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Le Mali en crise vote pour élire un nouveau président


Le Mali en crise vote pour élire un nouveau président
Les Maliens se rendaient aux urnes dimanche pour élire leur nouveau président, devant choisir entre Ibrahim Boubacar Keïta et Soumaïla Cissé pour sortir leur pays de dix-huit mois d’une grave crisepolitico-militaire.
 
La plupart des bureaux de vote à Bamako ont ouvert comme prévu à 08H00 (locales et GMT) et doivent fermer à 18H00 locales comme dans l’ensemble du pays. Dans certains bureaux visités par l’AFP, peu d’électeurs se pressaient pour voter alors qu’une forte pluie s’abattait sur la capitale malienne.
 
«La pluie veut gâcher notre journée, j’espère que ça va cesser, sinon il faudra prolonger le vote», a déclaré Oumar Touré, un des rares électeurs présents dans un centre de vote installé dans une école du centre-ville.
 
Le Mali est actuellement en pleine saison dite d'«hivernage», caractérisée par de fortes pluies dans le sud du pays.
 
Dans le même bureau de vote, une étudiante, Mariam Kanté constate qu’il n’y a presque personne, alors «qu’au premier tour, à 08H00, il y avait déjà beaucoup de monde». «Il faut que la pluie nous laisse accomplir notre devoir civique, c’est l’avenir du Mali qui est en jeu», a-t-elle ajouté.
 
Un photographe de l’AFP a néanmoins constaté que dans un autre bureau situé en périphérie de Bamako, l’affluence était élevée.
 
Le second tour de la présidentielle de dimanche, deux semaines après un premier tour réussi le 28 juillet en dépit de craintes d’attentats jihadistes, doit rétablir l’ordre constitutionnel interrompu par un coup d’Etat militaire le 22 mars 2012, qui a précipité la chute du nord du pays aux mains de groupes islamistes armés liés à Al-Qaïda.
 
Dans les grandes villes et régions administratives de cette région, Gao, Tombouctou et Kidal, le vote a débuté dans le calme, selon des témoins interrogés par l’AFP depuis Bamako.
 
«Je suis actuellement au centre de vote numéro 4 de Gao et il y a déjà un millier de personnes», a déclaré Ousmane Maïga, d’un collectif de jeunes de la ville, ajoutant: «Il y a un engouement pour ce second tour».
 
A Tessalit, ville de la région de Kidal (extrême nord-est), berceau des Touareg et de leur rébellion où la participation avait été très faible au premier tour, la pluie a provoqué de fortes inondations il y a deux jours et «les opérations de vote commencent timidement», selon une source administrative dans la zone.
 
Deux vétérans de la vie politique au Mali
 
Le scrutin est surveillé par plusieurs centaines d’observateurs nationaux et internationaux et sa sécurité sera assurée par l’armée malienne, les Casques bleus de la Minusma et l’armée française.
 
Les deux candidats en lice, arrivés en tête du premier tour, sont des vétérans de la vie politique malienne: Ibrahim Boubacar Keïta dit IBK, 68 ans, est un ex-Premier ministre, et Soumaïla Cissé surnommé «Soumi», 63 ans, un ex-ministre des Finances et un ancien responsable de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uémoa).
 
IBK, fort de son avance de 20 points (39,79% des voix au premier tour, contre 19,70% pour Cissé), semble largement favori, d’autant qu’il a reçu le soutien de 22 des 25 candidats éliminés au premier tour dont la majorité a obtenu moins de 1% des suffrages.
 
Mais Soumaïla Cissé table sur une mobilisation plus forte encore qu’au premier tour - 48,98%, un taux historique au Mali - et sur une partie de près de 400.000 bulletins déclarés nuls le 28 juillet.
 
La tâche du vainqueur sera rude, car le Mali vient de vivre la plus grave crise de son histoire récente qui a laissé exsangue ce pays de quelque 14 millions d’habitants.
 
Cette sombre période a débuté en janvier 2012 par une offensive de rebelles touareg dans le nord du pays, suivie en mars 2012 par un coup d’Etat qui a renversé le président élu Amadou Toumani Touré, puis de la prise du contrôle du Nord par des groupes criminels et des jihadistes qui ont humilié l’armée et commis de nombreuses exactions avant d’en être chassés en 2013 par une intervention militaire internationale initiée par la France, toujours en cours.
 
Ce conflit a poussé 500.000 personnes à fuir leurs domiciles, il a accentué la pauvreté et ravivé les haines entre les différentes communautés du pays, Touareg et Arabes d’un côté assimilés aux rebelles et aux jihadistes, Noirs majoritaires de l’autre. Le nouveau président devra redresser l’économie du pays et entamer le processus de réconciliation, en particulier avec la minorité Touareg.
 
Les quelques centaines de milliers de Touareg du Mali vivent essentiellement dans le Nord désertique, qui a déjà connu plusieurs rébellions depuis l’indépendance du Mali en 1960: une partie d’entre eux rêve d’indépendance ou au moins d’autonomie.
 

AFP

Dimanche 11 Août 2013 - 11:58





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