Le “Ngalakh” de Pâques : Au-delà d'un plat, un rassembleur


Ce vendredi 25 mars 2016 marque la fin du carême chez les Chrétiens. Au Sénégal, si le poulet est à l'honneur pour la Korité (Aïd El Fitr), le mouton pour la tabaski (Aïd El Kebir) et le couscous pour la Tamkharit (Achoura), l'usage voudrait que nos amis chrétiens concoctent du “Ngalakh” pour marquer le début des fêtes de Pâques et la fin du carême.

Ce plat, à base de mil, de pâte d’arachide et de pain de singe (fruit du baobab) est très apprécié des Sénégalais. Il s'invite pratiquement dans tous les foyers sénégalais. Les familles chrétiennes ne lésinent pas sur les moyens. Ils préparent du “Ngalakh” en très grande quantité pour ensuite l’offrir à leurs amis proches ou voisins de quartier. Des milliers de familles musulmanes sont servis et s'en délectent.

Cette pratique, devenue une tradition, a fini de faire du dialogue islamo-chrétien une réalité au Sénégal. Les chrétiens partagent le mouton de tabaski avec les musulmans. En retour, les musulmans se délectent de “Ngalakh”, concocté avec soin par les chrétiens qui le leur servent avec beaucoup d'amour. Ces petits gestes, loin d'être anodins, brisent les clivages et raffermissent les liens d’amitié et de fraternité qu’entretiennent depuis très longtemps les deux communautés.

Ce partage oblige chacune des deux communautés à respecter les autres dans leurs croyances et leur différence. L'islamologue à l’institut islamique de Dakar, Abibou Kâ, qu'on ferait même mieux de ne plus parler de dialogue islamo-chrétien.

Au Sénégal, chrétiens et musulmans sont devenus membres d'une même famille. «Le fait qui mérite d’être souligné pour montrer que Chrétiens et musulmans socialement peuvent vivre dans une parfaite entente sans même parler de dialogue islamo-chrétien, c’est le mot famille. Car le Sénégal n’a pas eu besoin de dialogue pour choisir Léopold Sédar Senghor comme premier Président de la République. Et le Sénégal n’aura pas besoin de dialogue car dans des familles au Sénégal, il y a des chrétiens et musulmans qui sont frères et sœurs. C’est pour cela que lors des fêtes, vous ne savez pas qui est chrétien et qui est musulman. C’est cela la beauté sociale du Sénégal», déclare l'islamologue Abibou Kâ.


Vendredi 25 Mars 2016 13:57

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