Diamniadio a été la cible d’une attaque à mains armées dans la nuit du dimanche 13 à lundi 14 novembre 2022. Un des assaillants a été abattu par la gendarmerie qui a essuyé une forte résistance des auteurs de l’attaque qui visaient des unités industrielles. Diamniadio, ville paisible et symbole de la projection du Sénégal vers l’émergence, ainsi prise d’assaut par des individus armés, le fait n’est pas banal. Et il ne doit pas être banalisé. « Cette attaque est un indicateur de la montée de l’insécurité et de la circulation des armes », analyse un spécialiste du radicalisme au Sahel. Pour lui, l’Etat du Sénégal doit être attentif à la symbolique des lieux attaqués afin de mieux comprendre et cerner les contours de l’incident inhabituel survenu à Diamniadio. Une enquête approfondie devrait permettre de savoir « si c’est l’Etat qui est visé ou bien s’il s’agit d’un cas isolé de banditisme ». Certes la prudence s’impose dans de telles circonstances. Néanmoins, la vigilance doit être de mise. Au regard du contexte sous- régional, l’assaut de Diamniadio peut être considéré comme un signal alarmant. On n’est jamais assez précautionneux dans le domaine de la sécurité et, en la matière, il faut envisager le scénario du pire. Il ne serait pas superfétatoire de partir du postulat suivant : le Sénégal vient de connaître son « 13 Novembre ». Toutes proportions gardées. À côté des industries et des immeubles à usage d’habitation, il ne faut pas perdre de vue que la Plateforme de Diamniadio abrite également des bâtiments publics : sphères ministérielles, stades, centre de conférence, hôtels… Mais il y a aussi et surtout « La Maison des Nations unies au Sénégal » dont les travaux de gros œuvre sont presque achevés. L’inauguration du joyau, initié en 2015 par l’Etat, est prévue dans les prochains mois. La UN House Senegal en Afrique de l’Ouest va abriter les 34 agences du Système des Nations unies présentes sur notre sol. S’ajoute au décor, le passage par-là du Train Express Régional et la proximité avec l’Aéroport international Blaise Diagne. Diamniadio est déjà et sera davantage une ville-carrefour. Qui dit carrefour, dit défis et enjeux multiples. Et la sécurité n’en est pas des moindres. Le Sénégal n’est plus le même pays. Point n’est besoin de nous faire un dessin pour le savoir. L’attirance du pétrole et du gaz dans un contexte international si particulier est à intégrer dans la stratégie sécuritaire du pays et dans la géostratégie sous-régionale. Majors pétroliers et autres puissances étatiques, économiques et financières commencent à renforcer leur présence chez nous. Cet intérêt grandissant pour les ressources pétrolières et gazières sénégalaises, tel l’effet du miel sur les mouches ou du sang sur les fauves, s’accompagne de tout un dispositif de sécurité et de sûreté. Des services de renseignement comme la CIA et ses homologues dans d’autres pays puissants ne sont pas en reste. Qu’en est-il alors de nos Forces de défense et de sécurité ? La réponse va de soi. Nos Fds doivent être renforcées en nombre, en armes et en renseignements pour être prêtes pour le rendez-vous des hydrocarbures. L’enjeu est si stratégique que le doute sur la transparence du contrat passé par le ministère de l’Environnement avec un marchand d’armes peu fréquentable, d’après une enquête journalistique, est plus que dommageable. Vu sous le même angle, le débat sur la notion de « secret-défense » en rapport avec le droit à l’information du public et le devoir d’informer du journaliste, est tout aussi nécessaire. Mais il faut le dire clairement : le débat est mal posé par l’Etat avec l’emprisonnement du journaliste Pape Alé Niang. Ici, même au Sénégal, fin 90-début 2000, police, gendarmerie, armée, magistrats, médias et autres acteurs étatiques et sociaux se sont retrouvés autour de la table pour échanger librement et sereinement sur la notion de « l’information sensible » en Casamance. Ces échanges avaient donné des résultats probants dans le respect de la mission et de la responsabilité de chacun. Remettons-nous autour de la table pour une mise à jour des logiciels ! Libérez Pape Alé Niang ! Après tout, qui peut le plus peut le moins. Mamoudou Ibra KANE