Par Maï Mbacké Djamil.
Les journées du 7 Mars des années précédentes sont bien différentes de celle de cette année et je ne peux que m’y réjouir.
En effet, au-delà d’être intégralement consacrée à la commémoration des femmes de « Nder », la date du 7 mars est beaucoup plus une journée dédiée aux préparatifs de la journée internationale du droit des femmes du 8 Mars.
Cette journée du 8 Mars 2021 sera à coup sûr très différente de ses prédécesseurs dans la mesure où elle arrive à un moment où le Sénégal se trouve dans une situation d’exigence et de revendication légitime du respect de l’Etat de droit et des fondements de la démocratie dont la bonne santé garantie à tous la liberté de militer, de s’exprimer et d’agir selon ses propres convictions et principes.
C’est cette démocratie qui nous permet à nous, femmes sénégalaises, de porter à voix haute, nos revendications et luttes existentielles mais aussi identitaires.
Ce contexte de réapparition idéologique et de lutte pour un Sénégal plus conscient de devrait-il pas ainsi être un prétexte symbolique pour revoir nos pensées et pratiques en ce qui concerne la femme et les questions qui l’entourent ?
Ne devrions-nous pas nous interroger sur l’utilité et la façon dont on commémore le 8 mars au Sénégal et de la nature des résultantes qui y sont rattachées ?
Ce qui est très révoltant dans la manière dont on célèbre la journée de la femme au Sénégal, c’est la dimension du folklore et des jubilations mais surtout la réduction de l’évènement aux festivités et aux « sagnsés » en lieux et places des réflexions porteuses d’actions concrètes visant l’amélioration structurelle des conditions de vie des femmes bien malheureusement toujours aussi précaires et difficiles, surtout dans nos zones les plus reculées. Ceci nous conduit à poser l’interrogation à savoir si derrière toutes ces festivités, le sens initial de cette journée est honoré, à savoir celui de la lutte pour l’amélioration des conditions de vie des femmes dans le monde.
Une journée que célèbre le Sénégal par différentes voies et moyens dans une perspective de démontrer des « avancées » dans les luttes qui « se disent » celles des femmes mais aussi de magnifier de manière symbolique « la femme sénégalaise » dans ses rôles et profils et dans ses droits et devoirs.
Si ce deuxième point qui malgré sa perspective très souvent déséquilibrée et partiale pourrait tout de même être considéré comme « acceptable » au vu de son objectif d’encouragement et de fédération conjoint, ce n’est pas le cas du premier cas de figure dans lequel l’opinion veut souvent faire état d’avancements remarquables dans ce qu’elle appelle « la lutte pour le droit des femmes ».
Une lutte dont les fondements sont mal posés, les objectifs mal orientés et les initiatives mal cadrées car assise sur des idéologies et réalités exportatrices qui ne reflètent en rien les urgences en termes de combats et les vrais enjeux et questions constamment adressés au genre.
Organiser des séminaires aux coûts exorbitants dans des hôtels de luxe pour parler de la perspective féminine de l’envahissement par le religieux de la culture alors que le taux de transition scolaire entre la classe de CM2 et celle de la sixième des filles dans la région de Matam est de 43,2%, c’est à dire que sur 100 jeunes filles, 56 d’entre elles n’accèdent pas au collège.
Organiser des missions extérieures à des centaines de millions de F. CFA pour élaborer 3 pages et demi sur l’importance de la parité dans les institutions alors que dans les zones reculées de la région de Diourbel, une femme sur 8 est analphabète.
Dotée un ministère dénommé « Ministère de la femme » d’un budget de 93 milliards de F. CFA alors que depuis 2010, une majeure partie des indicateurs de mesure consacrés aux femmes tels que le « taux d’activité », le taux de scolarisation, le taux d’alphabétisation des adultes, entre autres sont stagnantes et relativement très bas.
Tant d’autres exemples les uns plus choquants que les autres peuvent étayer mon assertion qui se veut dans un premier temps, « dénonciatrice » des actions publiques qui sont en totale contradiction avec les réelles exigences en terme de politique de genre et dans une seconde période, « conscientisante » des vraies problématiques que les femmes africaines et sénégalaises en particulier, devraient « prioriser » dans la lecture de la très longue liste des revendications et combats « légitimes » que devrait porter toutes les femmes dans leurs caractéristiques et natures diverses.
Enfin, je pense qu’il est temps que les femmes prennent leur avenir en main en refusant de se contenter uniquement de jouer un quelconque rôle dans le scénario national consacré à l’accomplissement intellectuel, social et spirituel des femmes mais en imposant d’en être les réalisatrices.
Il faut que nous soyons décomplexées, audacieuses, respectueuses et solidaires mais surtout, il faut que nous sachions différencier les luttes légitimes et fondées de celles vide de sens et d’opportunités de progrès.
Sokhna Maï Mbacké Djamil.
Les journées du 7 Mars des années précédentes sont bien différentes de celle de cette année et je ne peux que m’y réjouir.
En effet, au-delà d’être intégralement consacrée à la commémoration des femmes de « Nder », la date du 7 mars est beaucoup plus une journée dédiée aux préparatifs de la journée internationale du droit des femmes du 8 Mars.
Cette journée du 8 Mars 2021 sera à coup sûr très différente de ses prédécesseurs dans la mesure où elle arrive à un moment où le Sénégal se trouve dans une situation d’exigence et de revendication légitime du respect de l’Etat de droit et des fondements de la démocratie dont la bonne santé garantie à tous la liberté de militer, de s’exprimer et d’agir selon ses propres convictions et principes.
C’est cette démocratie qui nous permet à nous, femmes sénégalaises, de porter à voix haute, nos revendications et luttes existentielles mais aussi identitaires.
Ce contexte de réapparition idéologique et de lutte pour un Sénégal plus conscient de devrait-il pas ainsi être un prétexte symbolique pour revoir nos pensées et pratiques en ce qui concerne la femme et les questions qui l’entourent ?
Ne devrions-nous pas nous interroger sur l’utilité et la façon dont on commémore le 8 mars au Sénégal et de la nature des résultantes qui y sont rattachées ?
Ce qui est très révoltant dans la manière dont on célèbre la journée de la femme au Sénégal, c’est la dimension du folklore et des jubilations mais surtout la réduction de l’évènement aux festivités et aux « sagnsés » en lieux et places des réflexions porteuses d’actions concrètes visant l’amélioration structurelle des conditions de vie des femmes bien malheureusement toujours aussi précaires et difficiles, surtout dans nos zones les plus reculées. Ceci nous conduit à poser l’interrogation à savoir si derrière toutes ces festivités, le sens initial de cette journée est honoré, à savoir celui de la lutte pour l’amélioration des conditions de vie des femmes dans le monde.
Une journée que célèbre le Sénégal par différentes voies et moyens dans une perspective de démontrer des « avancées » dans les luttes qui « se disent » celles des femmes mais aussi de magnifier de manière symbolique « la femme sénégalaise » dans ses rôles et profils et dans ses droits et devoirs.
Si ce deuxième point qui malgré sa perspective très souvent déséquilibrée et partiale pourrait tout de même être considéré comme « acceptable » au vu de son objectif d’encouragement et de fédération conjoint, ce n’est pas le cas du premier cas de figure dans lequel l’opinion veut souvent faire état d’avancements remarquables dans ce qu’elle appelle « la lutte pour le droit des femmes ».
Une lutte dont les fondements sont mal posés, les objectifs mal orientés et les initiatives mal cadrées car assise sur des idéologies et réalités exportatrices qui ne reflètent en rien les urgences en termes de combats et les vrais enjeux et questions constamment adressés au genre.
Organiser des séminaires aux coûts exorbitants dans des hôtels de luxe pour parler de la perspective féminine de l’envahissement par le religieux de la culture alors que le taux de transition scolaire entre la classe de CM2 et celle de la sixième des filles dans la région de Matam est de 43,2%, c’est à dire que sur 100 jeunes filles, 56 d’entre elles n’accèdent pas au collège.
Organiser des missions extérieures à des centaines de millions de F. CFA pour élaborer 3 pages et demi sur l’importance de la parité dans les institutions alors que dans les zones reculées de la région de Diourbel, une femme sur 8 est analphabète.
Dotée un ministère dénommé « Ministère de la femme » d’un budget de 93 milliards de F. CFA alors que depuis 2010, une majeure partie des indicateurs de mesure consacrés aux femmes tels que le « taux d’activité », le taux de scolarisation, le taux d’alphabétisation des adultes, entre autres sont stagnantes et relativement très bas.
Tant d’autres exemples les uns plus choquants que les autres peuvent étayer mon assertion qui se veut dans un premier temps, « dénonciatrice » des actions publiques qui sont en totale contradiction avec les réelles exigences en terme de politique de genre et dans une seconde période, « conscientisante » des vraies problématiques que les femmes africaines et sénégalaises en particulier, devraient « prioriser » dans la lecture de la très longue liste des revendications et combats « légitimes » que devrait porter toutes les femmes dans leurs caractéristiques et natures diverses.
Enfin, je pense qu’il est temps que les femmes prennent leur avenir en main en refusant de se contenter uniquement de jouer un quelconque rôle dans le scénario national consacré à l’accomplissement intellectuel, social et spirituel des femmes mais en imposant d’en être les réalisatrices.
Il faut que nous soyons décomplexées, audacieuses, respectueuses et solidaires mais surtout, il faut que nous sachions différencier les luttes légitimes et fondées de celles vide de sens et d’opportunités de progrès.
Sokhna Maï Mbacké Djamil.