Le président sud-africain Jacob Zuma a inauguré, jeudi matin, le démarrage de la vingt-septième édition du Forum économique mondial sur l’Afrique en prononçant, devant un parterre de diplomates et de dirigeants d’entreprises, un discours sur la nécessité de créer des emplois pour les jeunes du continent.
« Les jeunes ont été très clairs en appelant leurs dirigeants à aborder les problèmes d’exclusion, de pauvreté et de chômage », a déclaré Jacob Zuma, à l’ouverture du Forum économique mondial sur l’Afrique, qui se déroule à Durban, en Afrique du Sud. « Leur parole doit être entendue car l’Afrique est un continent jeune, un continent promis à un brillant avenir si nous investissons correctement dans notre jeunesse « , a-t-il ajouté.
L’Afrique subsaharienne est la région la plus jeune du monde : environ 60% de la population y a moins de 25 ans. Près de 20 millions de diplômés devraient entrer chaque année sur le marché du travail de la zone, selon les estimations du Forum économique mondial.
Robotisation
Plusieurs intervenants ont évoqué la nécessité pour la jeunesse africaine de développer des compétences dans l’information et la technologie, pour obtenir des emplois. En effet, selon les prévisions du Forum, 41% des emplois en Afrique du Sud sont susceptibles d’être automatisés. Un ratio qui atteint 44% en Éthiopie, 46% au Nigeria et 52% au Kenya.
Le secteur des mines est particulièrement concerné, avec le développement de robots plus performants que l’humain. Ainsi, « l’Afrique du sud doit faire face au défi de la reconversion des mineurs », a souligné la directrice du programme africain du Forum, Elsie Kanza, dans une interview à The Africa Report (publication du groupe Jeune Afrique).
A-t-on vraiment besoin d’étudier pendant quatre ans lorsqu’on peut acquérir les compétences adéquates pour un emploi en seulement quatre heures ?
En compilant les données du réseau social professionnel LinkedIn, les chercheurs du Forum ont pu détailler quels étaient les emplois qualifiés les plus nombreux sur le continent : il s’agit des analystes commerciaux, des banquiers d’affaires, des comptables, des spécialistes du service à la clientèle, des professionnels de la publicité, des experts des technologies de l’information et des développeurs de logiciels.
Pour Elsie Kanza, la nécessité de former les jeunes à ces métiers est primordiale: « A-t-on vraiment besoin d’étudier pendant quatre ans lorsqu’on peut acquérir les compétences adéquates pour un emploi en seulement quatre heures ? Nous devons être ouverts aux changements les plus audacieux », a-t-elle déclaré.
Le défi de l’explosion démographique
Zuma, lors de son allocution, a également évoqué les défis posés par la montée des inégalités sur le continent. « En tant que dirigeants, nous n’avons pas trouvé de solutions adéquates pour réduire le fossé entre les riches et les pauvres et pour assurer une croissance inclusive significative. »
Et d’ajouter : « Le fossé entre les pays développés et les pays en développement demeure immense, tout comme celui entre les riches et les pauvres dans de nombreux pays. » Un constat partagé par Elsi Kanza : « Les modèles de croissance du continent ont échoué à rencontrer les attentes des citoyens. »
Pour elle, « beaucoup de dirigeants sont inquiets » de l’explosion démographique africaine. « Pourtant, lorsqu’on discute avec des entrepreneurs, on découvre qu’ils sont exaltés. D’ici 2050, nous allons avoir besoin de 700 millions de nouveaux logements, sans compter les besoins existants. Cette population qui grandit devra se nourrir, se loger… Tout cela offre des opportunités. Il y a peut être de quoi paniquer, mais il y a aussi beaucoup d’excitation. »