L'universitaire et helléniste sénégalais Omar Sankharé soutient que son dernier livre publié aux éditions L'Harmattan et intitulé "Le Coran et la culture grecque'' vise à lancer un débat universitaire sur ce thème, qui exclut de fait "ceux qui vivent de la religion" sans remettre en cause la sacralité du message coranique.
"Je ne récuse pas le Coran. Ce que je dis, c'est que ce qui se trouve dans le Coran, on le trouve déjà dans d'autres livres. La preuve qu'on connaissait déjà cela dans le Coran, on accuse le Prophète (Mouhammed, PSL) de ne réciter que des textes anciens", a-t-il déclaré, dans une interview parue dans l’édition de mardi du quotidien L'As.
"Moi, j'ai lancé un débat universitaire. D'ailleurs, le professeur (et islamologue) Abdoul Aziz Kébé qui est professeur d'arabe ici (à l'université Cheikh Anta Diop de Dakar, UCAD), m'a dit qu'il souhaiterait organiser un débat, mais à l'université", a confié cet enseignant à l'UCAD, agrégé en grammaire et en littérature classique.
Ce débat souhaité "ne sortirait pas de l'université, parce que l'universitaire n'a pas la même perception du Coran que ceux qui ont étudié dans les daaras (écoles coraniques). Ceux qui sont dans les daaras, on leur dit quelque chose et ils y croient", a-t-il ajouté.
Les thèses qui font ce livre ne vont "pas plaire à ceux qui vivent de la religion", a reconnu le professeur Sankharé, dont l'essai a suscité des réactions passionnées, notamment à travers la presse.
"Et puis moi, tout ce que je dis, c'est que ce que j'ai vu chez Platon, c'est la même chose que ce que j'ai vu dans le Coran. Ce que j'ai vu chez Parménide, c'est la même chose que j'ai vue dans le Coran", a-t-il soutenu.
"D'ailleurs, a-t-il dit en rapportant des confidences à lui faites par le professeur et arabisant Amadou Samb, j'aime bien la position de Abdoul Aziz Sy Dabakh. Dabakh, dit-on, était persuadé que Platon était un prophète de Dieu".
Parmi les thèses soutenues par Oumar Sankharé, il y a celle selon laquelle le Coran est imprégné de culture grecque, une idée qui amène à "penser que Dieu s'est toujours adressé à l'humanité. Ce n'est pas seulement aux Arabes qu'il s'est adressé".
Le Coran est certes "une révélation mais ce n'est pas le Prophète lui-même qui l'a fixé. Il n'était plus vivant lorsqu'on fixait le Coran. Ce sont ses compagnons, les érudits de l'époque, ceux qui avaient mémorisé le Coran, qui l'ont restitué", a-t-il relevé.
"Donc, a-t-il poursuivi, ils ont restitué une parole inspirée, mais la manière de le faire, la rhétorique avec laquelle ils l'ont restitué, ça se sont des gens qui connaissaient le grec, sur tous les plans. Ce sont des gens qui connaissaient le grec. Donc c'est une parole inspirée mais qui a été établie par les hommes".
Selon lui, des versions du Coran ont été refusées à dessein. "Vous savez, quand il y a des successions dans les familles religieuses, il y a forcément des problèmes. La preuve : les khalifes Oumar, Ousmane, Aly ont été tous assassinés, parce qu’il y a des enjeux de pouvoir", a-t-il fait valoir.
Le professeur Sankharé affirme par ailleurs que le Prophète Mouhammad (PSL) n'était pas un illettré. "On n'a dit nulle part que le Prophète est un illettré dans le Coran. C'est que les gens veulent faire croire que tout ce qui est dit dans le Coran n'est pas de lui, parce qu'il n'a pas cette culture-là", a-t-il analysé.