Le 19 avril 2018. Et l’histoire ne s’est pas répétée ! (Par Ansou Sané)


Le 19 avril 2018 devait être, selon beaucoup de projections alarmistes, une répétition, un remake du 23 juin 2011. Toutes les prévisions des responsables de l’opposition et de certaines composantes de la société civile laissaient croire que le vote du projet de loi sur le parrainage devait connaitre le même sort que celui de la loi sur le ticket présidentiel proposé le 23 juin 2011. Ces différentes déclarations et appels à la mobilisation, voire même au soulèvement populaire, relayées dans les différents  canaux de communication, avaient fini d’installer une certaine appréhension chez les populations. Malheureusement, la montagne a accouché d’une souris. L’opposition a déchanté  et avec elle des mouvements comme "Y en a Marre", tellement surpris de l’absence de mobilisation que l’un de ses membres, Kilifeu, n’avait pas hésité à qualifier les sénégalais de lâches.


Quel mépris, quel manque de respect pour un peuple qui a fini de démontrer sa maturité démocratique ? Mais l’on comprend ce cri de «  gueule » car ce mouvement, au delà du projet de loi sur le parrainage, comptait, comme à son habitude,  récupérer cette mobilisation pour en tirer les retombées. A ce niveau, l’histoire ne s’est pas répétée, dommage pour cette bande d’irresponsables dépourvus de toute légitimité populaire.  Quelle image peuvent-ils offrir aux jeunes de leur génération? Quel modèle de champions ou de leaders peuvent-ils se prévaloir  pour susciter l’émulation ou la considération de la part des millions de jeunes de notre pays ?


 En vérité, pour en revenir à cette journée du 19 avril 2018, sauf à sous estimer la maturité civique  des sénégalais, l’on pouvait aisément s’attendre à la posture qu’ils ont adopté. Les contextes n’étant pas les mêmes, forcement le résultat ne pouvait  être autrement.


En effet, en 2011, le vote de cette dangereuse loi n’était pas, à lui seul, l’élément explicatif de la forte mobilisation des jeunes, de la société civile, des partis politiques, bref des sénégalais  devant les grilles de l’Assemblée nationale. Il y avait  un faisceau d’indices  qui ont exacerbé les populations et la volonté du régime de faire passer ce projet de loi n’a été simplement que la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. Parmi ce faisceau d’indices, il y avait la cherté de la vie. En effet, quelques années après la première alternance,  le régime de Maitre WADE s’était distingué par une marque de fabrique, fruit de son incompétence, à savoir  la hausse régulière et permanente des prix de toutes les denrées de première nécessité (riz, huile, sucre…). Le panier de la ménagère était cher et les pauvres goorgolous ne parvenaient plus à faire face à l’inflation galopante.


Aussi, les sénégalais étaient exacerbés par les coupures intempestives de courant qui ont fini de plonger le pays dans le noir et de plomber toute l’activité économique. En lieu et place des délestages, c’était, à longueur de journées, « des Khouye Khamadj » qui se traduisaient par des factures salées pour les usagers de la SENELEC. On assistait, en son temps, à l’échec du plan Takaal, piloté par l’ex ministre du  "ciel et de la terre", malgré tous les milliards mobilisés pour son financement.


Au plan macro économique, l’on avait assisté, de 2001 à 2011, à un essoufflement  des moteurs de la croissance caractérisé par un Pib et une croissance faible, un déficit budgétaire chronique et accru ainsi qu’une dégradation de la balance commerciale. Tous les clignotants étaient rouges.


Et le 23 juin 2011  a produit les résultats que l’on sait. Aujourd’hui,  ce contexte est, de très loin, dépassé  et le 19 avril 2018 marque un tournant majeur dans notre ascension démocratique puisqu’il consacre une révision qui a vocation à renforcer les bases de nos acquis démocratiques. Et ça, le peuple le sait pour avoir, au lendemain des élections législatives du 30 juillet 2017, demandé au Président de la République de prendre ses responsabilités pour réguler les élections en rationalisation les candidatures afin de permettre aux citoyens d’exercer leur droit de vote de façon lisible tout en évitant les gaspillages dans l’organisation matérielle des élections.


C’est pour donner suite à cette forte demande populaire que le Président Macky SALL a proposé le vote de cette loi. Ainsi, par cette révision constitutionnelle, il prouve, encore une fois, toute sa capacité à apporter des réponses aux aspirations légitimes de son peuple comme il a su le faire en prenant, depuis 2012, les mesures idoines pour :  assainir le cadre macro économique ayant permis à notre pays de produire une croissance en forte  et constante hausse ; redistribuer les fruits de cette croissance aux couches les plus défavorisées à travers les programmes tels que le PUDC, le PUMA, la CMU,  le Plan Sésame et le PROMOVILLE ; maitriser et diminuer les prix des denrées de première nécessité,  de l’électricité, du loyer ; maitriser l’inflation, améliorer les revenus des ménages par la baisse de l'impôt sur les revenus, la revalorisation des pensions de retraite, engager les réformes visant à accroitre  la compétitivité et l’attractivité de notre économie ; assurer notre indépendance énergétique grâce à la politique du mix énergétique et à l’inauguration de centrales solaires et éoliennes; inaugurer, dans tout le pays,  des chantiers de construction d’infrastructures terrestres, maritimes et aériennes.
Considéré, à juste raison,  comme le Président de la demande sociale, le Président Macky SALL, vient de hisser, par cette loi, notre système démocratique. Tant pis pour l’opposition, cette minorité qui a encore subi, avec l’échec de son appel à la mobilisation, une énième claque, cela après ses défaites au référendum et aux élections législatives.  Vivement qu’elle se ressaisisse  et qu’elle revienne à la table du dialogue afin de trouver, avec la majorité,  des solutions consensuelles aux questions liées aux modalités d’application de la loi.
Ansou SANE
Responsable politique APR à Ziguinchor


Dimanche 29 Avril 2018 11:45

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