La spiritualité d'un guide religieux n'est pas fonction de la foule qui l'entoure (marabout)

La foule ne peut être considérée comme un critère déterminant pour prouver le degré de spiritualité d’un guide religieux, a affirmé le Chérif Mamoune Aïdara, estimant qu’il faut bien au contraire ‘’se méfier d’une foule nombreuse qui suit un guide religieux’’.


‘’Le +mbollo+ (ou foule), qui se rassemble autour d’un guide religieux, ne signifie pas grand-chose. Cette foule n’est pas déterminante et ne prouve rien par rapport au degré de spiritualité d’un marabout’’, a-t-il dit dans un entretien accordé à l’envoyé spécial de l’APS, à l’occasion du pèlerinage de Nimzath, en Mauritanie.

‘’D’ailleurs, il faut même se méfier de cela, car un vrai guide religieux ne cherche pas de +mbollo+. Cela ressemblerait plus à des affaires qu’à une recherche spirituelle’’, a-t-il prévenu.

Selon lui, ‘’au Sénégal, la notion de +Serigne+ (ou marabout) est tellement forte qu’on peut même l’assimiler à un Dieu’’.

‘’C’est une culture qui s’explique par le fait que notre Islam est confrérique’’, explique ce guide religieux qui dit être sénégalais et non mauritanien.

''Beaucoup de marabout détiennent des talismans'' qu’ils peuvent utiliser pour avoir de la foule en les mettant dans des aliments que les disciples mangent, a-t-il indiqué.

‘’ J’ai eu plusieurs fois la visite de certains marabouts qui me donnaient des noms de personnes qu’ils voulaient à leurs pieds. Et une fois que ça arrive, le talibé n’a plus toute sa tête et ne distingue pas le vrai du faux’’, explique-t-il.

Cette façon de faire peut être assimilée, selon lui, à de ‘’l’hypocrisie et à un manque de sincérité de la part de ce genre de marabouts’’.

D’après lui, la Khadrya, de Cheikhna Cheikh Saad Bouh, prône la vérité entre le marabout et son disciple.

‘’Le plus important concernant la foule qui suit son guide religieux, c’est la qualité des disciples. On voit de plus en plus, dans les mouvements formés par ces marabouts, des choses malsaines qui se passent entre les disciples eux mêmes’’, a-t-il déploré.

Les femmes sont en général mieux placées pour connaître leurs guides religieux, car la relation entre le marabout et son disciple féminin doit être parfaitement saine.

Chérif Mamoune Aïdara est le fondateur du mouvement khadre ‘’Sadikhine wa sadikhatt’’, qui se réunit chaque année à 24 kilomètre de Saint-Louis, à Nimzatt Halar. Les disciples viennent dans ce chef de village dont lui-même est le chef pour honorer le fondateur de la Khadriya.

Abdou Khadre Cissé

Jeudi 23 Aout 2012 14:00

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