Le Joola 10 ans après : Renflouer le bateau, une question de dignité humaine

Le Comité d’initiative pour l’érection d’un mémorial-Musée «Le Joola», qui regroupe des associations des familles de victimes sénégalaises et françaises a énoncé, vendredi à Dakar, une liste de doléances dont la réouverture du dossier judiciaire de cette catastrophe maritime survenue en septembre 2002, au large de la Gambie. C’était au cours d’une conférence de presse tenue, hier


Dans le sillage des préparatifs du dixième anniversaire du naufrage du bateau Le Joola qui avait fait 1 863 morts et 64 rescapés, le comité d’initiative pour l’érection d’un mémorial musée «Le Joola», qui tenait une conférence de presse ce vendredi, a plaidé pour la prise en charge des orphelins au nombre de mille neuf ; ainsi que l’assistance psychologique des rescapés. Dans la même veine, le Comité demande aussi «la publication de la liste officielle des victimes et le renflouement du bateau, pour que justice soit rendue aux 1 863 morts».
D’ailleurs, les membres du Comité ont informé la presse de l’audience que le Premier ministre, Abdoul Mbaye, leur a accordée. «Le Comité a été reçu longuement, hier jeudi 20 septembre, par le Premier ministre. Des échanges de vue très fructueux ont contribué à créer un climat propice à la résolution des problèmes liés au naufrage du Joola», a indiqué Nassardine Aïdara, coordonnateur du Comité. «Toutes les questions ont été abordées : célébration annuelle de l’anniversaire du naufrage, publication de la liste officielle des victimes, renflouement du bateau, prise en charge des orphelins et assistance psychologique des rescapés du Joola, réouverture du dossier judiciaire et la construction d’un mémorial-musée Le Joola», a-t-il expliqué. «Le Premier ministre nous a beaucoup écoutés et nous avons espoir qu’il mettra tout en œuvre pour accompagner les familles des victimes du Joola», s’est-il félicité.
Selon lui, le précédent régime avait «une mainmise sur la justice» et «a tout fait pour que justice ne soit pas rendue». «Maintenant, le pouvoir actuel nous assure qu’il ne fera pas entrave à la justice, si les familles des victimes arrivaient à porter plainte au niveau du Sénégal», rassure-t-il. «Nous ne sommes pas juristes, mais nous allons contacter les juristes, afin qu’ils nous édifient sur ce sujet. Parce que dans la marche d’un pays, quand il y a une catastrophe de cette nature, que les responsabilités soient situées et la justice puisse dire quels étaient les responsables de cette catastrophe, et que ces personnes puissent en rendre compte et, s’il y a des sanctions, que la justice puisse les prendre», poursuit Aïdara.
Concernant le renflouement du bateau, Nadine Verschatse, membre de l’Association des familles de victimes françaises du Joola, affirme que le comité campe sur sa position consistant à demander à «renflouer le bateau». «C’est une question de dignité humaine, car nous ne pouvons pas accepter que nos enfants soient abandonnés... Beaucoup de familles ne peuvent faire le deuil de leurs enfants parce qu’elles pensent que leurs enfants, parents, proches et amis ont été abandonnés au fond des océans», dit-elle. «Nous aimerions que les gouvernements s’en occupent. Aujourd’hui, le financement c’est certes un coût, mais pas un coût exorbitant. On ne peut pas mettre en avant les inondations, les crises, etc. Le fait de laisser un drame impuni n’aide pas les familles à se reconstituer», conclut-elle.
Pour le porte-parole de l’association nationale des familles de victimes du Joola, Boubacar Bâ, le comité ne «va pas lâcher» cette affaire. «Nous n’allons pas abandonner les victimes qui sont là dans le bateau et il faut qu’on les sorte de ce bateau. Nous allons user de tous nos moyens pour faire valoir nos droits. Et l’Etat du Sénégal doit faire la lumière sur cette affaire pour que de pareilles situations ne se reproduisent plus dans le pays», affirme-t-il

Bamba Toure

Dimanche 23 Septembre 2012 14:29

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