme le Sénégal aurait plus de difficultés à respecter les normes sanitaires fixées par le marché extérieur du fait d’une mauvaise cohabitation des activités de pêche avec les éventuels développements pétroliers et gaziers offshores.
En effet, la pêche artisanale sénégalaise assure environ 90% des mises à terre et contribue pour près de 60% aux quantités de produits exportés (ANSD ,2011). Ceci dit que les productions de la pêche artisanale Sénégalaise sont bien tournées vers les marchés d’exportation. Des marchés dans lesquels il y a plus de contrôle de traçabilité de la trajectoire des produits de la mer, depuis les lieux de production jusqu’à la mise en marché. Ces marchés, notamment le marché européen, sont de plus en plus d’accès difficile en raison des normes d’hygiène et de salubrité. De ce fait, des rejets éventuels d’hydrocarbures (opérationnelles ou accidentels) dans l'environnement marin sénégalais , et leur accumulation dans la chaîne alimentaire, pourraient se répercuter sur la qualité des produits de la mer qui atterrissent au niveau des principaux sites d’atterrissage de pirogues au niveau des côtes Sénégalaise ou vivent les communautaires pêcheurs et/ou ceux qui seront capturés par les chalutiers étrangers.
Cependant sur le plan socioéconomique, cette potentielle perte de qualité de produits pouvant ainsi entrainer une perte de marchés essentiels pour les produits halieutiques sénégalais se répercuterait concomitamment sur la baisse des recettes de l’état, et surtout sur celle des revenus des communautés de pêcheurs artisanaux et de ceux qui ont d’autres activités connexes à la pêche notamment les mareyeurs et les femmes transformatrices de produits halieutiques, etc.
Les activités pétrolières offshores sont introduites au large des côtes sénégalaises dans un contexte de surexploitation totale et de fragilisation du milieu marin et de ses ressources. Ces ressources halieutiques qui font partie du patrimoine commun de l’humanité, qui assurent la sécurité alimentaire du pays, diminuent et l’environnement marin se dégrade. Tous ces problèmes rendent nécessaire une meilleure gestion des pêches qui impliquerait les usagers de la ressource halieutique, qui en sont les ayants-droits traditionnels dans leur diversité (migrants, sédentaires, mareyeurs, femmes transformatrices…).
Cette gestion doit prendre en considération l’écosystème marin, car la gestion de la pêche, ne se limite pas à la gestion séparée de stocks multiples, mais doit s’étendre à l’ensemble de cet écosystème. Certes le pétrole et le gaz, ressources non renouvelables, peuvent créer beaucoup d’emplois et apporter des recettes cruciales à l’Etat du Sénégal mais ils peuvent aussi endommager les ressources marines, déstabilisent l’environnement socio-économique et politique du pays et à la limite entrainer «la malédiction des ressources naturelles».
Le Sénégal est avant tout une nation de pêche, par conséquent une dégradation de l’environnement marin par un développement pétrolier ou gazier porterait atteinte au développement économique du pays. Sur le plan social, une telle situation pourrait se traduire par l’insécurité alimentaire et le chômage de la plupart des acteurs du secteur, principalement les pécheurs artisanaux.
Dès lors, face à ces activités pétrolières et gazières, il urge d’avoir une meilleure connaissance de l’environnement marin sénégalais pour une gestion durable des ressources marines. A ce titre, un suivi et l’évaluation des indicateurs écologiques, biologiques et socio-économiques devraient aider à prévoir les situations de tension éventuelle et par conséquent à cibler l’action régulatrice nécessaire. Ces indicateurs peuvent également aider à évaluer les dimensions de l’activité pétrolière et gazière pour contribuer à un ajustement progressif permettant de bien concilier ces activités avec la pêche.
Auteur
Adama FALL : Consultant en Evaluation Environnementale et sociale / Spécialiste en Gestion des Impacts des Industries Extractives et Développement
Focus : Activité pétrolière et gazière